Expliquer et rassurer. Le premier ministre reçoit lundi et mardi, un par un, les partenaires sociaux.
Lundi matin, il a commencé par s'attacher à rassurer le premier des syndicats réformistes, à savoir
la CFDT. Il a assuré aux dirigeants de l'influente organisation lors d'un entretien lundi matin à
Matignon que la durée de cotisation ne sera pas allongée avant 2020 et que les pensions
des retraités ne seront pas touchées. «Nous sommes rassurés sur un certain nombre de
propositions, a affirmé le secrétaire général du syndicat, Laurent Berger, à l'issue de son entretien
avec le premier ministre. Il nous a aussi dit qu'il n'y aurait pas de baisse des pensions ni
de gel des pensions». «Nous ne voulons pas que la durée de cotisation (qui sera augmentée
au-delà de 2020, NDLR) augmente au-delà de 43 ans», contre 41,5 aujourd'hui, a-t-il prévenu.
La CDFT contre une hausse de la CSG
Le gouvernement a également réussi à rassurer le patronat. Au sortir d'un entretien avec le
premier ministre, le président du Medef, Pierre Gattaz, s'est en effet félicité d'avoir obtenu
«une ouverture intéressante» s'agissant de la baisse du coût du travail. Aux yeux du Medef,
seule une baisse «significative», au-delà du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) déjà
adopté par le gouvernement, pourrait en effet faire passer la pilule d'une hausse des cotisations
de l'ordre de plusieurs dizaines de point pour financer les retraites. L'une des pistes évoquées,
dans le cadre de cette réflexion, serait de supprimer les cotisations sociales versées par les
entreprises pour financer les allocations familiales, soit 34 milliards d'euros. La politique familiale
serait alors financée «par d'autres moyens».
Alors que rien n'est officiellement arbitré à cette heure, la CFDT a de son côté réaffirmé son
opposition à une hausse de la CSG. «Nous aurons besoin de cette ressource pour la réforme
à venir de l'autonomie», a indiqué Laurent Berger. Idem du côté de la CGPME, sauf si c'est
pour aligner le taux de CSG des retraités, à ce jour inférieur, sur celui des actifs. «Si on aligne
(le taux de) la CSG entre les actifs (7,5%) et les retraités (6,6%), je peux l'accepter, c'est une
concession que je peux faire», a déclaré Jean-François Roubaud, président de la CGPME,
à la suite d'un entretien avec Jean-Marc Ayrault.
La piste de la hausse de la CSG n'a pas été écartée. Bien au contraire. Selon la CGT, le
gouvernement continue de travailler à cette hypothèse, comme à l'augmentation des cotisations
salariales et patronales. «C'est une hypothèse, ça reste une hypothèse. Depuis le début, ça
reste une hypothèse du gouvernement», a affirmé Thierry Lepaon, le secrétaire général de la
CGT, qui a confirmé son appel à manifester le 10 septembre. «Aucune des solutions évoquées
par le gouvernement n'est de nature à rassurer les salariés», explique-t-il.
La CFDT souligne aussi que la logique du régime de retraite, contributif, doit être financée
par les cotisations salariales et patronales. «Je cotise, je reçois», a-t-il résumé. «Mais nous
ne voulons pas de hausse massive, pour ne pas pénaliser la consommation ni grever la
compétitivité», a précisé Laurent Berger. «Une augmentation des cotisations, ce n'est jamais
une bonne nouvelle», a-t-il regretté.
Au chapitre des contreparties de la réforme, le premier ministre a indiqué à la CFDT que
toutes les périodes de travail des apprentis seront comptabilisées pour la retraite. D'autre part,
le seuil minimal pour valider une année de cotisation, actuellement de 800 heures de smic, serait abaissé à 600 heures.