• THAILANDE : Le pays s'enfonce dans la guerre civile...

     Publié le 14 mai 2010 à 08h44 | Mis à jour le 14 mai 2010 à 21h02

    Bangkok s'enfonce dans la violence: 16 morts, 141 blessés                           

    Les militaires ont ouvert le feu vendredi sur les manifestants antigouvernementaux lors d'affrontements qui ont fait au moins 16 morts et 141 blessés en plein centre de Bangkok, où le pouvoir tente d'isoler les «chemises rouges» en les privant de tout ravitaillement.

    En moins de 24 heures, au moins 16 personnes ont été tuées et au moins 141 blessées, selon les secours, ce qui porte le bilan de cette crise depuis mi-mars à au moins 46 morts et plus de 1.000 blessés.Parmi les blessés figurent trois étrangers, un Polonais, un Birman et un caméraman canadien de la chaîne de télévision France 24, ainsi qu'un photographe du quotidien thaïlandais Matichon et un caméraman de la chaîne câblée thaïlandaise Voice-TV.

    Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a appelé à la fin des violences et «suit avec une préoccupation croissante la rapide montée des tensions et de la violence», a déclaré son service de presse dans un communiqué.

    Les heurts ont commencé vendredi matin lorsque l'armée a tenté de progresser en direction d'une avenue tenue par les «rouges», qui ont juré la chute du gouvernement. Ces derniers ont «tenté d'intimider les autorités avec des armes», selon le colonel Sunsern Kaewkumnerd, porte-parole militaire.Des échanges de coups de feu nourris se sont poursuivis jusqu'en milieu de soirée le long de la limite sud du quartier touristique et commercial de Bangkok occupé par les manifestants depuis début avril.

    Les leaders des «chemises rouges» ont accusé le Premier ministre Abhisit Vejjajiva d'avoir lancé «la guerre civile» et ont exigé le retrait des troupes autour du quartier qu'ils contrôlent.

    «Je ne sais pas comment nous allons survivre ce soir si Abhisit n'accepte pas un cessez-le-feu. Nous espérons qu'il ne veut pas la guerre», a déclaré l'un des trois principaux cadres du mouvement, Nattawut Saikuar.Le porte-parole du gouvernement, Panitan Wattanayagorn, a déclaré que les militaires avaient été attaqués pendant qu'ils essayaient d'empêcher un nouvel afflux de «chemises rouges» vers le lieu de leur rassemblement. «Les soldats ne pouvaient pas faire autrement que de se défendre contre les attaques dont ils étaient l'objet», a-t-il affirmé.

    Officiellement, cependant, ces affrontements ne préfiguraient pas une opération pour déloger les manifestants, qui se sont barricadés derrière des barbelés, des pneus arrosés de kérosène et des grilles de bambous.«Les autorités ne lanceront pas pour le moment d'opération contre le site de Ratchaprasong, mais nous nous attendons à de nouvelles violences ce soir», a déclaré le colonel Sunsern, en exhortant les «rouges» à se disperser.

    Le ministre de la Défense, le général Prawit Wongsuwon, a indiqué à l'AFP que l'opération était «destinée à faire pression sur les 'chemises rouges' pour qu'ils reviennent à la table des négociations».

    L'armée cherche à étrangler les «rouges» sur le plan logistique dans l'espoir de réduire au maximum le nombre de manifestants, qui se retrouvent sans électricité, sans eau ni nourriture.En moins de 24 heures, la capitale a sombré dans un nouvel engrenage de violences, après 10 jours au cours desquels les négociations avaient repris le dessus entre le Premier ministre et l'opposition.

    Jeudi soir, des heurts avaient déjà fait un mort et au moins 11 blessés, dont un général renégat pro-"rouge», grièvement atteint par balle et dans un état critique.Le général Khattiya Sawasdipol, alias Seh Daeng, très populaire parmi les opposants,n'avait pas caché qu'il refusait une sortie de crise pacifique. Il est considéré comme proche de Thaksin Shinawatra, ex-Premier ministre en exil renversé en 2006 par un putsch et icône de nombreuses «chemises rouges».«Ce qui lui est arrivé était totalement inattendu», a assuré le colonel Dithaporn Sasasmit, un haut responsable de la sécurité, démentant la thèse selon laquelle le pouvoir aurait décidé de se débarrasser de lui.L'état d'urgence, décrété à Bangkok début avril, a été étendu à 15 autres provinces du Nord et du Nord-Est, bastion des «rouges».

    Dans un communiqué, M. Thaksin a jugé qu'une «solution politique était toujours possible», tout en estimant que l'action du gouvernement constituait «un délit et une violation grave des droits de l'Homme».

    Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a «le choix entre la manière forte et des moyens pacifiques», mais s'il s'accroche à son poste, il risque de sacrifier «les vies de gens innocents».


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :