• Convention démocrate : Michelle Obama triomphe

    L'ouverture de la convention démocrate mardi 4 septembre, à Charlotte en Caroline du Nord, a été un immense succès. Militants enthousiastes, première dame ovationnée, tweets à haute fréquence... On en oublierait presque que les deux candidats sont au coude à coude dans les sondages.

    05.09.2012 | Virginie Lepetit | Courrier international

    Dessin de Horsch, Allemagne

    Dessin de Horsch, Allemagne


    Charlotte, Caroline du Nord, le 4 septembre. La ville a vibré au rythme de la soirée d'ouverture de la convention démocrate. Les orateurs se sont succédé à la tribune, et même sur l'écran géant puisqu'il a été fait appel au sénateur Edward (Ted) Kennedy [décédé en 2009] pour qu'il apporte son soutien posthume à Barack Obama. Mais la vraie star de la soirée a été l'épouse du président, Michelle Obama.

    La première dame, qui est apparue dans une robe rose sans manches (une liberté vestimentaire assez rare pour être soulignée par les journaux les plus sérieux des Etats-Unis), a été la "tête d'affiche de la soirée d'ouverture", titre le New York Times. Michelle Obama a dressé un long portrait extrêmement flatteur de son époux et de l'action qu'il mène : "Aujourd'hui, après tant de luttes et de triomphes, de moments pendant lesquels mon époux a été mis à l'épreuve comme jamais je n'aurais pu l'imaginer, a-t-elle expliqué, j'ai pu constater de mes yeux que devenir président ne change rien à votre personnalité. Cela la révèle."

    Ce discours, destiné d'abord à "humaniser son mari", souligne Politico, et à récréer la magie de 2008, a souligné en creux tous les manques et les défauts de Mitt Romney. Sans jamais citer le candidat républicain, elle est parvenue à lui porter plusieurs coups, "d'une main de fer dans un gant de velours", selon le Daily Beast... Par exemple en évoquant l'éducation qu'elle et son mari ont reçu : "[Nos parents], a-t-elle déclaré, nous ont enseigné la dignité, la décence. Que travailler dur compte bien plus que ce que vous gagnez. Qu'aider les autres a plus de sens que de s'élever seul."

    Elle a aussi déclenché, sur place, l'enthousiasme du public, et, sur Internet, une vague de tweets sans précédent, comme le souligne USA Today. Anonymes ou journalistes ont beaucoup plus suivi et relayé cette soirée que celle de la convention républicaine il y a tout juste une semaine. A son climax, le discours de Michelle Obama a déclenché plus de 28 000 tweets par minute, contre un peu plus de 14 000 au plus fort du discours de Mitt Romney, la semaine dernière.

    Et les commentateurs n'ont pas fait dans la dentelle. Pour le critique média du New York Times, David Carr, "la seule qui a vraiment marqué des points lors de cette saison des conventions, c'est la première dame." Pour Chuck Todd, de la chaîne MSNBC, "Michelle Obama s'est emparée de cet événement d'une façon que je n'ai pas vu à [la convention républicaine de] Tampa".

    Quant aux arguments des détracteurs, ils volent bas : "A Charlotte, la première des monologues du vagin se déroule comme prévu", signe élégamment le commentateur de CNN, Eric Erickson (catalogué à droite), faisant référence à la première dame et aux autres intervenantes autant qu'au public, très féminin. Un tweet étonnant, alors même que tous les partis courent après les voix des femmes, et qui lui a évidemment valu les foudres des internautes. commenter            
    Le défunt Ted Kennedy à la rescousse

    Les démocrates ont besoin
    de symboles. Et la famille Kennedy reste l'un des plus forts du parti. Les
    participants à la convention ont donc aussi ovationné les images de Ted
    Kennedy, décédé en 2009, qui ont défilé sur l'écran (le petit frère de JFK avait apporté un
    soutien de poids à Barack Obama face à Hillary Clinton pendant les primaires
    démocrates en 2008). Cet hommage appuyé retraçait les grands combats politiques
    du sénateur pour                                              

    l'assurance-santé, les droits civiques, etc. Mais ce sont les
    extraits du débat télévisé avant les sénatoriales de 1994, qui
    opposait Ted Kennedy à Mitt Romney, qui ont soulevé l'enthousiasme du public à Charlotte. L'occasion de rappeler que les critiques d'alors sont toujours
    d'actualité, et que Ted Kennedy avait à l'époque mouché son jeune et fringant
    adversaire.


