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Tournantes de Fontenay-sous-Bois : un verdict dérisoire
Société
Tournantes de Fontenay-sous-Bois : un verdict dérisoire
<time datetime="2012-10-11T13:39:53+02:00" itemprop="datePublished">11 octobre 2012 à 13:39 </time>lien
La cité des Larris de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), où les deux jeunes femmes ont été victimes de viols collectifs. (Photo Stephane de Sakutin. AFP)Seuls quatre des accusés ont été condamnés. Au plus à un an ferme.
Les téléphones sonnent, en boucle, depuis ce matin. «Expliquez-nous», demandent les journalistes à Me Clotilde Lepetit et Laure Heinich, avocates des deux parties civiles au procès des tournantes de Fontenay-sous-Bois. Le verdict, rendu cette nuit à 1 h 30 du matin, laisse tous ceux qui ont suivi ce procès «du dehors» (l’audience avait lieu à huis clos, les accusés et parties civiles étant mineurs au moment des faits) perplexes. Quatre condamnations sur quatorze accusés. Des peines allant de trois ans avec sursis à un an ferme. Un seul accusé incarcéré à l’issue de l’audience (les autres avaient déjà purgé leur peine en détention provisoire).
Cela paraît peu pour un crime – le viol en réunion – passible de vingt ans de prison. Cela paraît dérisoire lorsque l’on a écouté les récits de Nina et Stéphanie (1). Lorsqu’on les a entendu raconter ces hommes qui «faisaient la queue», parfois à cinq, parfois à dix, parfois à quinze ou vingt, attendant «leur tour» dans des cages d’escalier glauques ou des caves immondes, leur imposant fellation, viol anal, viol vaginal, à la chaîne. Cela paraît rien pour qui a pu lire certaines déclarations des accusés lors de l’enquête où, se dénonçant les uns les autres, ils avaient donné de nombreux détails qui avaient permis de valider leur implication et les déclarations de Nina et Stéphanie.
Que s’est-il passé pendant ces quatre semaines de huis clos ? Les accusés ont nié, revenant sur l’intégralité de leur témoignage aux policiers. Certains ont affirmé qu’ils n’avaient rien fait. D’autres qu’ils avaient eu avec les deux jeunes filles, alors âgées de 16 ans, des relations «consenties». «Consentie», une sodomie dans une cage d’escalier avec un garçon croisé pour la première fois deux minutes avant. «Consenties», même spontanément «proposées», des fellations à des garçons rencontrés juste après avoir subi un viol collectif par des dizaines d’autres garçons. Nina et Stéphanie, a expliqué un des accusés à la cour d’assises, étaient «les plus grosses putes de Fontenay». Malgré les coups, malgré les brûlures de cigarettes, elles étaient «volontaires», elles «aimaient ça». «C’est ce type de défense, répétée durant tout le procès, qui a précédé ce verdict», soupire Laure Heinich. Qui non, décidément, ne trouve pas moyen d'«expliquer».
(1) Le prénom a été modifié.
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