• Un système rôdé d?évasion fiscale dénoncé dans l?enquête « censurée » sur le Crédit mutuel

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    Un système rôdé d’évasion fiscale dénoncé

    dans l’enquête « censurée » sur le Crédit mutuel

    LE MONDE | <time datetime="2015-10-07T06:57:46+02:00" itemprop="datePublished">07.10.2015 à 06h57</time> • lien Mis à jour le <time datetime="2015-10-07T19:00:45+02:00" itemprop="dateModified">07.10.2015 à 19h00</time> | Par

    Devant le siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci.

    Si, au dernier moment, Canal+ ne se lance pas dans des chicanes juridiques sous forme de référé, le documentaire Evasion fiscale, une affaire française, censuré en mai par la chaîne cryptée, doit être diffusé mercredi 7 octobre sur France 3 dans le cadre du magazine « â€ŠPièces à conviction â€Š», sous le titre Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel.

    Cette enquête fouillée et documentée réalisée par les journalistes Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci démonte un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisé par des dirigeants du Crédit mutuel. Cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi , la maison mère de la chaîne cryptée, ce qui expliquerait la volonté de l’industriel de ne pas gêner ce précieux allié.

    Lundi 5 octobre, Mediapart expliquait que la direction de Canal+ a revendiqué sans ambiguïté mi-septembre, devant des représentants du personnel, la censure du documentaire afin de « â€Šdéfendre les intérêts du groupe  ». «â€Š On ne tue pas ses amis », aurait déclaré Vincent Bolloré.

    Lire aussi : Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »

    Il est vrai que le travail réalisé par les auteurs de l’enquête est considérable. Remonté et légèrement rallongé par rapport à sa version initiale, le documentaire explique par le détail comment la banque Pasche, filiale à 100 % du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent alors qu’il est officiellement chômeur. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.

    Pseudonyme : Albert Camus

    Au cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens «â€Šsauvages » tournent court, ou mal.

    C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré de censurer le documentaire. Apostrophé fin avril à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ses méthodes – plutôt brutales – d’interview.

    Pour sa défense, la direction du Crédit Mutuel a indiqué en septembre à l’AFP qu’elle a porté plainte pour «â€Šdénonciation calomnieuse » auprès du parquet monégasque et «   qu’à ce jour, et bien que des enquêtes aient été diligentées à Monaco par les autorités judiciaires et financières, la banque ne fait l’objet d’aucune poursuite  ».

    Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel, de Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci (Fr., 2015, 70 min). France 3, mercredi 7 octobre, à 23 h 20

    Lire aussi : Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »

    Evasion fiscale : une enquête choc sur le Crédit mutuel dans "Pièces à conviction"

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    en direct  lien

    Présenté parPatricia Loison

    Diffusé le 07/10/2015Durée : 01h10

    </section><section>L’enquête dont Canal+ n’a pas voulu. Elle porte sur le Crédit mutuel et l’évasion fiscale. Cinquante-cinq minutes d’investigation spécialement tirée au cordeau par Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi pour l’émission "Pièces à conviction", diffusée sur France 3 mercredi 7 octobre à 23h20.

     

    Yachts au mouillage, port de Monaco... Dès la première image, on comprend qu’il ne s’agit pas ici seulement d’argent, mais de fortune. Costume cravate, tenue élégante, deux hommes et une femme ont rendez-vous sur une terrasse ensoleillée. Ce sont trois ex-employés d’une banque. Les trois sources principales de ce film qui vise à dénoncer un système d’évasion fiscale, via Monaco, la Suisse et la France. On y parle de la banque Pasche, une filiale du Crédit mutuel-CIC, dont les valeurs sont le partage, la solidarité et l’exemplarité. 