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  • Présidentielle américaine : Michelle Obama fait rêver la convention démocrate

     

    La Première dame des Etats-Unis Michelle Obama est montée ce mardi à la tribune de la convention démocrate à Charlotte, en Caroline du Nord, affirmant que ces quatre dernières années à la Maison Blanche n'avait pas changé Barack Obama et qu'il méritait encore la confiance du pays.

    MB et AFP
    Le 05/09/2012 à 6:23lien
     

    Lors de la première journée de la convention démocrate à Charlotte, sans jamais mentionner le nom de Mitt Romney, l'adversaire républicain de son mari à l'élection présidentielle du 6 novembre, Michelle Obama a dessiné en creux tout ce qui séparait les deux hommes.

    Souriante, vêtue d'une robe sans manche rose et dorée de la styliste américaine Tracy Reese, elle a fait l'éloge d'un président dont les valeurs ont, selon elle, guidé les décisions en matière d'économie, d'éducation ou de santé, un homme "en qui nous pouvons croire". "Il me rappelle que le changement est difficile, que le changement est lent, et qu'il n'arrive jamais immédiatement. Mais au final nous y arrivons, nous y arrivons toujours", a-t-elle déclaré.

    "Barack sait ce qu'est le rêve américain, parce qu'il l'a vécu"

    "Barack sait ce qu'est une famille qui a du mal", "Barack sait ce qu'est le rêve américain, parce qu'il l'a vécu". "Pour Barack, le succès ne se mesure pas à combien d'argent vous gagnez, mais à la différence que vous faites dans la vie des gens", a également affirmé Michelle Obama, racontant le père attentionné et le mari dont elle ne voulait pas qu'il change en devenant président.

    Michelle Obama, qui a toujours évité les sujets politiquement sensibles, a bâti sa popularité sur des thèmes qui parlent aux Américains, comme ses campagnes contre l'obésité des enfants et pour une meilleure alimentation - elle a un jardin bio à la Maison Blanche - ou en faveur des familles d'anciens combattants.

    VIDEO

    Vidéo : François-Xavier Ménage, Guillaume Hoair et Philippe Vignot


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  • Accueil > Présidentielle US 2012 > Charlotte : l’Obamania vit encore

    Charlotte : l’Obamania vit encore

    Créé le 04-09-2012 à 06h57 - Mis à jour à 17h14

    Les démocrates fêtent l'ouverture de leur convention à Charlotte, où les rues ont été envahies par des milliers d'Américains, partisans ou non du président.

     

    Les soutiens de Barack Obama se font entendre à Charlotte avant le lancement de la convention démocrate. (Patrick Semansky/AP/SIPA)

    Les soutiens de Barack Obama se font entendre à Charlotte avant le lancement de la convention démocrate. (Patrick Semansky/AP/SIPA)
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    Eh non, l’Obamania n’est pas passée de mode, au contraire. Michèle et Barack enlacés, Barack avec son chien BO, la famille au complet façon chromo… Tee-shirts, livres, photos, pyjamas, pins, badges, tasses, coussins, tableaux, et autres font un carton, quelquefois avec un mauvais goût sans limite. "Ca démarre très fort", reconnait Delia, qui a écoulé plus de 400 badges à 3 dollars pièces en quelques heures.

    Alors que la convention démocrate n’a même pas commencé, c’était la fête, lundi 3 septembre, à Charlotte. Une jolie fête populaire, joyeuse, enthousiaste, plus métissée à coup sûr que lors de la convention républicaine de Tampa la semaine dernière, d’après tous ceux qui en reviennent. Des hôteliers et des loueurs de voiture, c’est vrai, se plaignent hier de ne pas avoir fait le plein comme ils l’espéraient, et ont du revoir leur tarif à la baisse in extremis.

    "Welcome in Charlotte"

    Mais rien n’est joué. 35 000 personnes, des délégations de militants venus des 50 Etats, 9000 délégués, et au moins autant de journalistes sont attendus. Pour Barack Obama, qui a remporté de justesse cet Etat en 2008, le choix de Charlotte qui compte 10% de chômage, 2 points au dessus de la moyenne nationale, était risqué. Des opposants seraient allés faire du porte à porte il y a quelques jours chez les plus démunis pour les convaincre de manifester. Mais pour l’instant, c’est raté. L’accueil est chaleureux. "Welcome in Charlotte", entend on toute la journée. Question ambiance, imaginez la grande Braderie de Lille, saupoudrée d’activistes politiques de tout poil, avec un je ne sais quoi du festival de Cannes et vous aurez une idée de l’atmosphère qui régnait hier dans les rues de Charlotte. Claustrophobes s’abstenir.

