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Syrie: Bachar el-Assad veut "renforcer la stabilité dans le pays"
Syrie: Bachar el-Assad veut "renforcer la stabilité dans le pays"
Par LEXPRESS.fr, publié le 07/02/2012 à 08:43, mis à jour à 18:30
Manifestation à Homs, haut lieu de la contestation, le 6 janvier.
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Les troupes de l'armée régulière ont bombardé plusieurs quartiers de Homs. Les monarchies du Golfe, la France et plusieurs pays occidentaux ont annoncé le rappel de leurs ambassadeurs.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, est à Damas ce mardi. Son pays a opposé samedi, avec la Chine, son veto contre un projet de résolution du Conseil de sécurité présenté par les Occidentaux et des pays arabes condamnant la répression en Syrie.
Le ministre russe a rencontré le président Bachar el-Assad. A l'issue de l'entretien, il a déclaré: "Nous avons eu une rencontre très utile. Le président syrien nous a notamment assuré qu'il s'était entièrement engagé à faire cesser les violences d'où qu'elles viennent." Le président Assad a pour sa part réitéré "la détermination de la Syrie à coopérer à tout effort pour renforcer la stabilité dans le pays". Le régime dénonçait récemment un "complot étranger" visant à le destabiliser.
Moscou prêt à une solution basée sur le plan de la Ligue arabe
Le ministre russe a aussi indiqué que la Russie était prête à continuer à chercher une solution au conflit syrien en se basant sur l'initiative de la Ligue arabe. Le double veto sino-russe avait soulevé l'indignation des Occidentaux et de plusieurs pays arabes. Selon plusieurs diplomates et experts occidentaux, ce geste encourage le président Assad à poursuivre sa répression des opposants syriens. Répression qui a déjà fait quelque 6000 victimes en 11 mois.
Sergueï Lavrov a enfin déclaré que Bachar el-Assad allait bientôt annoncer la date d'un référendum sur une nouvelle Constitution. Bachar el-Assad avait annoncé le 10 janvier pour le début du mois de mars l'organisation de ce référendum. La commission chargée d'élaborer le texte a prévu de limiter le mandat présidentiel à deux septennats, écrivait fin janvier le quotidien syrien Al-Watan, sans pour autant préciser si cette réforme s'appliquera à Bachar al-Asad dont le second mandat s'achève en 2014.
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Pression diplomatique arabe et occidentale
La France a rappelé pour consultations son ambassadeur en Syrie, Eric Chevallier, a annoncé, ce mardi, le ministère des Affaires étrangères. Cette décision fait suite à une mesure similaire prise par plusieurs pays européens (notamment l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas) et les Etats-Unis. "Face à l'aggravation de la répression menée par le régime de Damas contre sa population, les autorités françaises ont décidé le rappel pour consultations de l'ambassadeur de France en Syrie", a déclaré le porte-parole Bernard Valero.
En revanche, l'Union européenne n'a pas l'intention de rappeler le chef de sa délégation en Syrie, car elle estime important de "conserver des représentants sur place" pour suivre l'évolution de la situation. "Nous n'avons aucun plan pour retirer le chef de la délégation à l'heure actuelle. Nous pensons qu'il est important de conserver nos représentants sur place car il n'y a pas de presse libre" pour se tenir informés, a déclaré le porte-parole du service diplomatique de l'UE, Michael Mann.
Parrallèlement, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que la Turquie allait lancer une "nouvelle initiative" internationale pour la Syrie.
Homs bombardée
Pendant que les pro-Assad applaudissent le chef de la diplomatie russe à Damas, Homs est bombardée par les forces du régime qui tentent ce mardi de prendre d'assaut le quartier de Baba Amr. Homs, haut lieu de la contestation, a déjà été durement visé lundi: les violences ont fait près de 100 morts dans le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La nouvelle offensive a été démentie encore une fois par le régime qui reçoit la visite du chef de la diplomatie russe, ce mardi.
