• Vive la crise !

    Vive la crise !

    LE MONDE GEO ET POLITIQUE | <time datetime="2013-03-29T15:11:30+01:00" itemprop="datePublished">29.03.2013 à 15h11</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-04-01T12:03:28+02:00" itemprop="dateModified">01.04.2013 à 12h03</time>

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    Une nouvelle fois, la City tire remarquablement son épingle du jeu. Malgré la vague de récents scandales qui ont gravement terni son image, en dépit de l'austérité et des licenciements, la place financière londonienne est plus que jamais prospère. A lire le classement du cabinet de consultant anglais Z/Yen, publié le 25 mars, le "square mile" est resté, en 2012, sur la première place du podium devant New York, Hongkong, Singapour et Zurich.

    Chapeau ! Prospère, la City l'est toujours. L'un des paradoxes les plus britanniques est le contraste saisissant entre l'essor du pôle financier et le déclin de l'industrie malgré les efforts du gouvernement conservateur - libéral-démocrate pour rééquilibrer l'économie après les folles années de l'argent roi.

    Certes, ce succès n'est pas exempt de dangers. Le lobby bancaire redoute le scénario du "Brexit", la sortie du royaume de l'Union européenne (UE) à l'occasion du référendum qui doit être organisé d'ici à 2017. L'effet d'un tel retrait sur la domination londonienne du marché des changes, en particulier de l'euro, est une grande inconnue. Et, d'ici là, la City redoute d'être marginalisée par la réforme de la supervision bancaire au sein de l'UE, le projet de taxe communautaire sur les transactions financières ou encore la croisade lancée en faveur d'une limitation des bonus.

    Par ailleurs, le transfert le 1er avril de la supervision bancaire de la Financial Services Authority, considérée comme laxiste, à la Banque d'Angleterre laisse présager un nouveau serrement de vis réglementaire. Le durcissement de la politique d'immigration, qui frappe également les travailleurs étrangers qualifiés, risque de compliquer le recrutement des meilleurs éléments. Enfin, les points noirs de la capitale - transport, coût de la vie, services de santé publique - ne s'améliorent pas, au contraire.

    Sans sous-estimer ces phénomènes, la place de Londres reste confiante. En effet, dans la foire d'empoigne de la mondialisation, face aux jeunes coqs bruyants d'Asie, la City a su tirer avantage de ses atouts pour conserver sa prééminence. La langue anglaise, le recours à la common law jurisprudentielle dans le droit des affaires, les fuseaux horaires, la formidable expérience des financiers, avocats et comptables, ainsi que la masse critique d'opérateurs expliquent le maintien de sa primauté planétaire au cours de l'année dernière. La relative souplesse de la réglementation, malgré son récent renforcement, est un autre avantage.

    Avec la baisse des impôts pour les plus riches en 2012, la suppression de la taxe sur le négoce d'actions de PME ou la réduction de la pression fiscale sur les fonds d'investissements dans le budget 2013-2014, le pouvoir politique a su combler la City, dont la belle et noble devise pourrait figurer au frontispice du 10 Downing Street : "Domine dirige nos" ("Seigneur, guidez-nous").

    Correspondant du "Monde" à Londres

    roche@lemonde.fr

     Marc Roche
    journaliste au Monde.fr


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