    Il y a des attractions pour enfants, des vendeurs de beignets, des musiciens de rue, des stands de pétitionnaires en tout genre, une fanfare et des chearleaders…. "Votez démocrate : vous sauverez vos fesses", lit on sur la pancarte d’une mamie black… Des médecins font signer des pétitions pour la réforme du système de santé, des familles de militaires pour le retrait des troupes. Difficile d’avancer, tant la foule est compacte. Beaucoup de familles, auxquelles se mêlent des "people", stars et autres vedettes de talks show mitraillés par les badauds. Il y a des touristes en short, des militants endimanchés et des jeunes filles en lamé, perchées sur des talons aiguilles, en route pour quelque soirée privée. Car comme à Cannes, il ne suffit pas d’être accrédité. Encore faut il avoir le bon carton.

    Les anti-Obama donnent de la voix

    Des opposants de tout poil haranguent la foule, comme ce militant sioniste qui fustige Obama devant le centre de convention, ou ces républicains qui sillonnent la ville avec leur gros car sur lequel on peut lire en lettres géantes  "démocrates = socialisme + corruption". Un couple de mormons handicapés distribuent des tracts en faveur de l’Obamacare, un Hare Krishna, rescapé des années 80 essaie de faire du prosélytisme, un illuminé, bras, en croix, s’en prend aux homosexuels, tandis que des évangélistes distribuent de gel anti bactérien …

    On croise de nombreux opposants à l’avortement, certains avec d’ignobles pancartes sanguinolentes, sans susciter beaucoup de réaction. Et comme la veille, plusieurs centaines de militants du mouvement Occupy Wall Street débarquent sous bonne escorte, espérant reprendre du poil de la bête pour retrouver l’élan de l’automne dernier. Pour l’instant, pas le moindre débordement. Un important dispositif de policier, à cheval, à vélo, et à pied, dépêché des quatre coins du pays, veille au grain. Et ce n’est que le début. Les affaires sérieuses commencent.


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  • Michelle, la FLOTUS qui décoiffe

    Créé le 04-09-2012 à 19h41 - Mis à jour à 21h51lien

    La "First Lady Of The United States" prend la parole cette nuit lors de la Convention démocrate. Adorée des Américains, elle pourrait être la clef du réenchantement de la campagne de son mari.

     

    Michelle, la FLOTUS qui décoiffe (MLADEN ANTONOV / AFP)

    Michelle, la FLOTUS qui décoiffe (MLADEN ANTONOV / AFP)

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    Hier, en vraie pro, elle est allée repérer les lieux, tester le micro, vérifier chaque détail. Michelle Obama n’est pas du genre à être paralysée par le trac, mais ce soir, elle le sait, elle joue gros. Attendue en super star, c’est elle qui ouvre le bal, avec la lourde charge de convaincre l’Amérique que son mari n’a pas failli et qu’il faut lui laisser plus de temps pour mener sa tâche à bien.

    Elle va certainement rappeler son parcours, ses valeurs, usant de son talent pour émouvoir les foules. Un speech qui ne devra rien au hasard, "très touchant" d’après Valérie Jarrett, la plus proche collaboratrice d’Obama, considérée comme l’Eminence grise de la Maison Blanche. Michelle Obama, c’est l’atout maître d’Obama. La seule, peut être qui puisse remonter la cote en berne de son mari et tenter de recréer la magie de Denver, il y a quatre ans.

    Sacrée Michelle ! Drôle, tonique et vraie, la FLOTUS comme on l’appelle ici (First Lady of The United States) restera dans l’histoire des Etats- Unis comme la plus décoiffante et sans doute l’une des plus influentes première dame que la Maison Blanche ait connu. Bien plus populaire, aujourd’hui, que son mari, c’est son alliée inconditionnelle, sa première conseillère, son "sparring partner" le plus exigeant.

    Elle ne transige pas avec ses principes

    Une pièce maîtresse de la campagne, aussi. Dîners de levée de fonds, séances photos à 15.000 dollars, elle le soutient, revoit ses discours, le pousse à sortir de sa froide rhétorique pour se montrer plus personnel. Plutôt introverti, quelquefois arrogant, souvent isolé, Obama a un besoin inconditionnel de l’approbation de cette femme de tête qui ne transige pas avec ses principes et déteste la politique politicienne : "il passe ses journées avec des conseillers qui l’abreuvent de sondages et lui rappellent les réalités de Washington, et ses soirées avec Michelle qui lui répète qu’il ne soit pas se laisser distraire de son projet, et qu’il faut être bon et courageux", expliquait la journaliste du "New York Times" Jodi Kanter, dans son best seller consacré au couple présidentiel (*)

    Michelle convainc son mari de ne pas abdiquer sur la réforme de la santé, fait valoir ses vues sur l’immigration. Mais le protocole, l’isolement et les inévitables dîners d’épouses l’assomment. Les premiers mois de son mandat, en entrant dans le bureau ovale, elle lui disait en riant, comme à un imposteur : "mais qu’est ce que tu fais là, toi ?". Aujourd’hui encore, jour de rentrée scolaire dans la plupart des Etats, elle a bien dit que puisqu’elle était clouée à Charlotte, il faudrait qu’il assure la rentrée scolaire de sa fille Malia qui entre au collège.

