Le maire UMP de Bordeaux, Alain Juppé, a proposé jeudi la création, sous sa présidence, d'une instance collégiale chargée de réexaminer "dans un délai de 10 jours" les résultats de l'élection à la présidence de l'UMP, mais a affirmé que cette proposition ne tenait que jusqu'à 20 heures et qu'à travers elle il "n'attend" ni "ne demande" rien pour lui. "Je propose la création d'une instance collégiale composée, sous ma présidence, de représentants des deux candidats et de personnalités n'ayant pas pris parti", a indiqué M. Juppé dans son communiqué en forme d'ultimatum, ajoutant : "Ma proposition tient jusqu'à ce soir (jeudi) 20 heures. Au-delà, je n'ai pas l'intention de me laisser instrumentaliser dans les confrontations délétères."
Passé l'ultimatum, "si c'est non, c'est non", a déclaré Alain Juppé à la presse à Bordeaux dans l'après-midi. Et malheureusement, "je verrai se dérouler un processus désastreux sans avoir pu l'arrêter". "Ce qui est désormais en cause, ce n'est plus la présidence de l'UMP, c'est l'existence même de l'UMP", écrit Alain Juppé dans son communiqué. "Notre mouvement est menacé d'éclatement, voire de disparition. Ce serait un séisme dans la vie démocratique de notre pays", ajoute l'ancien président de l'UMP (2002-2004).
"Clarification nécessaire"
M. Juppé s'est adressé le reproche de n'avoir "pas été plus volontaire" au moment de sa propre candidature à la présidence de l'UMP, "c'est fait, c'est fait, il n'y a pas de raison de regretter". Il a eu des mots durs pour les "ambitions personnelles" des rivaux pour la présidence de l'UMP. "De quoi s'agit-il ? Qui sera le mieux placé pour 2017 ? Je crains fort qu'aucun des deux ne le soit, si ça continue comme ça."
"Ayant contribué, avec d'autres, à la création de notre grand parti de la droite et du centre dont j'ai été le premier président, je ne peux me résoudre à laisser se poursuivre ce scénario désastreux sans prendre une initiative". Il constate qu'après la contestation par le clan de François Fillon des résultats de l'élection qui ont abouti à la désignation de Jean-François Copé comme président, "il est nécessaire de clarifier la situation" et il "en appelle à nouveau au sens des responsabilités" des deux rivaux "pour qu'ils acceptent cette clarification".
L'instance collégiale qu'il propose "s'appuierait sur les commissions statutaires compétentes et aurait pour tâche, dans un délai de 10 jours, de réexaminer l'ensemble des résultats, sur la base des conclusions de la Cocoe (Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales, NDLR), ainsi que l'ensemble des remarques et contestations émises par les deux camps devant la commission nationale des recours, pour proclamer un résultat fidèle à la décision de nos militants".
"Pas optimiste"
"Une méfiance s'est développée dans les deux camps qui fait qu'aujourd'hui le fonctionnement des deux instances statutaires ne suffit pas", a expliqué Alain Juppé par la suite, précisant qu'il propose pour cela "une instance extra-statutaire, s'appuyant" à la fois sur la Cocoe et la commission des recours.
Présider cette instance signifierait seulement pour lui qu'il aurait "moins de temps que prévu jusqu'à Noël". "Moi je n'attends rien. Je n'ai pas envie d'être président de l'UMP", a réaffirmé le maire de Bordeaux, candidat à sa propre succession en 2014.
À peine publiée, l'initiative Juppé a été saluée par François Fillon, qui avait appelé dès mercredi Alain Juppé à jouer le médiateur dans cette affaire. Jean-François Copé, pour sa part, selon son directeur de cabinet, Jérôme Lavrilleux, est "prêt à accepter le verdict qui sera prononcé par M. Alain Juppé", tout en précisant que la vérification du résultat devrait prendre en compte "les conclusions à la fois de la Cocoe mais aussi de la commission nationale des recours". Une pseudo-ouverture selon les fillonistes, qui estiment que la commission des recours est copéiste.
Alain Juppé n'est "pas optimiste" sur sa proposition, étant donné "l'exaspération dans les deux camps". "Mais il n'est jamais trop tard", a-t-il ajouté.