• Vote symbolique sur l'indépendance en Catalogne : "Ce n'est qu'un point de départ"

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    Vote symbolique sur l'indépendance en Catalogne : "Ce n'est qu'un point de départ"

    Les Catalans sont appelés à se prononcer sur l'indépendance de leur région. Un vote sans valeur légale, mais qui mobilisent de nombreux Barcelonais. Reportage. 

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    Des Barcelonais votent symboliquement sur l'indépendance de la Catalogne (Espagne), le 9 novembre 2014. 

    <figcaption>Des Barcelonais votent symboliquement sur l'indépendance de la Catalogne (Espagne), le 9 novembre 2014.  (GUSTAU NACARINO / REUTERS)</figcaption></figure></header>
    <section>Envoyé spécial à Barcelone 

    Mis à jour le <time datetime="2014-11-09T16:52:37+01:00" itemprop="dateModified">09/11/2014 | 16:52</time> , publié le <time datetime="2014-11-09T13:16:02+01:00" itemprop="datePublished">09/11/2014 | 13:16</time>

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    "Bon dia ! Com va ?" (Bonjour ! Comment ça va?). Dans les rues de Barcelone, la même scène se répète à l'envie, dimanche 9 novembre. On se fait la bise, on s'étreint et on se parle en catalan dans les longues files d'attentes qui jonchent écoles et collèges. Ce devait être un référendum sur l'indépendance de la Catalogne, ce sera finalement un "processus participatif". Un scrutin symbolique sans valeur légale, la Generalitat (région) de Catalogne a d'ailleurs l’interdiction de"participer activement" au processus.

     

    <figure id="image_857629">Dès l'ouverture des bureux de vote, de longues files d'attente se sont formées.<figcaption>Dès l'ouverture des bureux de vote, de longues files d'attente se sont formées. (VINCENT DANIEL / FRANCETV INFO)</figcaption></figure>

     

    Pas de quoi décourager Yuria, 34 ans. "Ce n'est qu'un point de départ qui nous permet d'expliquer au monde que nous n'avons pas le droit de nous exprimer". 

    "Voulez-vous que la Catalogne soit un Etat ?" et si oui, "Voulez-vous qu'il soit indépendant ?" Ce sont les deux questions écrites sur les bulletins de vote. Yuria votera "oui" et non". Les urnes sont en carton, l'organisation est parfois anarchique mais l'ambiance dans les bureaux de vote est détendue, joyeuse voire festive. Devant l'école Sant Josep Oriol, dans le quartier de la Trinitat Nova, Enricy, 81 ans, et Cecilia, 66 ans, s'enthousiament : "On attend ce jour depuis 300 ans ! Depuis 1714 et la défaite de la Catalogne face aux armées espagnoles des Bourbon !" Le couple est très ému de pouvoir voter "même pour du beurre", "oui à la sortie de l'Espagne".

     

    <figure id="image_857619">Cecilia et Enricy attendent ce jour "depuis 300 ans". <figcaption>Cecilia et Enricy attendent ce jour "depuis 300 ans".  (VINCENT DANIEL / FRANCETV INFO )</figcaption></figure>

     

    Margarita est, elle aussi, remplie d'émotion. A 67 ans, elle se souvient du régime autoritaire de Franco (1939-1975). "Mes parents chuchotaient en catalan, moi, je n'avais pas le droit de l'apprendre et de le parler. Ce sont mes premiers souvenirs, alors je pense forcément très à mes parents, à nos ancêtres", raconte la vieille dame, la voix serrée. C'est un "jour historique" pour Margarita, l'occasion de "dire non au royaume d'Espagne". "Franco, c'était la dictature. Mais ce régime de Madrid et ce roi, nous n'avons pas voté pour ça non plus !"