    "Notre modèle à tous"

    Les débuts ont été un peu chaotiques comme lorsqu’elle s’est déclarée fière de son pays "pour la première fois" après l’élection de 2008. Mais très vite, sa personnalité drôle et spontanée ont fait oublier ses erreurs de débutantes. "Elle est belle, intelligente, cultivée et en plus c’est une mère formidable, ce qui pour moi est important. Elle est la fierté de l’Amérique, et notre modèle à toutes", s’enflamme Brenda, une militante venue à Charlotte avec quatre amies afro-américaines de l’Illinois.

    Son parcours personnel depuis les banlieues difficiles de Chicago à la Maison Blanche, en passant par Harvard, sont la parfaite incarnation d’un rêve américain qui laisse encore trop souvent les blacks de côté. "Elle a formidablement changé le regard sur la femme noire et sur la famille black en général, toujours présentées comme défaillante, monoparentale, toujours associées aux problème de drogue, d’échec scolaire et de délinquance. Elle a contribué à la self estime des jeunes filles afro-américaine", ajoute son amie Cynthia.

    Qu’on puisse la comparer à Ann Romney, très populaire elle aussi et qui tente, comme Michelle, de doper la cote de son mari met les quatre amies en colère : "mais c’est tout l’inverse ! Je n’ai rien contre madame Romney, mais comment peut on comparer une femme qui s’est bâtie à la force du poignet et qui s’est toujours battue pour les autres à quelqu’un qui est née avec une cuillère d’argent dans la bouche ?".

    Les névroses raciales et sexistes de l'Amérique

    Avocate très respectée, Michelle Obama aura surtout été, durant ces quatre années à la Maison Blanche, une First Mum, endossant, malgré son image très moderne, un rôle somme toute plutôt traditionnel. Elle s’est tenue à l’écart de tout sujet strictement politique, préférant s’investir dans des sujets concrets, comme la réintégration des vétérans et surtout la lutte contre l’obésité infantile, son grand combat.

    Avait-elle le choix ? Hillary Clinton s’était fait tailler en pièce en tentant de porter la réforme de la santé durant le mandat de son mari. Michelle savait qu’on ne lui laisserait aucune marge de manœuvre. Qu’au premier faux pas hors des limites acceptables pour une First Lady, afro américaine de surcroit, elle serait à nouveau caricaturée comme "la femme noire en colère", ce stéréotype bien ancré dans l’inconscient collectif Américain.

    Le livre de Judy Cantor a bien failli l’enfermer dans ce rôle en racontant ses relations orageuses, avec certains ténors de l’Administration Obama. Elle est retournée à son jardin potager à la Maison Blanche, ce qui a bien faire rire tous ceux qui la connaissent. "Vraiment pas son truc", raconte Mark, qui a travaillé un temps avec elle à Chicago. Stephen, prof de Sciences politiques de l’Ohio à un petit regret : "Elle a fait le job mais elle n’a pas été la First Lady qu’elle aurait pu être. Elle est intelligente, superbe. Elle aurait pu être Eleanor Roosevelt. Les névroses raciales et sexistes de l’Amérique l’ont cantonné à ce rôle traditionnel."

     

    (*) The Obamas, Judy Cantor


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  • Dernière modification : 04/09/2012 

    Julian Castro, l'atout latino de Barack Obama

    Pour la première fois, c'est un Latino qui sera le "grand orateur" de la convention démocrate, qui commence ce mardi. Surnommé le "Barack Obama hispanique", Julian Castro fait figure d'étoile montante du parti. Portrait.

    Par Emmanuel SAINT-MARTIN , envoyé spécial à Charlotte, États-Unis (vidéo)lien
    Aude MAZOUE (texte)
     

    Il incarne à lui seul le rêve américain. Dans ses costumes ajustés, paré d'un sourire impeccable, cet homme de 37 ans à la belle peau cuivrée est un pur modèle de réussite au pays de l’Oncle Sam. Julian Castro, un métisse d’origine mexicaine, aura l'honneur d'occuper la fonction de "grand orateur" de la convention démocrate, qui débute à Charlotte (Caroline du Nord), ce mardi 4 septembre, au cours de laquelle Barack Obama doit être officiellement désigné candidat du parti de l'âne à la présidence des États-Unis.

