• <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    Harcèlement scolaire : l'école entre timidement en campagne

    Le Monde.fr | <time datetime="2013-11-27T18:34:15+01:00" itemprop="datePublished">27.11.2013 à 18h34</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-11-27T18:42:45+01:00" itemprop="dateModified">27.11.2013 à 18h42</time> | Par

    lien 

    Partager google + linkedin pinterest

    <figure class="illustration_haut">

    Le ministre de l'éducation, Vincent Peillon.

    </figure>

    « Briser la loi du silence ». C'est l'objectif des huit mesures au cœur de la campagne Agir contre le harcèlement à l'école, dévoilée mardi 26 novembre par le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon. Une campagne qui vise à poursuivre et approfondir les acquis de la précédente – la première en la matière –, initiée en janvier 2012 par Luc Chatel après des assises sur ce thème en 2011. « Mais il manquait la deuxième partie, c'est-à-dire les outils, les moyens de prise en charge et, en particulier, de formation des personnels », estime le ministre socialiste. Ce qu'il annonce « mettre en place aujourd'hui ».

    Ces outils reprennent surtout ceux qui existaient déjà : site internet, rénové, avec des ressources et des conseils aux élèves victimes, aux familles et aux témoins, numéro vert d'assistance (implémenté en 2009 par la Commission européenne), partenariat entre l'association e-Enfance et Facebook (depuis 2011) pour intervenir dans les classes à propos du cyberharcèlement – et parfois bloquer les comptes des harceleurs –, ou encore clips vidéo de sensibilisation. Cette fois avec deux personnalités, Chimène Badi et Christophe Lemaitre.

    Lire : «  Peillon lance une campagne contre le harcèlement scolaire »

    « ON EST ALLÉ BEAUCOUP PLUS LOIN »

    « C'est que c'est plus qu'une campagne à proprement parler, on est allé beaucoup plus loin », estime Eric Debarbieux, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, un poste créé il y a tout juste un an – façon, pour l'éducation nationale, de « reconnaître qu'il faut mener une action spécifique contre les violences scolaires, et [de] se doter des moyens de le faire », avait alors déclaré Vincent Peillon.

    Une nouveauté : un programme de formation à l’Ecole supérieure de l’éducation nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche (Esen) impliquant, sur trois ans, 500 professionnels pouvant être confrontés au problème du harcèlement scolaire : référents académiques et départementaux « harcèlement », personnels sociaux et de santé, référents « gestion de classe », membres des équipes mobiles de sécurité. Mais face à 12 millions d'écoliers, le chiffre peut toutefois sembler dérisoire.

    Le ministère lui-même estime que « 10 % des écoliers et des collégiens rencontrent des problèmes de harcèlement et que 6 à 7 % d'entre eux subissent un harcèlement que l'on peut qualifier de sévère à très sévère ». Aussi louables soient les objectifs de ces campagnes de sensibilisation et de prévention, ces chiffres alarmants posent donc la question de leur efficacité face à un phénomène insidieux amplifié par les réseaux sociaux.

    UNE CAMPAGNE « CRUELLEMENT IRONIQUE » POUR CERTAINS

    Quand le 6 janvier 2012, Luc Chatel, alors ministre de l'éducation nationale, dévoile sa campagne, il souhaite « lever le tabou » sur « cette forme de violence à bas bruit aux conséquences parfois dramatiques et irréversibles » après le suicide, trois jours plus tôt, de Pauline, une collégienne de 12 ans harcelée par ses camarades. Malgré l'espoir alors formulé par la mère de la victime que des mesures ambitieuses soient votées afin d'éviter qu'un tel drame ne se reproduise, l'histoire se répète avec – entre autres incidents – un nouveau suicide, le 13 février 2013, celui de Marion, une collégienne de 13 ans harcelée verbalement et physiquement sans relâche par ses « camarades ».

