• Syrie: la Constitution plébiscitée, Washington dénonce le cynisme du régime

    Syrie: la Constitution plébiscitée, Washington dénonce le cynisme du régime

    Créé le 27-02-2012 à 10h05 - Mis à jour à 21h42      1 réaction

     

    La Chine et la Russie, alliées de Damas, montent au créneau contre les critiques occidentales face à la répression de la contestation en Syrie, où les violences ont encore fait plus de 150 morts ce week-end.
(c) Afp

    La Chine et la Russie, alliées de Damas, montent au créneau contre les critiques occidentales face à la répression de la contestation en Syrie, où les violences ont encore fait plus de 150 morts ce week-end. (c) Afp

    Les autorités syriennes se sont félicitées lundi des résultats du référendum sur la nouvelle Constitution, approuvée selon elles par près de 90% des votants, mais Washington a dénoncé un scrutin d'un "cynisme absolu", les violences ayant encore fait une centaine de morts.

    Alors que les attaques contre les bastions rebelles ne faiblissent pas, le Premier ministre qatari s'est dit favorable à des livraisons d'armes aux dissidents, qui déplorent un déséquilibre des forces sur le terrain.

    Dans le pays, où les taux de participation sont habituellement élevés, seuls 57% des votants se sont rendus aux urnes, selon les chiffres officiels dévoilés lundi.

    "S'il n'y avait pas eu de blocages dans certaines régions où sévissent des gens armés, le taux de participation aurait été beaucoup plus important", a affirmé le ministre de l'Intérieur, Mohammed Ibrahim al-Chaar, soulignant toutefois "une grande affluence (...) malgré les campagnes d'incitation (au boycottage)".

    Les militants pro-démocratie, qui appelaient à ne pas participer à ce scrutin, ont affirmé que de nombreux bureaux de vote n'avaient pas ouvert, notamment dans les villes rebelles pilonnées par l'armée.

    La nouvelle Constitution abolit la suprématie du parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle mais maintient de larges prérogatives pour le chef de l'Etat.

    La porte-parole du département d'Etat américain Victoria Nuland a qualifié le référendum de risible, affirmant que le président Bachar al-Assad "a proposé de voter lors d'un scrutin, qu'il contrôle, sur un morceau de papier, qu'il contrôle, pour tenter de se maintenir au pouvoir".

    De leur côté, les Nations unies ont mis en doute la crédibilité du référendum "dans le contexte de violence généralisée et de violations massives des droits de l'Homme" qui prévaut en Syrie.

    La modification de la loi fondamentale fait partie des réformes promises par le régime qui, refusant d'admettre l'ampleur de la contestation, se targue de l'appui de son peuple pour venir à bout de la révolte assimilée à du "terrorisme" mené par des "gangs armés à la solde de l'étranger".

    Au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, la France a réclamé une saisine de la justice internationale pour sanctionner Damas, qui n'est toutefois "pas un Etat partie" de la Convention de Rome qui établit la Cour pénale internationale.

    La répression de la contestation a fait plus de 7.600 morts en 11 mois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

    Lundi, 109 Syriens, dont onze soldats, ont encore été tués, selon l'OSDH. Parmi eux, 68 ont été abattus par balles ou à coups de couteaux dans la région de Homs, a rapporté l'OSDH, dénonçant un "massacre".

    Dans la ville même de Homs, les bombardements se sont poursuivis, notamment sur le quartier de Baba Amr, pilonné sans relâche depuis plus de trois semaines par l'armée.

    "Ils pensent que s'ils tuent tout le monde, ils tueront également la révolution", a déclaré à l'AFP un militant, Abou Bakr, en soulignant les conditions humanitaires désastreuses dans cette ville surnommée la "capitale de la Révolution".

    Pour le quatrième jour consécutif, les négociations ont échoué pour l'évacuation des journalistes français et britannique, Edith Bouvier et Paul Conroy, blessés et bloqués à Homs depuis un bombardement mercredi qui avait tué deux de leurs collègues.

    "L'évacuation des journalistes n'a pas eu lieu, mais en revanche trois blessés syriens ont pu être sortis par les ambulances du Croissant rouge syrien", a affirmé une source diplomatique à l'AFP.

    Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est par ailleurs entré dans la ville rebelle de Hama (centre), à laquelle il n'avait plus eu accès depuis le 17 janvier, et a distribué de l'aide à 12.000 personnes, a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'organisation.

    A Qousseir (centre), des combats, avec tirs de roquettes et d'obus, opposaient l'armée aux rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL), a constaté un journaliste de l'AFP. "On a quelques lance-roquettes RPG mais surtout des kalachnikov", a déploré un officier de l'ASL.

    Le Premier ministre qatari a estimé que la communauté internationale devait faire "tout ce qui est nécessaire pour les aider (les opposants, ndlr), y compris leur fournir des armes pour qu'ils puissent se défendre".

    La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a prédit que le régime finirait par tomber en raison des désertions de soldats, d'hommes d'affaires et de représentants des minorités du pays, sur la chaîne marocaine 2M.

    Le gouvernement saoudien a stigmatisé de son côté sans les nommer l'attitude "défaillante" des pays qui bloquent les efforts internationaux pour un règlement de la crise syrienne.

    La Chine et la Russie ont bloqué à deux reprises une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression. Ces deux pays, alliés de Damas, sont d'ailleurs de nouveau montés au créneau lundi pour dénoncer l'attitude des pays occidentaux vis-à-vis de Damas.

    Face à la poursuite de la répression, l'Union européenne a adopté un 12e train de sanctions contre la Syrie, visant essentiellement sa Banque centrale dans l'espoir de restreindre les voies de financement du régime.


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