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Un enseignant suspendu
Un enseignant suspendu pour avoir demandé à ses élèves de s'imaginer au bord du suicide
lien Un collège en France (Photo Frank Perry/AFP/Archives)Lundi 10 décembre 2012, 21h34
Un enseignant d'un collège de Charente a été suspendu temporairement lundi, après avoir demandé à des élèves de 3e d'écrire une rédaction en se mettant dans la peau d'un jeune suicidaire éprouvant du "dégoût" pour lui-même.Ce professeur de français au collège Antoine-Delafont, à Montmoreau-Saint-Cybard, au sud d'Angoulême, a été reçu lundi par le directeur d'académie Jean-Marie Renault, qui lui a "officiellement notifié" sa suspension provisoire.
M. Renault a par ailleurs précisé, au cours d'une conférence de presse, que le libellé du devoir présenté aux élèves de deux classes de 3e de ce collège était "bien une mise en situation" de suicide.
"On suggère à l'élève qu'il est sur le point de mettre un terme à sa vie et de raconter. C'est ce qui nous apparaît tout à fait dérangeant", a-t-il ajouté.
Selon La Charente Libre, qui a révélé l'affaire lundi, les élèves se sont vu proposer le 22 octobre le sujet suivant, confirmé par directeur d'académie: "Vous venez d'avoir 18 ans. Vous avez décidé d'en finir avec la vie. Votre décision semble irrévocable. Vous décidez dans un dernier élan de livrer les raisons de votre geste. En dressant votre autoportrait, vous décrivez tout le dégoût que vous avez de vous-même. Votre texte retracera quelques événements de votre vie à l'origine de ce sentiment."
"Nous sommes révoltés que l'on puisse proposer ce genre de sujet à des enfants qui ont entre 13 et 14 ans", ont écrit des parents dans un courrier à l'établissement et à la direction d'académie.
M. Renault a précisé que l'enseignant n'avait donné pour l'instant que des explications "confuses", mais qu'il pourrait développer dans les jours qui viennent ses motivations pédagogiques.
Ses explications permettront de dire s'il s'agit d'une "faute professionnelle" ou d'une "grosse maladresse", a expliqué le directeur d'académie.
"Si (le sujet) a été lancé de cette façon, sans accompagnement, sans contexte, c'est dangereux, il vaut mieux relire Camus", avait pour sa part déclaré, en début de journée sur Europe 1, la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso.
Selon le directeur académique, ce professeur, qui est arrivé récemment à Montmoreau, enseigne "depuis quelques années" et est généralement jugé "bienveillant, apprécié des parents et des élèves".
Un syndicaliste assistant l'enseignant, Alain Héraud, secrétaire départemental du Snes-FSU en Charente, a toutefois nuancé les choses, assurant à une correspondante de l'AFP qu'"il y a un décalage entre l'interprétation faite par quelques parents" et la réalité.
Jointe par l'AFP, Hélène Ferrari a affirmé que son fils avait planché sur le sujet incriminé. "Ce qui me choque, c'est de lier l'autobiographie au suicide. C'est carrément gonflé", a-t-elle réagi.
Auparavant pourtant, la méthodologie de l'enseignant lui plaisait car elle était "structurée et structurante pour les élèves", a ajouté cette mère de famille.
Lola (prénom changé à sa demande, ndlr), une élève de 3e de cet enseignant jointe par l'AFP, a expliqué qu'elle n'avait pas planché sur ce sujet, mais sur un autoportrait dont le principe était de se mettre "dans la peau de quelqu'un qui ne se sent pas bien".
Elle a tenu à prendre la défense de l'enseignant. "C'est notre prof préféré, le meilleur prof que l'on ait jamais eu au collège. On ne souhaite pas qu'il soit sanctionné", a-t-elle assuré.
Un sujet ainsi posé "c'est très dangereux (...) surtout pour des adolescents qui se cherchent, doutent d'eux-mêmes", a expliqué à l'AFP le docteur Xavier Pommereau, psychiatre et spécialiste de l'adolescence en difficulté.
"On peut faire réfléchir un adolescent sur tous les sujets (...) à la seule condition expresse de ne jamais le mettre, lui, en position d'acteur défavorable", a-t-il ajouté.
"Il faudrait plutôt leur dire +Qu'est ce que vous feriez pour venir en aide à un ami qui vous parle d'idées suicidaires?+ " selon ce médecin.
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