Une nouvelle affaire Kerviel? Boris Picano-Nacci, ancien trader de la Caisse d'Epargne, sera jugé pour "abus de confiance". En cause : la perte de 751 millions subie par la banque en octobre 2008. A cette époque, il était chargé de la gestion pour compte propre, c'est-à-dire des fonds appartenant à la banque, sur le marché des dérivés actions de la Caisse d'Epargne, qui a ensuite fusionné avec la Banque populaire.
Il devait, avec deux autres collègues, liquider progressivement son portefeuille d'ici la fin de l'année, la banque ayant décidé de cesser ses activités d'investissements au 31 décembre. Au début du mois d'octobre, les pertes dépassaient déjà les 100 millions d'euros. Si le trader assure avoir informé ses supérieurs de la situation, la banque affirme qu'il aurait tenté de minimiser les risque par des déclarations "rassurantes" et "mensongères".
Une perte qui a contraint les dirigeants à démissionner
Les positions du trader n'avaient été soldées qu'entre le 14 et le 17 octobre. Résultats des opérations : 751 millions d'euros en moins dans les comptes de la banque. La Caisse d'épargne et de prévoyance (CNCE) avait alors décidé de porter plainte contre X, mettant en évidence des "éléments troublants pouvant revêtir à l'évidence une qualification pénale". Un audit mené en interne avait ensuite assuré que le trader s'était "engagé de sa propre initiative et pour des montants importants (...) dans une stratégie risquée".
Lors de sa garde à vue, Boris Picano-Nacci avait déclaré avoir été laissé libre d'agir sur les marchés jusqu'au 31 décembre. La banque, de son côté, avait réaffirmé que la seule règle donnée à ses traders était de réduire leurs manoeuvres sur le marché. Cette affaire avait eu des conséquences jusqu'en haut de la hiérarchie. Charles Milhaud, président de la Caisse d'Epargne, et Nicolas Mérindol, directeur général, avaient été contraints de démissionner sous la pression du gouvernement. En juillet 2009, la banque avait été condamnée à une amende de 20 millions d'euros pour avoir enfreint la réglementation sur le contrôle interne. Une peine annulée par le Conseil d'Etat en novembre 2010.