• À Dakar, les chefs d'État de la Cédéao menacent d'intervenir militairement au Mali

    Dernière modification : 02/04/2012 

    - Cédéao - Mali - Sénégal - Touareg


    À Dakar, les chefs d'État de la Cédéao menacent d'intervenir militairement au Mali

     

    Les chefs d'État de la Cédéao et les représentants de l'ONU, de la France et des États-Unis, réunis à Dakar, menacent d'intervenir militairement au Mali et souhaitent mettre en place un "embargo total" contre la junte qui a pris le pouvoir.

    Par Tatiana MOSSOT , correspondante à Dakar (vidéo)
    Dépêche (texte)
     

    AFP - Les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) réunis lundi à Dakar ont menacé  d'intervenir militairement au Mali en pleine tourmente et annoncé un "embargo total" à l'encontre de la junte qui a pris le pouvoir à Bamako.

    La Cédéao a décidé "de la mise en place immédiate" de sa force militaire "d'attente", a annoncé lundi à Dakar à l'issue du sommet le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de l'organisation.
                  
    "Nous avons décidé de la mise en place immédiate de la force d'attente de la Cédéao, en demandant au comité des chefs d'état-major de se réunir dès cette semaine à Abidjan pour voir les modalités d'activation de cette force", a déclaré M. Ouattara.
                  
    L'organisation a également décidé d'un "embargo total" contre la junte au pouvoir à Bamako à l'expiration d'un ultimatum.

                 
     "Toutes les mesures,

     

    diplomatiques, économiques, financières et autres sont applicables dès aujourd'hui (lundi) et ne seront levées que quand l'ordre constitutionnel (sera) effectivement rétabli", a déclaré M. Ouattara, ajoutant: "Nous avons demandé que l'embargo soit total".
                  
    Le sommet auquel ont participé une dizaine de chefs d'Etat et des représentants de l'ONU, de la France et des Etats-Unis notamment, a été ouvert par le président ivoirien Alassane Ouattara, peu après la prestation de serment du nouveau président sénégalais Macky Sall.
                  
     Présents notamment, le Burkinabé Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao pour la crise malienne, le Béninois Yayi Boni, chef de l'Etat béninois et président en exercice de l'Union africaine (UA), Saïd Djinnit, représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest et Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères.
                  

    "La situation se dégrade très rapidement", a déclaré Alain Juppé qui a conseillé aux Français "dont la présence n'est pas indispensable" de quitter le Mali où la France, "ne s'engagera pas militairement".
                  
    "Nous pouvons aider sur le plan logistique ou la formation, mais il n'est pas question de mettre des soldats français sur le sol du Mali", a-t-il précisé.
                 

     

    Le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait être saisi par Paris des éventuels "besoins" de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour régler la crise au Mali, a annoncé le ministère français des Affaires étrangères.
                  
    "La France soutient les efforts de la Cédéao, qui a mandaté le président Compaoré comme médiateur, et elle relaiera auprès du Conseil de sécurité, avec ses partenaires africains au sein du Conseil, les besoins de la Cédéao pour appuyer ses actions", a dit le porte-parole adjoint du ministère, Romain Nadal.
                  
    Le sommet de Dakar est le deuzième en quatre jours consacré au Mali après celui du 29 mars à Abidjan qui avait donné aux "tombeurs" du président Amadou Toumani Touré (ATT), jusqu'à lundi pour un retour à l'ordre constitutionnel, sous peine d'un "embargo diplomatique et financier".

    La Cédéao veut stopper la rébellion
                  
    Evoquant les villes de Gao et Tombouctou, deux villes du nord  prises ce week-end par des rebelles touareg et des groupes armés islamistes, le  président en exercice de la Cédéao), Alassane Ouattara, a affirmé que l'organisation mettra "tous les moyens pour stopper cette rébellion et (faire en sorte) que le Mali retrouve l'intégrité de son territoire. C'est un devoir pour la sous-région".
                  
    L'offensive des rebelles dans le nord suscite beaucoup de craintes parmi la population.
                  
     Des centaines d'habitants de Mopti et de ses environs (centre du Mali), incluant des militaires et leurs familles, ont quitté leurs domiciles, craignant l'avancée des rebelles, ont indiqué des témoins.
                  
    Sous pression, la junte a promis dimanche le retour à un pouvoir civil et une transition vers des élections à une date non précisée. Elle a aussi pris "l'engagement solennel" de rétablir immédiatement la Constitution de février 1992, ainsi que les institutions républicaines dissoutes lors du coup d'Etat.
                  
    Préventivement, la Cédéao a mis en état d'alerte une force militaire de quelque 2.000 hommes alors que la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et les groupes islamistes qui la soutiennent ont pris coup sur coup depuis vendredi les trois capitales régionales du nord: Kidal, Gao et Tombouctou, sans rencontrer de résistance.
                  
    Des scènes de vandalisme ont été constatées par des témoins dans ces trois villes et régions. "J'évalue les dégâts causés à des milliards de francs CFA (centaines de millions d'euros) de pertes dans les trois régions", a affirmé Abdoulaye T. Diallo, un fonctionnaire aux services des impôts de Bamako.
                  
    Avec ces trois régions administratives, la rébellion contrôle désormais l'essentiel du nord du pays, soit environ la moitié du territoire.
                  
    Cette avancée fulgurante a été en grande partie rendue possible par l'armement lourd dont dispose la rébellion et les groupes islamistes, ramené de Libye par des centaines d'ex-rebelles des années 1990 accueillis à Tripoli du temps de Mouammar Kadhafi et qui ont combattu à ses côtés avant la chute de son régime en août 2011. Ils sont ensuite rentrés au Mali.
                  
    La junte, dirigée par le capitaine Amadou Sanogo, avait justifié son coup d'Etat par "l'incompétence" du président ATT à combattre la rébellion dans le nord et par le manque de moyens donnés à l'armée pour les combattre.
                  
    L'armée avait été particulièrement choquée par l'exécution sommaire en janvier d'une centaine de soldats à Aguelhok (nord-est).
                  
    La commission d'enquête mise en place par le gouvernement du président ATT avait affirmé avoir recueilli "des preuves et des témoignages des rescapés militaires et civils" corroborant "un mode d'exécution" pratiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique 'Aqmi), très présent depuis 2007 dans le nord du Mali.
                  
    Mais le coup d'Etat du 22 mars a eu pour effet d'accélérer l'offensive du MNLA et de ses alliés du moment.


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