    Julian Castro annonce qu'il est officiellement le "keynote speaker" de la convention des démocrates
         VIDEO
     

    "C’est un honneur que je ne prends pas à la légère", révèle l'actuel maire de San Antonio (Texas) dans la vidéo qui rend publique sa nomination. Être désigné "grand orateur" de la convention démocrate est, en effet, un honneur que sa grand-mère Victoria, une immigrée mexicaine analphabète, n’aurait jamais osé imaginer, même dans ses rêves les plus fous.

    Retour sur une success story

    Fuyant le Mexique à la recherche d’un avenir meilleur, la jeune femme a appris seule à lire et à écrire en espagnol puis en anglais. Tout en occupant les postes de cuisinière et de femme de ménage, elle met au monde une fille, Rosita, qui aura à son tour des jumeaux, Julian et Joaquin. Les deux garçons, élevés par une mère célibataire, baignent très vite dans la politique. Rosita Castro intègre La Raza Unida, un groupe radical qui, dans les années 1970, défend les droits des "Chicanos", les Mexicains-Américains.

    Les deux frères embrassent le même parcours universitaire et enchaînent ensemble les succès. Après avoir décroché un diplôme en sciences politiques et en communication à l’Université de Stanford, en 1996, ils s’offrent le très prestigieux diplôme de la Harvard Law School, en 2000.

    Diplômes en poche, les petit-fils d’immigrés se lancent en politique dans le camp démocrate. De 2001 à 2005, Julian Castro devient membre du conseil municipal de San Antonio (Texas) et caresse l’espoir d’en prendre la tête. Il se présente alors aux élections municipales de 2005 face à l'ancien juge Phil Hardberger mais essuie sa première défaite.

    C’est en 2009 qu’arrive la consécration. Élu avec 56,23 % des voix, le jeune homme prend la tête de la ville de San Antonio, devenant au passage le plus jeune maire des 50 plus grandes villes américaines. Très populaire, il est réélu sans aucune difficulté en 2011 avec 81,44 % des voix. Un véritable exploit réalisé sur une terre traditionnellement républicaine et conservatrice. Julian Castro épouse Erica Lira en 2007. De leur union naît une petite fille, Carina Victoria Castro, en 2009. Son frère Joaquin n’est pas en reste côté succès politiques. Depuis 2003, il siège à la Chambre des représentants du Texas. Devant cette belle success story familiale, Julian Castro a la victoire modeste : “Mon histoire n’a rien d’extraordinaire, c’est ce pays qui est extraordinaire”.

    Julian Castro, l’étoile montante des démocrates

    Aujourd'hui, de nombreux observateurs voient en Julian Castro, considéré comme l'étoile montante du Parti démocrate, un digne héritier de Barack Obama. Pour Thomas Snégaroff, spécialiste de politique américaine et auteur du livre "L’Amérique dans la peau", Julian Castro a la lourde tâche de "réenchanter la convention démocrate". La mission n’est pas simple. Élu à la tête des États-Unis il y a quatre ans grâce, notamment, à une mobilisation des plus jeunes et des Latinos, Barack Obama est confronté, cette année, à un nouveau défi : relancer l'enthousiasme de catégories de populations durement touchées par la crise. "C’est d’ailleurs le vote latino qui pourrait faire pencher la balance", précise Thomas Snégaroff dans un entretien accordé à FRANCE 24.

    Dans la guerre de séduction des Latinos que se livrent républicains et démocrates, les premiers ont également trouvé leur poulain : le jeune sénateur de Floride Marco Rubio, un fils d’immigrés cubains, qui a lui aussi pris la parole durant la convention des républicains, à Tampa.

    Aux côtés de Michelle Obama et entouré des ténors du Parti démocrate comme le vice-président Joe Biden et l'ancien chef de l'État Bill Clinton, Julian Castro n’a pas d’autre choix que d’enflammer la salle entière s’il veut marcher dans les pas de l’actuel président. Il y a huit ans, à Boston, un jeune démocrate de l’Illinois avait été désigné pour effectuer la "keynote" de la convention investissant John Kerry. Ce jeune homme inconnu du grand public s’appelait Barack Obama. Avec son discours, intitulé "The Audacity of Hope"  ("L’audace d’espérer"), il avait réussi à galvaniser la foule. Une audace d’espérer dont Julian Castro pourrait bien s’inspirer.

    Discours de la convention démocrate de Julian Castro, Texas 2012.
    VIDEO

    (Crédit Jamesgatz)


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