     

    <figure id="image_857639">Margarita, 67 ans, se souvient du régime de Franco. <figcaption>Margarita, 67 ans, se souvient du régime de Franco.  (VINCENT DANIEL / FRANCETV INFO)</figcaption></figure> 

     

    Dans les files d'attente, des indépendantistes radicaux croisent des Catalans énervés et lassés par l'attitude du gouvernement central de Madrid, qui, à deux reprises, a fait interdire la tenue du vote. Albert, un étudiant de 21 ans, va voter blanc, "tout simplement pour participer et montrer à Madrid qu'on ne peut pas sans cesse nous refuser le droit de s'exprimer". La liberté d'expression est sur toutes les lèvres. Peu importe le résultat de la consultation qui sera forcément biaisé, les partisans d'un maintien au sein de l'Espagne boycottant le scrutin, l'important est de participer. "S'exprimer et voter, ce sont quand même des droits fondamentaux", s'exclame Lidia, 54 ans, venue voter avec son fils.

    "Si le gouvernement de Madrid avait accepté le dialogue, je ne serais probablement pas là", confie Elisabeth en tirant sur sa cigarette, devant un bureau de vote du quartier touristique et traditionnellement indépendantiste Gràcia. Il y a neuf mois, cette architecte barcelonaise de 41 ans a eu "le déclic" : "Je me suis dit 'trop, c'est trop'". Elle s'est engagée au sein de l'Assemblée nationale catalane (ANC), la principale organisation citoyenne en faveur de l'indépendance de la Catalogne. Vendredi, elle a fait partie des volontaires qui ont appelé au hasard le maximum de Catalans afin qu'ils se déplacent pour voter.

     

    <figure id="image_857653">Une plateforme d'appels pour inciter les Catalans à voter a été mise en place vendredi. <figcaption>Une plateforme d'appels pour inciter les Catalans à voter a été mise en place vendredi.  (VINCENT DANIEL / FRANCETV INFO)</figcaption></figure>

     

    Car la participation est le seul enjeu de cette consultation sans conséquence juridique. "On ne peut pas interdire aux gens de s’exprimer. Madrid a dépassé les limites avec ses multiples interdiction. Nous nous battons pour la démocratie et nous allons continuer en espérant être le plus nombreux possible", explique à francetv info Jaume Marfany, vice-président de l’ANC.

    Dans le quartier Eixample, en plein centre de Barcelone, Cristian patiente avec sa femme devant un collège. "Certes, le vote est symbolique, mais plus nous serons nombreux à nous exprimer, plus Madrid sera obligé de nous tendre la main et d'accepter le dialogue. Manifester et voter, c'est tout ce qu'il nous reste face aux refus du gouvernement", affirme ce Barcelonais 38 ans.

     

    <figure id="image_857687">Dans les rues de Barcelone, les immeubles ont revêti le drapeau catalan. <figcaption>Dans les rues de Barcelone, les immeubles ont revêti le drapeau catalan.  (VINCENT DANIEL / FRANCETV INFO)</figcaption></figure>

     

    Cristian est accompagné de sa femme, Beatriz, 33 ans. Elle souhaite le maintien de la Catalogne au sein de l'Espagne. "Je suis catalane et je vais voter 'non'. Les indépendantistes en font trop à mes yeux. Il y a une trop grande victimisation, la Catalogne n'est pas à plaindre", estime la jeune femme. Des propos qui font bondir son mari. "Nos discussions sont forcément très animées mais on s'aime beaucoup", sourit Cristian.

    Dans la rue, un homme passe et s'emporte contre la file d'attente : "Vous faites n'importe quoi ! C'est une mascarade !"  Si le jour est historique pour de nombreux Catalans, une partie non négligeable d'entre eux s'inquiètent du dialogue de sourds qui s'est instauré entre le gouvernement central et les indépendantistes. Les partisans d'un maintien au sein de l'Espagne ont du mal à se faire entendre. Conception, 54 ans, espère que Madrid "prendra ce vote comme une main tendue pour le dialogue". Des mots qui font sourire les passants.

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