On le décrit comme étant un "cadre important d’Al-Qaïda", un "gros poisson". Naamen Meziche, ce Français considéré comme un cadre historique de l’organisation terroriste et soupçonné d'être impliqué dans une filière d'apprentis djihadistes, a été remis ce mardi 8 octobre à la France par les autorités pakistanaises, ont annoncé à l'AFP des sources concordantes.
Après 16 mois de détention au cours desquelles il est resté muet, Meziche a été expulsé par le Pakistan qui l'a conduit dans la nuit de lundi à mardi à l'aéroport d'Islamabad, où il a été placé dans un avion à destination de Paris, encadré par une escorte.
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Les autorités françaises espèrent avoir plus de succès pour le faire parler. Meziche, qui a également un passeport algérien, a été placé en garde à vue par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), a précisé une source judiciaire. En matière antiterroriste, une garde à vue peut durer quatre jours en France.
Issu de la "cellule de Hambourg"
L'homme avait été arrêté en mai 2012 par la police pakistanaise alors qu'il voyageait en bus avec trois autres Français dans le sud-ouest reculé du Pakistan, souvent emprunté par les djihadistes car proche des zones tribales, principal bastion d'Al-Qaïda dans la région, et de l'Afghanistan.
Lors de son arrestation, les services de renseignement français avaient décrit Meziche comme étant à la "cellule de Hambourg" à laquelle appartenaient plusieurs des pirates de l'air auteurs des attentats du 11 septembre 2001, également soupçonné d'être impliqué dans des projets d'attentats en Occident à la fin des années 2000. Mais son importance au sein de la nébuleuse djihadiste reste sujette à débat. Il serait lié à Younis al-Mauritani, important cadre d'Al-Qaïda arrêté six mois avant lui au Pakistan.
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"C'est un gros poisson. On est dans le cœur historique d'Al-Qaïda", a assuré cette semaine à l'AFP un acteur de l'antiterrorisme français. Mais une autre source proche du dossier était plus nuancée, estimant "difficile de dire s'il est vraiment actif ou important ou un peu 'has been'" au sein de la nébuleuse. Et puis, le dossier reste mince : s'il est soupçonné de longue date d'appartenance à Al-Qaïda, aucun élément concret n'a à ce jour prouvé son implication dans un quelconque projet ou attaque terroriste. Il pourrait toutefois être placé en détention pour "association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes".
Meziche lié aux menaces qui pèsent sur l'Europe
Selon l'armée pakistanaise, Younis al-Mauritani avait été chargé "personnellement" par Oussama Ben Laden de planifier, à la fin des années 2000, des attentats contre "des cibles économiques importantes aux États-Unis, en Europe et en Australie". "Meziche est lié aux menaces qui pèsent sur l'Europe", assurait ainsi une source française lors de l'arrestation du Franco-Algérien.
Meziche est le dernier membre de ce quatuor de Français arrêtés en 2012 à rejoindre la France. Expulsés en avril, les trois autres avaient à leur arrivée été mis en examen. Les autorités les soupçonnent d’être des recruteurs de jeunes djihadistes européens.
Son cas devrait être suivi de près dans un pays encore marqué par l'affaire Mohammed Merah, qui avait tué sept personnes en mars 2012 en disant agir au nom d'Al-Qaïda.
Comme l'avait déjà prouvé l'affaire Merah, la zone Afghanistan-Pakistan reste un aimant pour les djihadistes étrangers, y compris français, même si leur nombre semble avoir fortement baissé ces dernières années en raison notamment de l'apparition d'autres fronts au Moyen-Orient, notamment en Syrie, ou en Afrique.
Avec dépêches