Personne n'ose se déplacer, les snipers sont partout
Des tirs nourris mais sporadiques de kalachnikov et de mitrailleuse lourde, ainsi que des tirs d'obus étaient entendus dans ce quartier, selon des images fixes et du son diffusés en direct par une caméra installée sur un toit par des opposants. "C'est la première fois que nous subissons une telle attaque", a déclaré Omar Chaker, un militant joint par l'AFP depuis Beyrouth.
"Les explosions n'ont pas cessé de la nuit. Toutes les cinq minutes, on entend près de quatre explosions", a affirmé à l'AFP Abou Rami, un habitant de la ville joint par téléphone de Beyrouth mardi matin. "Ce matin, les tirs se concentrent sur les quartiers de Baba Amr, Inchaat et Joubar", a-t-il ajouté. "La situation humanitaire est terrible et personne n'ose se déplacer, les snipers sont partout", s'inquiète-t-il.
D'autres villes sont touchées
Dans la région d'Idleb (nord ouest), "l'armée régulière bombarde aux obus de chars la localité de Kafar Takharim où se trouve des membres de l'Armée syrienne libre (ASL)", formée de déserteurs, ont indiqué pour leur part les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la contestation sur le terrain. "Des affrontements violents s'y déroulent entre soldats et déserteurs", selon les LCC. Les forces armées pilonnent également la localité de Basr al-Harir, dans la région de Deraa (sud), où 70 soldats ont fait défection, toujours selon les Comités.
Asma el-Assad soutient son mari
L'épouse du président syrien, Asma el-Assad, dont la famille est originaire de la ville de Homs, a elle exprimé son soutien à son époux pour la première fois depuis le début du soulèvement, a rapporté mardi le quotidien britannique The Times. "Le président est le président de la Syrie, non d'une faction de Syriens, et la Première dame l'appuie dans ce rôle", a déclaré Asma el-Assad dans un courriel envoyé de son bureau par un intermédiaire au journal.Le bilan des civils tués lundi selon l'Observatoire s'est élevé à 98, dont 69 tués dans des bombardements sur des quartiers de la ville de Homs et sur les localités de Rastane, Qousseir et Houla. Treize civils ont par ailleurs été tués dans les localités de la province d'Idleb (nord-ouest), 15 dans la province de Damas et un dans la province d'Alep (nord), selon la même source.
Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a exhorté la communauté internationale à "agir vite" pour "empêcher un nouveau massacre" à Homs. Le Conseil a également appelé à encercler les ambassades de Syrie à travers le monde. Une manifestation a eu lieu à Alger où un imposant dispositif de sécurité a maintenu les protestataires à distance de la représentation syrienne.
Le CNS et l'Armée syrienne libre (ASL) ont également appelé les hommes d'affaires syriens et arabes à financer les opérations menées par les rebelles, selon un communiqué commun diffusé mardi. "Nous lançons un appel chaleureux aux hommes d'affaires syriens et arabes pour participer de manière directe et efficace au financement légitime des opérations d'auto-défense et de protection des zones civiles menées par l'ASL", lit-on dans le communiqué.
Il faut agir vite pour empêcher un nouveau massacre à Homs
Le CNS est la principale formation de l'opposition et l'ASL revendique quelque 40 000 combattants et mène des opérations contre les forces du régime syrien. "Les moyens disponibles actuellement ne suffisent pas pour faire face aux attaques du régime qui reçoit un soutien en armes et en munitions et du financement de forces régionales et internationales", poursuit le communiqué, en référence notamment à l'Iran, la Russie et la Chine, alliés de Damas.
Les Frères musulmans de Syrie ont d'ailleurs accusé lundi la Russie, la Chine et l'Iran d'être "complices des massacres" commis dans le pays contre la population en fournissant au régime "soutien" politique et "armes". Réponse de Téhéran: l'Iran dément ce mardi toute ingérence en Syrie et annonce l'envoi d'un haut responsable pour des consultations à Damas au sujet des "relations bilatérales et des questions régionales".
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Tags : Syrie, Bachar el Assad, Russie, Homs, Ligue Arabe
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