    Avec une différence notable : cette fois, les parents ont décidé de porter plainte contre l'éducation nationale. « Pour les autres enfants (...). Et puis c'est très difficile de faire face à ce silence, à ce mépris de l'éducation nationale », pointe la mère de Marion, Nora Fraisse, à l'antenne d'Europe 1. Sollicité par le Monde.fr, l'avocat de la famille de Marion, Me David Père, explique qu'il est « cruellement ironique que l'éducation nationale propose cette campagne aujourd'hui alors que les trois courriers envoyés à Vincent Peillon, pour demander une enquête administrative ayant vocation à éviter d'autres drames, sont restés lettre morte, aucune réponse ni accusé de réception ».

    RECONNAITRE LE HARCÈLEMENT DANS LE CADRE SCOLAIRE COMME UN DÉLIT

    L'avocat regrette « une campagne politicienne, certes pleine de bons sentiments », mais qui évite de poser le vrai problème : « Il faut que des sanctions pénales appropriées visent ce délit-là dans le cadre scolaire. » D'un point de vue pénal, en effet, le harcèlement n'existe pas en milieu scolaire, mais seulement dans le cadre du travail et au sein du couple. « Certes, le droit pénal n'est pas une solution à tout, mais il faut la création d'un délit qui réprime pénalement le harcèlement à l'école », insiste Me Père.

    Interrogé sur ce point, Eric Debardieux rappelle que le « cadre législatif obligeant de prendre en charge le harcèlement à l'école existe d'une certaine façon avec la loi de refondation de l'école du 8 juillet 2013 ». La campagne d'aujourd'hui est donc « complémentaire », puisqu'elle permet de « sensibiliser l'opinion publique et de former des professionnels qui peuvent être confrontés au problème ».

    « Malheureusement, ces drames continueront d'exister », consent Eric Debardieux, qui rappelle qu'« on ne parle du problème que depuis trois ans. Cette campagne va beaucoup plus loin que la précédente, ce n'est pas un “coup médiatique”, c'est une immense avancée dans la lutte contre le harcèlement à l'école ». Directeur de l'Observatoire international de la violence à l'école (OIVE), M. Debarbieux présidait le conseil scientifique des états généraux de la sécurité à l'école (avril 2010) organisés par Luc Chatel : « C'est un travail de long terme, les Finlandais ont mis quinze ans pour diviser le harcèlement scolaire par trois. »

    UNE LUTTE CONTRE LE « CYBERHARCÈLEMENT » ENCORE BALBUTIANTE

    Au-delà de la sensibilisation du grand public, la lutte contre le « cyberharcèlement » (harcèlement en ligne) se veut le fer de lance de l'actuelle campagne à l'heure où 40 % des élèves français disent avoir subi une agression en ligne. En mai 2011, Luc Chatel avait annoncé un partenariat en « direct » entre l'éducation nationale et Facebook pour lutter contre le cyberharcèlement et faire fermer les comptes des agresseurs. Il s'agit en réalité d'un partenariat qui passe par l'association e-Enfance – agréée par le ministère sur le sujet du numérique à l'école.

    Le partenariat est toujours d'actualité et la directrice de l'association, Justine Atlan, fait état d'« une cinquantaine de fermetures de comptes » en partenariat avec Facebook depuis deux ans. Si le chiffre peut paraitre faible, Justine Atlan explique qu'e-Enfance n'intervient auprès du réseau social que dans les cas les plus graves où, malgré plusieurs avertissements de Facebook après un signalement d'abus de la part de la victime par la voie classique, le harceleur continue.

    La nouvelle campagne reprend aussi l'idée d'un « guide de prévention du cyberharcèlement », qui existait déjà sous Luc Chatel. Une réponse qui peut paraitre timide pour un enjeu mis au cœur de la campagne. « Mais le problème du cyberharcèlement, c'est qu'il ne relève pas vraiment de l'éducation nationale. C'est une problématique à cheval entre les domaines privé et public. Les élèves ne sont pas censés avoir de smartphones dans l'enceinte de l'école », souligne Justine Atlan.   L'éducation nationale ne peut donc pas faire beaucoup plus que de donner les informations et mettre à disposition des acteurs, comme nos intervenants, pour en parler dans les classes ».

    En terme de financement de la campagne, Eric Debarbieux n'a pas donné de chiffres, parlant d'une initiative « largement financée par la Maïf, la MAE et la Fondation de France », mais qui a surtout mobilisée « beaucoup de bénévoles, dont Chimène Badi et Christophe Lemaitre ».