    Le charme discret des banques suisses

    Albert Camus dégaine son smartphone et appelle sa banque à Genève. "Allo, c’est Albert Camus, L’étranger,à l’appareil…" Une voix répond : "A qui L’étranger désire-t-il parler ?" "A son gestionnaire de compte", réplique Camus. Camus n’est pas le seul client de l’établissement. Il y a aussi Jules Verne, Simone de Beauvoir, Charles Baudelaire… Le journaliste raccroche. C’était donc vrai, il y a bel et bien des noms de code derrière lesquels se cachent nombre de grandes fortunes. Toutes ont le fisc en horreur et savent apprécier les charmes de la discrétion suisse. Cette scène constitue l’un des morceaux de bravoure du documentaire.

    Les pièces ne manquent pas dans cette démonstration pour le moins sulfureuse. Le film se présente d’ailleurs comme une investigation à livre ouvert. On y accompagne ce que fut le questionnement des trois cadres lorsqu’ils ont commencé à s’interroger sur d’importants mouvements de fonds au sein de leur banque, la Pasche, spécialisée dans la gestion des clients très riches. On assiste aussi à la contre-enquête des journalistes qui vont "au contact" des clients de l’établissement bancaire. Or ces gens-là n’apprécient pas vraiment ce genre de… contact. Ils préfèrent le dépôt en liquide avec liasses de billets de 500 euros à même le comptoir de la banque.

    Le "chômeur" italien dépose 200 000 euros en liquide

    Prenez cet Italien négociant en prêt-à-porter, qui a déposé en quatre mois plus de 200 000 euros à la Pasche de Monaco. En fait de négociant, c’est un chômeur, puisque de l’aveu même de ses proches, il n’aurait jamais travaillé. Lorsqu’il apprend que le journaliste s’intéresse un peu trop à lui, le coup de téléphone qu’il lui adresse est édifiant. "T’arrêtes d’appeler, t’as compris, c’est clair ?" Le ton est menaçant. Nul doute que ce monsieur sait ce que signifie l’usage de la force, cela sent le crime organisé. On fait mieux en matière de fonds "non douteux". Or, dans ce genre de situation, la loi monégasque oblige précisément le banquier à faire une "déclaration de soupçon". Sinon, il risque théoriquement une forte amende et de cinq à dix ans de prison pour ce délit pénal.

    Au fil des séquences, les pièces à conviction s’accumulent : les enregistrements des ex-employés alertant leurs supérieurs, les dénégations ou les aveux résignés de ces derniers. Confondant. On va même jusqu’à croiser l’actuel scandale des pots-de-vin de la Fifa. L’un des clients de la banque n’est autre que l’ancien président de la fédération de foot brésilienne. Et le FBI examine son cas de très près, un cas chiffré à 30 millions de dollars de corruption présumée.

    D'étranges services et de mystérieux porteurs de valises

    Les "aventures sonnantes et trébuchantes" de l’enquête ne s’arrêtent pas là. "Vous qui avez une grosse fortune, pour éviter l’impôt, nous avons la solution !" Tel était, semble-t-il, le credo des apporteurs d’affaires, des chargés de clientèle. Cela s’appelle du démarchage illicite et, là encore, les autorités françaises n’apprécient vraiment pas. Amendes lourdes et peines de prison sont à la clé. Or c’est un véritable système d’évasion fiscale qui est près d'être ici mis au jour. Le service rendu est des plus efficaces, avec collecte des fonds en liquide, transports par valises, 10% de commission au porteur du précieux bagage, et passage discret des fonds d’une banque à une autre. L’origine de ceux-ci n’est plus qu’un lointain souvenir. Ni vu ni connu, c’est ainsi que l’argent passerait les frontières.

    La justice est, bien sûr, saisie de ce présumé système d’évasion fiscale qui met en cause le Crédit mutuel-CIC et la banque Pasche. Les auteurs ont tenté de rencontrer les dirigeants. La réponse est toujours la même : "Tout cela n'a jamais existé. On ne commente pas les affaires sous main de justice. Un contrôle interne existe. On n’a jamais découvert aucune pratique illicite."

    La rédaction dePièce à conviction vous invite à commenter l'émission sur sa page Facebook ou sur Twitter avec le hashtag #PacFTV

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