L'ESSENTIEL - Sous une marée de drapeaux roses et bleus, vêtements de même couleur, le tout à l’effigie de la «Manif pour tous», des dizaines de milliers de manifestants venus de toute la France, soutenus par une puissante sono, disent «non» au mariage homosexuel, défilant en trois cortèges avec le soutien de l’Eglise et la participation de nombreux responsables UMP et FN.
L’organisateur de l’événement, le collectif «La Manif pour tous», avait rassemblé 100.000 personnes contre le projet le 17 novembre. La police attend entre 150.000 et 300.000 participants. Alors qu’un quatrième cortège est emmené par Civitas, le collectif a prévenu samedi qu’il refusait tout «amalgame» avec cette organisation catholique intégriste Civitas.
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16h50. Frigide Barjot est à la tribune. «Ce n’est pas la droite réac ou catho contre les autres», lance-t-elle, avant de laisser la parole aux «Poissons roses», des militants opposés au mariage pour tous qui se déclarent de gauche. Un jeune homme blond, bien mis, qui écoute le discours dans la foule, s'énerve un peu. «Elle est pédée Frigide: ce n’est pas la "droite catho et réac". On a pas le droit d’exister?»
16h30. Les premiers manifestants venant de Denfert-Rochereau arrivent au Champ de Mars. Luigi, 21 ans, tient fièrement un drapeau breton, même s'il est «auvergnat, mais on me l'a refilé». Membre des Identitaires, un groupe d'extrême droite, il est venu défendre une «institution européenne, civilisationnelle». «Si on adopte le mariage pour tous, ça sera une preuve de déclin de notre civilisation», prévient-il.
16h15. Bloqués place Pinel, le cortège emmenée par l’association catholique intégriste Civitas part vers la Place d’Italie. En attendant, des familles nombreuses, en parka à losange, kilts, venus avec leurs poussettes, certains chapelets à la main, se réchauffent en récitant des «Je vous salue Marie» et des «Notre père» ou en chantant Gloria in excelsis deo. Les associations anti-avortement distribuent des tracts. Devançant le cortège piqué de drapeaux figurant des cœurs du Christ ou des fleurs de lys, la police demande aux cafés de baisser les rideaux: «Il y a les extrémistes qui arrivent.» Au micro, un membre de civitas clame: «Horreur que ces unions illégitimes contre nature.» Et explique: «La pratique de l’homosexualité est un mal. Les personnes marquées par des comportements désordonnés sont appelés à un chemin de sanctification. (…) Si nous ne prions pas pour eux, si nous ne prions que pour nous, amis, où est la charité?»
Plusieurs groupes de jeunes portent sur leur manteau: «avortement+mariage homo = euthanazi», «L’Etat français a le regret de vous faire part du décès de la famille», «cathos mais pas barjots» ou «la famille, c’est sacré, il faut la respecter».
Une femme prie dans le cortège de Civitas (crédit: AFP)
16h15. Christine Boutin, interrogée par BFM TV, demande à François Hollande de «retirer ce texte qui déstructure notre société» ou, au moins de convoquer un référendum sur le mariage pour les couples homosexuels. «Si les Français ne sont pas consultés, les tensions seront vives dans notre pays», avertit l’égérie anti-pacs de 1999 qui promet: «Nous ne baisserons pas les bras».
16h10. Champ-de-Mars, au micro, des homosexuels opposés au mariage pour tous expliquent que «cette manif n’est pas homophobe ». Succès garanti dans la foule.
«Les gens sont trop calmes, il n’y a pas de vrai meneur, pas trop de jeunes non plus, avoue Guillaume, 20 ans. On ne va pas se mentir, c’est parce que la majorité, ici, est à droite et n’a pas l’habitude de défiler.»
16 heures. Boulevard Pasteur, un petit drapeau arc-en-ciel, symbole de La communauté LGBT, a été accroché à un balcon. Les manifestants l’aperçoivent et le huent copieusement. Puis ils reprennent un slogan de plus en plus à la mode: «François, on a froid mais on en veut pas de ta loi». Un peu plus loin, une animatrice chantonne sur l’air «d’il était une bergère», «il était un projet qui risquait de modifier toute la société, il faut donc
le retirer. Un homme, une femme, c’est fait pour se marier et faire des bébés.»
Inlassablement, les organisateurs rappellent «qu’il faut s’espacer et ne pas aller sur les trottoirs pour le comptage».
15h50. En toge, vingt deux jeunes filles déguisées en «Marianne», façon Miss France, sont remerciées sur la scène montée sur le Champ-de-Mars: «Elles ont eu froid!» Au micro, un animateur interpelle les régions, l'une après l'autre: «Est-ce que la Bretagne est là?»
15h15. Quelque 5.000 personnes selon les organisateurs, 1.800 selon la police, ont manifesté à Saint-Denis de La Réunion contre le mariage homosexuel, à l’appel d’un collectif soutenu par l'évêque. L'église y était fortement représentée avec la présence de l'évêque de la Réunion, Mgr Gilbert Aubry et une dizaine de prêtres en soutane qui ont défilé aux côtés de plusieurs maires de droite.
15h35. Sur la scène du Champ-de-Mars, Tugdual Derville, l'un des porte-parole de l'événement, est acclamé. Alors que tous les cortèges n'ont pas encore atteint le point d'arrivée de la manifestation, le collectif alterne morceaux de musique, spectacles et discours.
15h30. «Le Parti socialiste ira jusqu’au bout de la grande réforme de progrès voulue par les Français», prévient le premier secrétaire Harlem Désir, dans un communiqué. L’eurodéputé «déplore que cette manifestation soit l’occasion pour la droite et l’extrême droite de réaliser une alliance de fait en se retrouvant sous un même mot d’ordre d’intolérance».
15h15. Les huit commandements de la Manif pour tous. À la sortie des bouches de métro, des militants distribuent des tracts avec huit «consignes» symbole d’un événement ultra préparé et encadré. Il est notamment interdit de distribuer des «tracts autres que ceux de la manif pour tous» et les associations qui défilent ne «peuvent afficher leur logo propre». «Les slogans de nature politique ou mettant en cause des personnes» sont proscrits et «en cas de kiss-in ou de provocation, restez bienveillant, souriez et embrassez votre chéri(e)!»
14h50. Le départ de la manifestation organisée par Civitas, proche des catholiques intégristes est retardé pour éviter tout amalgame avec la Manif pour tous. Place Pinel (XIIIe arrondissement de Paris), plus d’un millier de personnes attendent. La présence de cet institut controversé en queue de cortège a été critiquée par les porte-parole. «Les gens qui viennent ici veulent donner un message de vérité, faire entendre au gouvernement que dans toutes les strates de la population il y a un refus net et catégorique de ce projet de loi qui défigure la famille», souligne Alain Escada, président de Civitas.
Des membres du Parti pour la France, de l’Alliance royale et un groupe d’identitaires des Jeunesses nationalistes accompagnés par Yvan Benedetti, ancien cadre du FN et cadre de l’Oeuvre française, étaient présents.
14h45. L'essentiel du cortège parti de la place d'Italie remonte désormais le boulevard Port-Royal qui semble plus clairsemé que l'avenue des Gobelins. La sono relance sans cesse les manifestants qui ne crient pas assez fort: «François, ta loi, on n'en veut pas», «touche pas à mon code civil» ou «Papa, maman». Deux lycéennes de 17 ans, Capucine et Victoria, venues de Chantilly, se désolent de ne «pas voir plus de jeunes».
14h45. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, estime, sur Canal+, qu'il y a «sans doute moins de manifestants que ne l’espéraient les organisateurs». En charge de la famille, elle ajoute qu'il faut «entendre, écouter» l’opposition à ce projet de loi, qui sera examiné à partir du 29 janvier à l’Assemblée nationale. Tout en déplorant que certains manifestants «dérapent», Touraine assure qu’elle «respecte l’ensemble des positions». «Pour autant, le gouvernement l’avait annoncé à l’occasion de son programme, c’est un engagement du président de la République. Il s’agit de faire faire une avancée très considérable à notre société en reconnaissant l'égalité de tous.»
14h40. «Pour faire un haut savoyard, il faut un papa+une maman» ou «je suis un père pas un parent A», peut-on lire sur des banderoles.