    </article>

    votre commentaire
  • Près d'un enfant sur trois mange devant un écran avant ses 3 ans !


    mardi 26 novembre 2013     lien

     

    Près d'un tiers des enfants de moins de 3 ans prennent leur repas devant un écran, selon la dernière édition de l'enquête Nutri-Bébé SFAE, qui porte sur les comportements alimentaires des 0-3 ans.

     Avant 3 ans, l'alimentation du bébé reste spécifique

    Bébé, souvent considéré à tort comme un adulte en miniature au moment des repas. 

    Globalement, les conseils nutritionnels délivrés par les pédiatres et les autorités de santé sont bien suivis au cours de la première année de vie de bébé, puis on observe une sorte de lâcher-prise de la part des parents, qui se mettent à le traiter comme un "grand", tout du moins sur le plan alimentaire.

    Des conseils alimentaires suivis... jusqu'à 1 an
    Chez les moins de 1 an, au contraire, les recommandations nutritionnelles sont de mieux en mieux suivies, avec le recul du passage au lait 2ème âge à 6 mois (contre 4 auparavant), le développement de la consommation du lait de croissance (même si celle-ci reste largement minoritaire par rapport au lait de vache), l'abandon des "jus végétaux" (laits de soja, d'amande...) impropres à l'alimentation des bébés...

    C'est surtout après que les choses se compliquent. Très souvent, les enfants de 24 mois intègrent la table du reste de la famille. Si c'est une bonne chose pour le développement relationnel de l'enfant, il faudrait néanmoins veiller à lui donner un repas spécifique, adapté à son jeune âge. Or, comme le souligne le Pr Jean-Pierre Corbeau, les deux-tiers des mères (cas ce sont encore les mères qui, dans une écrasante majorité -98 % !- donnent le repas à leurs enfants) servent les mêmes plats qu'au reste de la famille.

    Cela se traduit très souvent par des apports excessifs en protéines, en sel, en sucres, et insuffisants en "bons" acides gras. Or, avant l'âge de 3 ans, les protéines données en excès fatiguent les reins et pourraient favoriser le développement ultérieur du surpoids. Quant au sel, il sollicite les reins et pourrait prédisposer au développement ultérieur d'une hypertension artérielle et habituer au goût salé. En abandonnant trop tôt (avant les 3 ans de l'enfant) le lait de croissance au profit du lait de vache, qui plus est ½ écrémé, les parents privent leur enfant d'un produit qui leur est parfaitement adapté avec des teneurs 20 à 30 fois plus riches en fer, 2 fois moins riches en protéines, plus riches en acides gras essentiels, 2 à 3 fois moindres en sel, et plus importantes en vitamines A, D, E et C et en zinc.

    L'étude montre par ailleurs qu'un tiers des enfants de moins de 3 ans consomment une fois par semaine des frites, ce qui va à l'encontre des recommandations nutritionnelles pour cette tranche d'âge. De même, encore trop d'enfants consomment des jus de fruits sucrés et des sirops (13 % en consomment quotidiennement à 3 ans) ou sodas (40 % des moins de 2 ans en ont déjà consommé et 23 % le font de manière hebdomadaire). A cet âge, c'est pourtant l'eau pure qui, en dehors du lait, doit être la seule boisson.

    Les pères très peu investis
    Au-delà des aliments eux-mêmes, c'est le comportement des parents qui est pointé du doigt dans l'étude. En effet, 15 % des bébés de 15 jours à 3 mois prennent leur repas devant un écran, un phénomène qui ne fait qu'augmenter avec l'âge pour atteindre 29 % des 0-3 ans ! Outre le fait qu'installer l'enfant devant un écran pendant son repas ne favorise pas les interactions avec les autres membres de la famille, cela l'empêche d'analyser ses perceptions (goût, odeur, toucher...), met en garde le Pr Corbeau.

    Enfin, sans être laxistes, les parents insistent moins si leur enfant refuse un aliment, voulant que le moment du repas reste celui du plaisir et de la complicité. Environ un tiers d'entre eux vont proposer de nouveau l'aliment à l'enfant au cours des repas suivants. S'ils sont plus nombreux à prendre le congé parental (13 % en 2013 contre 5 % en 2005), les pères restent toutefois très minoritaires lorsqu'il s'agit de nourrir leur bébé : seuls 2 % des pères s'investissent dans cette tâche !

