• THAÏLANDE : organisation de nouvelles élections ?..

     

    Le chef de l'armée de terre estime que la seule issue possible est l'organisation de nouvelles élections. 


    Après les scènes de guérilla urbaine, les «chemises rouges» à Bangkok ont renoué avec une ambiance de kermesse. Le carrefour Ratchaprasong n'est plus qu'un immense terrain de camping avec ses cantines ambulantes, son linge qui sèche et ses haut-parleurs crachant des harangues antigouvernementales. Au plus fort de la saison chaude, les vieilles paysannes se sont mises en soutien-gorge et chantonnent «Nous aurons la tête du premier ministre». Les jeunes filles se trémoussent devant un chef protestataire, Arisman Pongreangrong, le beau gosse de la bande. Et au pied du monument de la démocratie, des familles au grand complet prennent la pose pour la photo souvenir devant les tanks de l'armée abandonnés et peinturlurés de rouge. «La victoire est proche», exulte Jatuporn Prompan, numéro deux du mouvement favorable à l'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, condamné pour corruption et exilé depuis 2008.

    Face aux «chemises rouges» qui manifestent depuis un mois pour réclamer des élections anticipées, le pouvoir se délite. Sous pression pour trouver une issue rapide à la crise politique, le premier ministre Abhisit Vejjajiva n'a plus beaucoup de cartes en main d'autant que la situation économique ne cesse de se dégrader. Les centres commerciaux du centre-ville sont fermés depuis dix jours, le secteur du tourisme enregistre des annulations en cascade et l'économie thaïlandaise a déjà perdu 35 milliards de bahts (800 millions d'euros).

    Les manifestants refusent toute discussion et promettent la guerre civile si le premier ministre ne quitte pas le pays. Après le fiasco de l'opération militaire visant à déloger par la force les «chemises rouges», Abhisit est de plus en plus isolé. Le premier coup de semonce est venu du général Anupong Paochinda, chef de l'armée de terre et l'un des personnages les plus puissants du royaume. En déclarant lundi que la seule issue possible était l'organisation de nouvelles élections, il ne laisse guère de choix au premier ministre, placé à la tête du gouvernement grâce à l'appui des militaires.

    Autre signe d'une érosion de son pouvoir : la commission électorale préconise de dissoudre son parti, accusé d'avoir bénéficié d'une donation illégale en 2005. Le processus devrait prendre plusieurs mois, mais Abhisit risque d'être interdit d'activité politique pour cinq ans, comme le reste du comité exécutif du Parti démocrate. Ce serait alors le cinquième parti politique dissous depuis 2007, ce qui témoigne du dysfonctionnement du système politique thaïlandais. Devant l'impasse, les rumeurs de coup d'État ont repris alors que pouvoir et opposition se renvoient la responsabilité des combats de rue entre soldats et «chemises rouges» qui ont fait 21 morts et transformé des quartiers entiers de Bangkok en zone de guerre. Le ministre des Affaires étrangères a qualifié Thaksin Shinawatra de «terroriste sanglant», le rendant responsable des affrontements meurtriers. «Thaksin a besoin d'un pays en crise pour exister politiquement», estime Sermsook Kasitipradit, spécialiste des affaires militaires.


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