14h30. Croisée place du Trocadéro, Colette, «âge canonique», versaillaise à la retraite, accuse le gouvernement de vouloir, par ce projet de loi, «faire plaisir aux 5000 homosexuels de France». Béatrice et Brigitte, retraitées de région parisienne, font une pause sur un banc. Thermos de café à la main, elles disent être opposées au texte «pour des raisons de société. Sur ce, on vous laisse, nous avons reçu des consignes, nous ne devons pas parler aux médias…» Pendant ce temps dans le cortège, les manifestants clament «Hollande, Hollande, va t’marier».
14h10. Une femme en rose dessinée sur la joue droite, un homme en bleu sur la joue gauche, Marie, 25 ans, participe à l’encadrement de la manifestation. Prof de français dans un établissement public de Seine-Saint-Denis, elle souhaite défendre «un cadre juridique hérité de nos parents et dans lequel nous avons construit nos vies». Bénévole, elle dit n’appartenir à aucune association et s'être mobilisée après avoir écouté des «points de vue à la télé ou sur RMC». «Le mariage ce n’est pas seulement une histoire d’amour, c’est aussi une question de filiation», juge-t-elle.
14h25. A Denfert-Rochereau, la foule peine à partir alors que certains cortèges arrivent déjà au Champ de Mars. «Vous avez attendu longtemps, c’est normal, nous sommes beaucoup plus que ce que nous attendions» se réjouit la speakerine. «On est en retard car on est hyperdébordés», explique Brigitte, 56 ans, membre de l’organisation.
13h50. Frigide Barjot, l'une des porte-parole du collectif La Manif pour tous, annonce qu'elle fera dans l'après-midi une mise au point, après le dérapage d'un organisateur de la manifestation de ce dimanche. Peu avant le départ du cortège, Xavier Bongibault, interrogé par BFM TV, affirme: «On nous explique en permanence que les homosexuels sont pour ce projet de loi parce qu’ils sont homosexuels. C’est une logique choquante et homophobe de la part de ce gouvernement. C’est dire que tous les homosexuels n’ont pour seul instinct que leur instinct homosexuel. C’est la logique qui était déjà défendue par un homme que l’Allemagne a bien connu à partir de 1933. Et c’est la ligne que François Hollande soutient aujourd’hui.» Par la suite, le jeune militant reconnaît avoir eu «des propos emportés.»
13h30. Florilège de slogans entendus dans le cortège parti de Place d'Italie: «Zéro papa ça le fait pas, zéro maman c'est déprimant», «la différence c'est la clé de l'existence», «on ne veut pas du genre, on veut du sexe!», «on n'est pas des parents A, on n'est pas des parents B». «Non à la loi Taubira», crient les manifestants, plutôt âgés ou venus en famille, qui commencent à descendre l'avenue des Gobelins, tandis que la sono diffuse la chanson Bellaciao. «Euh, c'est qui Taubira?», glisse l'un d'eux.
13h25. Poussé par la musique «Raspoutine the russian sex machine», le cortège partant de Denfert-Rochereau se met doucement en branle. Les manifestants brandissent des milliers de drapeaux roses «un Mariage pour tous». Pas de place pour l’improvisation: les slogans sur les pancartes, distribuées en amont ou à la sortie du RER, sont toujours les mêmes: «Made in Papa + Maman», «mariageophile pas homophobe», «y a pas d’ovules dans les testicules».
L’organisation appelle plusieurs fois à «laisser les trottoirs vides» et à «s’espacer» pour que les estimations de la police sur le nombre de manifestants soient les plus hautes possibles.
13 heures. Alors que plusieurs responsables FN (dont Bruno Gollnisch, Marion Maréchal-Le Pen et Louis Aliot) défilent à Paris, Marine Le Pen n’est pas dans le cortège parisien. La présidente du parti d’extrême droite, en déplacement dans le Tarn, explique qu’elle veut ainsi dénoncer une «tentative de diversion» de la classe politique au détriment des vrais problèmes des Français. «C’est le rôle d’un responsable politique que d’avoir le courage et la lucidité d’expliquer aux Français les pièges dans lesquels on cherche à les faire tomber», tente-t-elle.
L'eurodéputé (FN) Bruno Gollnisch «regrette» l’absence de la patronne frontiste Marion Maréchal-Le Pen reconnaît que son parti a «ménagé la chèvre et le chou».
