Certes, ce n'était pas la première interview télévisée donnée par Bachar al-Assad depuis le début de la guerre civile en Syrie il y a plus de deux ans -il a même été interrogé sur des médias américains comme ABC.
Mais il s'agissait de la première donnée à une chaîne libanaise. Et pas n'importe laquelle : Al-Manar, celle de son allié du Hezbollah, dont des hommes combattent désormais avec l'armée loyaliste contre les rebelles. Manière symbolique d'impliquer un peu plus le Liban dans le conflit syrien.
Incidents de frontière sur le Golan
Sur le fond, Bachar al-Assad n'a pas changé son discours. Comme d'habitude, il se dit "très confiant dans la victoire" lors cette "guerre mondiale menée contre la Syrie et la politique de résistance" -rhétorique habituelle pour désigner l'alliance de la Syrie, de l'Iran et du Hezbollah contre Israël. Concernant justement le conflit contre l'Etat hébreu, le président syrien affirme qu'il subit "une pression populaire claire pour ouvrir le front de résistance au Golan ". "Il y a plusieurs facteurs, dont les agressions israéliennes répétées", explique-t-il pour justifier cette demande supposée de la population.
Après des années de calme, les incidents de frontière impliquant soit des islamistes soit des unités régulières syriennes se multiplient depuis quelques semaines sur le Golan, occupé par Israël depuis la Guerre des Six Jours en 1967. Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, qui a autorisé dernièrement plusieurs raids en Syrie pour détruire des armes sur le point d'être transférées au Hezbollah, a déjà fait savoir qu'il n'hésiterait pas à répliquer fermement à toute tentative syrienne pour récupérer le secteur.
Réception des missiles anti-aériens russes
Le président syrien a également implicitement confirmé qu'il avait reçu de la Russie des missiles sophistiqués de défense anti-aérienne S-300. Ces engins ultra-modernes peuvent détruire des avions ou des missiles guidés. Selon le gouvernement israélien, ils peuvent aussi atteindre des avions au-dessus du principal aéroport du pays. Les Occidentaux critiquent vivement ces livraisons car ces missiles compliqueraient fortement une éventuelle intervention militaire.
Sur un plan plus diplomatique, Bachar al-Assad a confirmé son accord de principe à la participation du régime à la conférence internationale que tentent d'organiser la Russie et les Etats-Unis. Il prévient simplement que tout accord avec les insurgés serait soumis à référendum. Et annonce déjà qu'il sera candidat à la présidentielle de 2014 "si le peuple le voulait".