• Trente-six ans après la mort de Robert Boulin, nouveau rebondissement judiciaire

    Trente-six ans après la mort de Robert Boulin,

    nouveau rebondissement judiciaire

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2015-09-10T19:26:30+02:00" itemprop="datePublished">10.09.2015 à 19h26</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-09-10T22:21:07+02:00" itemprop="dateModified">10.09.2015 à 22h21  lien </time>

     
    <figure class="illustration_haut " style="width: 534px">Un badaud lit le journal « France-Soir », qui titre en « une » « Robert Boulin s'est suicidé », le 30 octobre 1979. </figure>

    Trente-six ans près la mort de Robert Boulin, le parquet de Versailles a annoncé, jeudi 10 septembre, l’ouverture d’une information judiciaire pour « arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat ». D’après le parquet, l’information judiciaire a été ouverte le 4 août, permettant désormais de nouvelles investigations.

    L’enquête confiée à un juge d’instruction fait suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée en mai par la fille du ministre du travail et de la participation du gouvernement de Raymond Barre, retrouvé mort noyé le 30 octobre 1979 dans la forêt de Rambouillet ( Yvelines). Fabienne Boulin-Burgeat, 63 ans, a toujours soutenu qu’il s’agissait d’un assassinat politique et non d’un suicide, notamment parce que Robert Boulin disposait d’informations sur le financement occulte de plusieurs partis politiques.

    Son avocate, Me Marie Dosé, s’est réjouie de cette décision qui constitue « une grande victoire pour la famille Boulin, qui attend qu’un juge d’instruction indépendant soit saisi depuis plus d’une décennie et que toute la lumière soit enfin faite sur cette sombre affaire qui salit la Ve République ».

    La fille de l’ancien ministre s’appuie notamment sur un témoignage recueilli par le journaliste de France Inter Benoît Collombat, auteur de Un homme à abattre : Contre-enquête sur la mort de Robert Boulin (Fayard) : cette personne avait affirmé en 2013 au journaliste avoir vu le véhicule du ministre conduit par un tiers.

    Lire aussi : L’affaire Boulin relancée 35 ans après sa mort

    Le corps de Robert Boulin avait été retrouvé au petit matin, agenouillé dans cinquante centimètres d’eau et quarante centimètres de vase, non loin de sa voiture, à environ deux cents mètres de la D138, qui relie Saint-Léger-en-Yvelines à Montfort-L’Amaury. Sur lui, les enquêteurs trouvèrent une lettre d’adieux dans laquelle il était écrit : « Messieurs, j’ai décidé de mettre fin à mes jours. ». Son « suicide » fut officialisé dès 9 h 45 par l’AFP, sans qu’aucune enquête ait été diligentée. La dépêche mentionnait l’absorption de barbituriques, ce que des analyses toxicologiques ultérieures infirmeront.

    Résistant de la première heure, neuf fois ministre sous la Ve République, Robert Boulin était, à l’époque, pressenti comme successeur potentiel de Raymond Barre à Matignon.

    Dans le courant d’octobre 1979, il avait été visé par une campagne de dénigrement relayée par la presse. Des lettres anonymes adressées à plusieurs médias dénonçaient l’acquisition irrégulière par le ministre du travail d’un terrain de la commune de Ramatuelle (Var) par l’intermédiaire d’une connaissance, Henri Tournet, ami et associé de Jacques Foccart, membre fondateur du Service d’action civique (SAC).

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    Les dates-clés de l’affaire Boulin

    • 30 octobre 1979 : Robert Boulin est retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet. Dans une lettre posthume, il expliquerait son geste : « Je préfère la mort à la suspicion, encore que la vérité soit claire. »
    • 7 juin 1983 : la famille Boulin porte plainte contre X pour homicide volontaire.
    • 13 janvier 1984 : la seconde autopsie révèle deux fractures non relevées en 1979. Dans le dossier, nulle trace non plus d’une analyse médicale des poumons pour établir la noyade.
    • 18 novembre 1987 : le juge Corneloup demande l’autopsie des poumons, mais les organes, enterrés au cimetière de Thiais, sont introuvables.
    • Avril 1988 : plainte de la famille Boulin pour destruction de preuves.
    • Septembre 1991 : non-lieu dans l’instruction pour homicide involontaire.
    • 19 mars 2002 : la fille de Robert Boulin, Fabienne Burgeat-Boulin, demande la réouverture de l’enquête.
    • 18 avril 2007 : elle affirme que de nouveaux éléments accréditent la thèse de l’assassinat et met en cause le SAC (Service d’action civique), une organisation d’activistes gaullistes.
    • 27 octobre 2009 : Jean Charbonnel, ancien ministre de Georges Pompidou, affirme au journaliste de France Inter Benoît Collombat : « Je n’ai plus de doutes, je pense qu’il a été assassiné. »
    • 3 février 2011 : un ancien gendarme, selon lequel le corps du ministre était « quasiment à quatre pattes » et « la tête hors de l’eau », affirme que « Robert Boulin n’est pas mort noyé ».
    • 1er février 2013 : Jean Charbonnel se dit prêt à livrer deux noms qu’Alexandre Sanguinetti, figure du gaullisme, lui a présentés comme étant les responsables de la mort de Robert Boulin.
    • 19 mai 2015 : Fabienne Burgeat-Boulin dépose une nouvelle plainte après le témoignage d’un homme ayant vu deux individus dans le véhicule du ministre le jour de sa mort.
    • 4 août 2015 : le parquet de Versailles ouvre une information judiciaire pour « arrestation, enlèvement et séquestration suivis de mort ou assassinat ».
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