Le cortège rassemblant plusieurs milliers de manifestants avec le FN, a pris le départ Porte-Maillot, vers 12H45. En tête, une cinquantaine d'élus de l'ouest clament «un père, une mère c'est élementaire».
13h15. Place d'Italie, le président de l'UMP, Jean-François Copé, proteste contre un «projet de loi imposé, qui n'a pas donné lieu suffisamment à débat et divise profondément les Français au moment où on devrait être rassemblé.»
13 heures. «Nos ventres ne sont pas des caddies», indique une pancarte, avenue Foch, dans un amalgame avec la gestation pour autrui (GPA) qui ne figure pas dans le projet de loi et n'est pas autorisée en France. «Taubira t'es foutu, les enfants sont dans la rue!», clament des manifestants.
12h30. Des dizaines de milliers de manifestants convergent vers les différents points de départ de la manifestation contre le mariage homosexuel.
- Place Denfert-Rochereau, dans le XIVe arrondissement, où se trouvent les principaux porte-parole de la «Manif pour tous», la foule de quelques milliers de personnes est éparpillée dans plusieurs rues.
- Près de la place d’Italie (XIIIe), des élus UMP sont réunis derrière une banderole «Tous gardiens du code civil». Quelques centaines de personnes sont rassemblés sur la place. Sur le camion sono, une banderole «tous nés d’un homme et d’une femme».
- Porte-Maillot (XVIIe), l’affluence reste modeste. A proximité, avenue Foch, plusieurs centaines de personnes attendent le départ, sur fond de musique électro branchée.
Place Denfert-Rochereau (Crédit: AFP)
12h30. Frigide Barjot, porte-parole de «la Manif pour tous», veut assurer aux homosexuels «qu’ils n’ont pas à être blessés par la démarche [des manifestants] parce que nous les aimons et que ce n’est pas du tout contre eux que nous sommes en train d’agir». Elle dénonce un projet de loi qui va «changer la conception de l'être humain.»
12h10. L'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, se rend à Denfert-Rochereau pour manifester son «soutien et [ses] encouragements» aux organisateurs de la manifestation. Il souhaite que «les Français puissent dire ce qu'ils pensent vraiment» et que le gouvernement puisse «trouver d'autres formules».
11h50. Le socialiste Jean-Christophe Cambadélis reproche justement à l’archevêque de Paris de mener «un combat douteux contre l’amour». «Monsieur André Vingt-Trois dit qu’il y a une "police de la pensée" au niveau de la République, je trouve que ceci est excessif, incompréhensible. Il m’a semblé que l’Eglise devait rassembler ses ouailles et non pas les diviser», réplique le député de Paris, invité du Forum Radio J.
11 heures. Grâce au décalage horaire, le top départ symbolique est donné à Saint-Denis de la Réunion avec un rassemblement à 14 heures locales.
10 heures. 115 parlementaires signent un appel lancé par le député (UMP) Henri Guaino en faveur d'un référendum sur le mariage homosexuel. Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et Valérie Pécresse figurent dans cette liste publiée par le JDD.fr, ainsi que des centristes, mais pas Jean-François Copé et François Fillon. Les signataires souhaitent que «chaque Français puisse peser toutes les conséquences et se prononcer en conscience après qu'il y ait eu un vrai débat dans le pays». D'après l'article 11 de la Constitution, le président de la République peut décider d'organiser, sur proposition du gouvernement ou du Parlement, un référendum sur l'organisation des pouvoirs publics, des réformes économiques, sociales ou environnementales ou relatives aux services publics. Les questions de société ne sont pas explicitement concernées.
9 heures. 56% des Français sont favorables au mariage pour les couples homosexuels, mais 50% s'opposent à l'ouverture de l'adoption pour ces couples, selon un sondage de l'institut LH2 pour le Nouvel Observateur. La proportion des sondés favorables au mariage pour tous recule de deux points par rapport à octobre, tandis que les opinions favorables à un droit pour les homosexuels à adopter des enfants «reculent significativement».
Sondage réalisé par LH2 les 11 et 12 janvier par téléphone auprès de 953 personnes, représentatives de la population française, de 18 ans et plus (méthode des quotas).