La fuite de l'ancien consultant de la NSA ayant révélé le scandale Prism continue. Après avoir trouvé refuge à Hongkong le 20 mai, Edward Snowden aurait pris ce dimanche matin un vol régulier de la compagnie Aeroflot reliant le territoire chinois à Moscou, selon plusieurs médias. Mais la capitale russe ne serait pas sa destination finale. Selon Aeroflot, Ed Snowden devrait repartir pour La Havane, d'où il prendrait un avion pour Caracas. La justice américaine a annoncé dimanche qu'elle coopérerait avec les pays où l'ancien consultant de la NSA pourrait se rendre.
Mais dimanche, à l'aéroport de Moscou, les journalistes s'interrogent. L'Américain semble s'être évaporé: il n'était pas parmi les passagers du vol SU213 d'Aeroflot qui franchissaient le contrôle des passeports au terminal F de l'aéroport de Moscou - Cheremetievo. Plusieurs passagers ont affirmé avoir vu une voiture garée sur le tarmac à côté de l'avion, ce qui pourrait indiquer qu'il a quitté l'aéroport de cette manière. Des journalistes ont également vu une voiture diplomatique portant un drapeau équatorien devant le terminal, accompagnée d'un 4X4.
A 18h40, c'est sur Twitter qu'une annonce tombe. Selon le ministre des Affaires étrangères équatorien, «le gouvernement de l'Equateur a reçu une demande d'asile de la part d'Edward Snowden». L'ambassadeur d'Equateur en Russie, Patricio Alberto Chavez Zavala, est arrivé dimanche dans un hôtel de l'aéroport pour rencontrer l'informaticien. Quito a déjà accordé l'asile politique au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.
Demande d'informations
À Hongkong, la situation de l'Américain devenait précaire. Vendredi, la justice américaine a émis un mandat d'arrêt à l'encontre du jeune homme, inculpé pour espionnage. Des émissaires américains ont fait le voyage jusqu'à Hongkong pour demander aux autorités locales d'arrêter Edward Snowden et de l'extrader vers les Etats-Unis. Sans succès.
Le gouvernement hongkongais a en effet publié dimanche matin un communiqué expliquant qu'il a laissé le trentenaire quitter le territoire, la demande américaine ne reposant pas sur une base légale. «Les documents fournis par le gouvernement américain ne répondaient pas aux exigeances de la loi hongkongaise. Nous leur avons demandé des informations complémentaires, afin que notre ministère de la Justice puisse décider de la légalité de la demande. Mais le gouvernement de Hongkong n'a toujours pas reçu suffisamment d'informations pour répondre favorablement au mandat d'arrêt. De fait, il n'y a aucune base légale empêchant monsieur Snowden de quitter Hongkong.»
Un départ orchestré par WikiLeaks
<aside class="fig-embed fig-exergue fig-media-droite fig-exergue-droite"></aside>«Les Etats-Unis sont révélés être le plus grand voyou de notre temps»
WikiLeaks a indiqué sur Twitter être à l'origine du départ de Snowden. «Nous aidons M. Snowden à obtenir l'asile politique dans un pays démocratique, à obtenir tous ses documents de voyage, et à quitter en toute sécurité Hongkong. Il est accompagné par des conseillers juridiques de WikiLeaks.»
L'organisation fondée par Julian Assange a publié vers 14 heures un communiqué plus complet. On y apprend que Edward Snowden est accompagné de «diplomates» de nationalité inconnue. L'ancien consultant «a requis l'aide de WikiLeaks pour assurer sa sécurité. Lorsqu'il sera arrivé à sa destination finale, sa demande d'asile sera officiellement déposée.»
Edward Snowden a été aidé par la journaliste britannique Sarah Harrison, qui travaille actuellement dans la cellule juridique de WikiLeaks. Cette dernière est présidée par l'ancien juge espagnol Baltasar Garzon.
Pékin et Hongkong exigent des explications aux Etats-Unis
Le jeune homme n'a toujours pas fini ses révélations. Après avoir affirmé que les Etats-Unis, puis le Royaume-Uni, surveillent les communications privées sur Internet, Edward Snowden a assuré au South China Morning Post que les services de renseignement américains espionnent les échanges de SMS en Chine et à Hong Kong. Les principales sociétés de téléphonie chinoise auraient été piratées afin de récupérer ces données.
La nouvelle a vivement courroucé la Chine, qui a affirmé, par le biais de l'agence officielle du pays, que les «Etats-Unis, qui ont longtemps essayé de se présenter comme une victime innocente des cyber-attaques, se sont révélés être le plus grand voyou de notre temps». Les Etats-Unis «doivent des explications à la Chine et aux autres pays qu'ils sont accusés d'avoir espionné. Ils doivent faire connaître au monde l'étendue et les objectifs de leurs programmes de piratage clandestins».
Le gouvernement de Hong Kong a également indiqué dans son communiqué révélant le départ d'Edward Snowden qu'elle avait envoyé une requête officielle au gouvernement américain afin d'éclaircir «les informations selon lesquelles les agences américaines auraient piraté les serveurs hongkongais. Le gouvernement hongkongais suivra de près cette question afin de protéger les droit de ses citoyens».