Deux ans et demi après l’ouverture d’une information judiciaire pour faux, escroquerie et blanchiment, le juge d’instruction René Cros s’est finalement décidé à entendre l’unique personne mise en cause dans l’enquête sur Thomas Fabius, Thomas Fabius lui-même.
Convoqué ce vendredi, un peu plus d’un mois après une garde à vue de douze heures devant les policiers spécialisés de l’Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRDGDF), le fils de l’actuel ministre des affaires étrangères, âgé de 34 ans, a été mis en examen pour faux et usage de faux après une longue journée d’audition.
Il a par ailleurs été placé sous le statut de témoin assisté concernant les chefs d’escroquerie, de blanchiment de fraude fiscale, d’abus de confiance, d’abus de bien social et de recel d’abus de bien social
L’enquête avait débuté après une plainte pour faux déposée par la Société Générale. La banque française lui reprochait d’avoir produit un faux courriel émanant de ses services dans le but d’obtenir un crédit du casino de la Mamounia à Marrakech, au Maroc.
Cette plainte ainsi que plusieurs signalements de Tracfin, l’organisme antiblanchiment du ministère des finances, avaient finalement conduit le parquet de Paris à ouvrir une information judiciaire en mai 2013.
Des ardoises à Las Vegas
Thomas Fabius, comme l’avait révélé Le Point , fait par ailleurs l’objet d’un mandat d’arrêt émis par le procureur du comté de Clark, dont dépend la ville de Las Vegas (Nevada), pour avoir émis des chèques sans provision pour un montant supérieur à 3,5 millions de dollars (3,2 millions d’euros) dans le but de pouvoir continuer à jouer à la roulette dans différents casinos de la ville. Le parquet de Paris a délivré un réquisitoire supplétif sur ce volet américain de l’affaire au juge d’instruction afin d’en obtenir les éléments.
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Les ardoises que Thomas Fabius a laissées dans les trois casinos de Las Vegas ne sont pas les premières de cet « accro » à la roulette. Déjà, au printemps 2012, il avait quitté un casino monégasque avec un compte débiteur de 700 000 euros.
L’enquête française s’était par ailleurs attaché à détailler le montage financier qui lui avait permis d’acquérir en juin 2012 un luxueux appartement au coeur de Paris pour quelque 7 millions d’euros. L’appartement avait été acquis par le biais d’ une société civile immobilière baptisée Poopie Woopie. Selon Le Point, qui cite un document de la police judiciaire, il aurait précisément gagné 13 millions d’euros entre avril 2011 et avril 2012, pour 5 millions de pertes dans des établissements de jeux londoniens.
Au final et après plus de deux ans d’enquête, le magistrat instructeur n’aura finalement retenu que les charges qui pesaient sur Thomas Fabius concernant le faux courriel de la Société Générale. Contacté, son avocat n’a pas souhaité faire de commentaire.
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