    Amélie Pelletier

    Source
    "Comment sont nourris nos bébés en 2013 ?", Résultats de l'étude Nutri-Bébé SFAE 2013 - Dossier de presse, 26 novembre 2013.


    votre commentaire
  • Libération : la direction veut baisser les salaires

    • Home ECONOMIE Flash Eco
      • Par ,
      • Mis à jour <time data-ago="il y a 2 heures" data-original="le 26/11/2013 à 20:44" datetime="2013-11-26T20:44:50+01:00" itemprop="dateModified">le 26/11/2013 à 20:44</time>
      • Publié <time data-ago="il y a 2 heures" data-original="le 26/11/2013 à 20:03" datetime="2013-11-26T20:03:04+01:00" itemprop="datePublished">le 26/11/2013 à 20:03</time>
      • lien
     

    La perspective de renégociation des accords sociaux, demandée par les actionnaires de Libération au nom de la sauvegarde de l'emploi, ne semble pas passer dans l'entreprise.

    Réunis mardi matin en assemblée générale, au lendemain de l'annonce d'un plan d'économies de 3 à 4 millions d'euros, les journalistes du quotidien ont décidé de voter une motion de défiance à l'encontre du directeur de la publication, Nicolas Demorand, et du coprésident du directoire, Philippe Nicolas. Les équipes l'ont adoptée à 89,9% des voix.

    Les salariés réclament purement et simplement les départs de Nicolas Demorand et de Philippe Nicolas. Ils s'insurgent notamment contre leur volonté de réduire la masse salariale de 10%, de façon modulée en fonction des niveaux de salaires. Selon les syndicats, le plan présenté prévoit "2 millions d'euros sur la masse salariale" qui s'élève au total à 21 millions par an. Les salariés exigent « la mise en place d'un vrai projet de développement (Â…) et d'un plan d'économies légale et crédible ». Le plan proposé serait illégal, selon les syndicats. « On nous demande de renoncer à partir en cas de baisse de salaire », dénonce un salarié.

    Ce n'est pas la première fois que Nicolas Demorand est dans le viseur de ses salariés. Déjà, en juin 2011, il avait essuyé une motion de défiance qui avait été adoptée à 78 % alors qu'il était directeur de la rédaction. A l'époque, les salariés s'étaient mobilisés contre des suppressions de postes. Nicolas Demorand, à qui l'on reprochait aussi de cumuler les casquettes de directeur de la rédaction et coprésident du directoire, a laissé l'été dernier sa place à la tête de la rédaction à Fabrice Rousselot.


    votre commentaire
  • Dernière modification : 22/11/2013 

    lien 


    En images : les visages de la pauvreté dans les campagnes françaises

    En images : les visages de la pauvreté dans les campagnes françaises
    © Alain Keler / Myop

    Parce que la pauvreté en milieu rural est aussi silencieuse que méconnue en France, l'agence Myop, missionnée par le Secours catholique, lui a donné un visage. Ou plutôt des visages et des voix réunis dans l'exposition "Oubliés de nos campagnes".

    Par Sarah LEDUC (texte)
     

    "On cache sa misère à la campagne. En ville non. Parce que le regard des autres, il n’est pas joli par ici !" Claire donne le ton. Cette femme de 56 ans est l’un des personnages poignants de l'exposition "Oubliés de nos campagnes".

    Face à la pauvreté dans le milieu rural français, aussi invisible que méconnue, le Secours catholique-Caritas a sonné le signal d’alarme et fait appel aux yeux de Myop. L’agence a envoyé, pendant plusieurs semaines, cinq photographes sillonner la France jusque dans ses recoins les plus reculés pour y documenter la précarité et casser au passage une vision idéalisée de la campagne. 

    "Il y a beaucoup de fantasmes sur la campagne en France, explique à FRANCE 24 Lionel Charrier, directeur et co-fondateur de Myop. On l’associe souvent à une forme de nostalgie, de bien-être, de mode de vie choisi. Mais ce n’est pas parce qu’on est à la campagne qu’on peut vivre de rien", ajoute-t-il.

