L’épreuve la plus collective du cyclisme a fait le malheur d’un homme seul, dimanche à Plumelec pour la neuvième étape du Tour de France : l’Irlandais de l’équipe Sky Nicolas Roche, à l’agonie dans la côte de Cadoudal où était située l’arrivée, y a, bien malgré lui, offert la victoire à la BMC, pour 62 centièmes de seconde seulement au bout d’un effort violent et technique de trente-deux minutes.
Cinquième homme de son équipe – le temps était donc pris sur lui –, il n’arrivait plus à tenir les roues de ses coéquipiers, qui l’ont attendu et ont ainsi perdu les cinq secondes d’avance sur BMC dont ils disposaient en bas de la côte.
« On a monté le pied un peu vite, j’étais un peu au-delà de ma zone de confort, a expliqué le natif des Yvelines, fils de Stephen Roche (vainqueur du Tour 1987), à l’arrivée. Perdre pour une seconde, c’est super difficile mentalement et [le fait] que ce soit de ma faute dans les 500 derniers mètres, c’est encore plus difficile à avaler. »
<figure class="illustration_haut " style="width: 534px"> </figure>Christopher Froome a regretté la perte de l’étape mais gardé le sourire. Comprenons-le : une demi-minute reprise à Alberto Contador (27 secondes) et Vincenzo Nibali (34 secondes) dans un exercice où les Sky s’étaient noyés il y a trois semaines au Critérium du Dauphiné, cela ressemble à une bonne journée. Une minute d’avance sur Contador, deux sur Nairo Quintana : le matelas est confortable pour le maillot jaune avant les longues traversées des Pyrénées et des Alpes.
Les trois premières en quatre secondes
La victoire de la BMC, mélange de gros gabarits, de rouleurs et de puncheurs parfaitement à l’aise dans la côte de Cadoudal, qui fut décisive, était attendue. L’équipe américaine du richissime suisse Andy Rihs aura donc remporté les deux exercices chronométrés de ce Tour, puisque Rohan Dennis s’était imposé à Utrecht. La mécanique rouge et noire a mieux géré l’effort de ses hommes sur ces routes envahies par les Bretons, ce qui lui a évité la désillusion des Sky dans le dernier kilomètre.
Surtout, l’heure est peut-être venue pour Tejay van Garderen, éternel espoir du cyclisme américain, de confirmer sa capacité à briller sur une course de trois semaines : il a parfaitement couru avant la montagne et sa deuxième place du classement général, avec déjà plus de deux minutes d’avance sur Nibali, légitime ses ambitions d’un premier podium dans un grand tour.
Les écarts ont été plus importants qu’attendus sur ce circuit roulant, où l’ascension finale de 2 km a créé des écarts. Toutefois, les trois premières équipes du jour se tiennent en quatre secondes. Derrière Sky et BMC pointe la Movistar de Nairo Quintana, où la culture du contre-la-montre par équipe est encore récente mais qui disposait des coureurs pour. Elle aurait même pu l’emporter sans un long moment de flottement à mi-parcours où l’on trouvera sans doute les cinq secondes qui lui ont manqué sur la ligne.
AG2R limite la casse
Tinkoff-Saxo et Astana, moins pourvus en rouleurs, ont logiquement perdu du temps, et leurs leaders avec. Pour Vincenzo Nibali, cette première semaine du Tour de France a dessiné un scénario strictement inverse à celui de l’année passée et il lui faudra se démener pour reprendre en montagne deux minutes et vingt-deux secondes à Chris Froome.
Dans cette épreuve où le classement sur la route se rapproche souvent de celui des budgets, les équipes françaises, traditionnellement pauvres en rouleurs, ont souffert et leurs leaders avec : quatre d’entre elles sont en bas de tableau. La FDJ de Thibaut Pinot a fait moins bien qu’espéré en perdant une minute et trente-trois secondes.
L’équipe AG2R n’a pas été aidée par la crevaison de Christophe Riblon dès le départ, qui a désorganisé l’équipe et l’a reléguée à l’avant-dernier rang au premier intermédiaire. Par la suite, ses grimpeurs, dont le vainqueur de la huitième étape Alexis Vuillermoz, ont bien limité les dégâts pour se hisser, comme ils l’espéraient, à la 10e place. Romain Bardet et Jean-Christophe Péraud ont néanmoins perdu une minute et vingt secondes sur Van Garderen.
Les 185 coureurs du Tour de France ont droit à leur première journée de repos lundi, à Pau. Où les six coureurs restants d’Orica-GreenEDGE, qui ont fini l’épreuve comme ils l’ont pu, à cinq minutes, espèrent qu’une nouvelle course va commencer, comme Thibaut Pinot, qui souffre toujours d’un genou.