    En images : "les oubliés de nos campagnes"
    Manfred, 27 ans, vit à Antheny dans les Ardennes : "C'est un cercle vicieux : pour avoir le boulot faut avoir la voiture, pour avoir la voiture faut avoir l’argent, pour avoir l’agent faut avoir le boulot!"
    Lionel Charrier / Myop

    Le cercle vicieux de la pauvreté

    À chaque regard, son point de vue. Parmi les cinq auteurs, les uns ont entrepris d'explorer le territoire tandis que d'autres ont centré leur reportage sur une unité de lieu ou de personne. Lionel Charrier et son binôme Alain Keler ont parcouru 7 000 kilomètres, des Ardennes, dans le nord-est de la France, aux Pyrénées, dans le sud-ouest, en longeant ce qu'ils appellent "la diagonale du vide", soient des zones particulièrement touchées par l'exode rural.

    Dans un contexte géographique où l’habitat est dispersé,  les transports quasi inexistants et le tissu social décousu, les personnes les plus fragiles se sont retrouvées confrontées à un isolement géographique, psychologique et social. "Il y a moins de réseaux, moins d’associations, moins d’entraide. Les gens ne vont pas chercher de l’aide, il faut qu’ils attendent qu’elle vienne à elle", précise Lionel, citant l’exemple de Manfred, chômeur de 27 ans dans les Ardennes, qui résume ainsi son "cercle vicieux" de la pauvreté : "Avec un RSA, comment payer un permis, l’assurance, l’essence , la voiture ? C’est un cercle vicieux. Pour avoir le boulot, il faut avoir la voiture, pour avoir la voiture, il faut avoir l’argent, pour avoir l’agent, il faut avoir le boulot !"

    "La précarité , c’est pas savoir ce qu’on va manger le soir"

    Quand elle n’est pas stigmatisée, la misère est oubliée. Comme dans cette vallée de la Somme, photographiée par Ulrich Lebeuf. Depuis 30 ans, les usines y ferment les unes après les autres. D’abord Saint-Frères qui a fermé ses portes en 1984, laissant 9 000 personnes sur le carreau. Aujourd’hui, c’est Goodyear qui a annoncé sa fermeture pour l’année prochaine. Et après trois générations de chômeurs, les problèmes d’alcool et de drogue font leur apparition.

    "Je suis tombée dedans [l’alcool] ; le père de ma fille est tombé dedans ; ça me fait peur pour ma fille", témoigne Isabelle, 52 ans, qui vit à Berteaucourt. Elle avoue son impuissance à payer ses factures comme à arrêter de boire. "J’ai été neuf ans abstinente et j’ai replongé. Son père est resté vingt ans abstinent et il a replongé. J’essaye de pas retomber dedans carrément mais, de temps en temps, je bois un coup".

    Christelle, elle, compte ses coups. "La précarité c’est vivre au jour le jour. C’est pas savoir ce que tu vas manger le soir. Le matin tu te réveilles et tu calcules ce qu’il te faut… Là j’ai quelques bières, de quoi manger et j’ai ce qu’il faut pour mon chien. Mais demain ce sera autre chose : y’aura plus de bière, plus de viande hachée, plus de tabac. C’est ça la précarité." À 41 ans, elle vit, ou plutôt elle survit, à Saint-Girons, dans les Pyrénées ariègeoises, l’un des départements des plus dépeuplés et plus précaires de France. C’est sur ce village que s’est concentré Pierre Hybre. Le photographe y a rencontré des hommes et des femmes en "rupture" : autant de jeunes sans qualification que de victimes de la désindustrialisation, du chômage, de l’isolement ou des adeptes de la décroissance.

    Olivier Jobard a, quant à lui, suivi Ester et Armando, victimes de la crise espagnole. Ils se sont séparés de leurs deux enfants pour trouver un travail de saisonnier en France, dans la cueillette de fruits, à Tain-l'Hermitage. Pour ne pas rentrer chez eux les mains vides, ils sont prêts à tout subir.

     
    La diagonale du vide Alain Keler / Myop

    Une pauvreté "moyenne"

    Photographier les oubliés, c’était une gageure. Au vu de l’ampleur de la tâche, Lionel Charrier reste lucide : "Nous n’avons pas fait une thèse sur la pauvreté. Nous n’avons pas non plus montré l’extrême pauvreté, juste une pauvreté "moyenne". Nous avons seulement cherché à combattre des idées reçues, à montrer des moments de vie et les différents aspects de la misère, qui n’est pas que financière".

    Un écho au témoignage frappant de Florent, 82 ans, qu'Alain Keler a photographié dans son village de Saint-Pé-de-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées : "Tout ce que je demande c’est une aide morale. Qui n’a pas besoin d’une aide financière ? Je touche une retraite qui me permet tout juste de ne pas crever de faim. Que voulez-vous que je vous dise de plus ?". Il n’y a rien à dire de plus. Juste une exposition à voir et à écouter jusqu’au 1er décembre seulement au Point Éphémère, à Paris.

    "Oubliés de nos campagnes"
    Du 20 novembre au 1er December 2013
    Le Point Éphémère
    200 Quai de Valmy
    75010 Paris


    votre commentaire
  • <header>

    Grogne sociale. Les préfets s'inquiètent

    de la montée de la colère

    France - <time datetime="2013-11-14T19:22:00+02:00" itemprop="datepublished"> 19h22 lien </time>
    <aside class="toolbar">

     

    </aside> </header>

    Une note de synthèse des préfets datée du 25 octobre,fait le constat "d'une société en proie à la crispation, à l'exaspération et à la colère".

     

    Cette note a été révélée jeudi par Le Figaro et confirmée par une source gouvernementale. 

    Le Figaro cite des extraits de cette note mensuelle de synthèse, qui comprend 4 pages. De sources proches du ministère de l'Intérieur, on confirme aussi la teneur de cette synthèse des préfets qui "n'a pas pour objet de dicter la conduite de la politique du gouvernement". 

    "Climat douloureux"

    Cette synthèse, selon le quotidien, relève que "sur le front de l'emploi, l'embellie estivale a été de courte durée" et que face aux "annonces successives de liquidations judiciaires et de plans sociaux (qui) marquent chaque jour de nouveaux esprits", il y a un "climat douloureux", un "sentiment d'accablement". 

    "D'ores et déjà, ce mélange de mécontentement latent et de résignation s'exprime de façon éruptive à travers une succession d'accès de colère soudains, presque spontanés, et non au sein de mouvements sociaux structurés", écrivent les auteurs de cette note, selon Le Figaro. 

    "La situation sociale laisse peu de place à l'optimisme"

    "De plus en plus, les revendications sont portées en dehors du cadre syndical, à travers des actions plus radicales: grèves de la faim, blocages de longue durée, dégradations et menaces de perturbation de grandes manifestations culturelles ou sportives ont pris le pas sur les défilés en ville", poursuivent-ils, en soulignant que les préfets de Paris et Rouen insistent sur cette évolution. 

    "La situation sociale laisse peu de place à l'optimisme", est-il ajouté. 

    Les auteurs de cette synthèse considèrent que "la journée nationale d'action du 22 octobre contre l'écotaxe a démontré que le mécontentement ne se limitait pas à la Bretagne" et citent 23 départements où cette mesure a suscité la mobilisation. 

    "La contestation a pris la forme d'opérations coups de poing de bâchage de portiques, dont les préfets rappellent la grande vulnérabilité à des actes de malveillance", ajoutent-ils. 

    Extension à des territoires préservés jusqu'alors

    Ils observent aussi que "les préfets notent que la mobilisation s'étend à des territoires jusque-là préservés", comme l'Aisne, la Charente, la Sarthe ou la Côte d'Or. 

    "En Bretagne, l'annonce du pacte d'avenir n'a pas permis d'apaiser la contestation (de l'écotaxe) qui semble franchir un nouveau palier".

    Face à l'écotaxe que le gouvernement a suspendue, "la plupart des responsables politiques s'expriment désormais en faveur d'un moratoire, l'opinion publique se rallie à la cause des opposants et la mobilisation des acteurs économiques est désormais spontanée", écrivent les auteurs de la note.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique