Procès de la mort d'Inaya: Le père condamné à 30 ans de réclusion, la mère à 20 ans
JUSTICE Bushra Taher Saleh et Grégoire Compiègne s'étaient rejeté la responsabilité de la mort de la fillette devant les assises...
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<figcaption>Les parents d'Inaya avaient notamment été placés sur écoute fin 2012... La petite était alors morte depuis un an. - J. H.</figcaption> </figure>
Jane Hitchcock
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Publié le <time datetime="2015-11-06" pubdate="">06.11.2015 à 22:03</time>
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Mis à jour le <time datetime="2015-11-06">06.11.2015 à 22:07</time>
Coupables. Tous les deux. Bushra Taher Saleh, 29 ans, a été condamnée à vingt ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Seine-et-Marne pour la mort de sa fillette de 20 mois, Inaya, découverte enterrée en forêt de Fontainebleau le 23 janvier 2013 sur ses propres indications. Ce vendredi en fin de matinée, quinze années de réclusion avaient été réclamées à son encontre par l’avocat général, Marc Mulet. Elle encourait une peine maximale de trente ans.
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En garde à vue après que les services sociaux, qui suivaient la famille, n’avaient plus revu l’enfant depuis un an, la mère de famille avait fini par rompre « le pacte » qu’elle avait passé avec son compagnon. Devant les jurés, Grégoire Compiègne, 26 ans, a avoué avoir enfoui le corps de son enfant avec son ex-femme, pour cacher son décès accidentel, survenu à la suite de violences régulières, d’après les médecins légistes. L’accusé a admis cela, et rien que cela. Pourtant, ce récidiviste qui risquait la perpétuité a lui aussi été déclaré coupable. Et il vient d’écoper de trente ans de réclusion, soit plus également que les vingt-cinq années requises à son encontre.
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Des dénonciations, des remords, mais pas d’aveu
Les parents d’Inaya n’auront en effet pas cessé de se renvoyer la responsabilité de la mort de leur enfant. La petite, en robe et « dans des souliers de princesse » comme l’a noté son frère aîné de deux ans, était enfouie sous terre dans trois sacs-poubelle. « Pas dans un drap qui aurait pu servir de linceul », a fait remarquer au cours de débats la présidente Catherine Katz qui, malgré ses nombreuses questions aux accusés, n’aura obtenu d’eux que des dénonciations et des remords. Le principal de ces regrets étant que ces deux-là ont amèrement déploré s’être rencontrés… « Ce couple est pathologique », a décrit l’expert psychiatre Vincent Mahé. « Ils sont toxiques l’un et l’autre et se complètent », a ressenti la directrice d’enquête.
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Déchus de l'autorité parentale
Abandonné, adopté puis lui-même maltraité, Grégoire Compiègne a reconnu être quelqu’un d’impulsif. Cet « écorché vif », égocentrique, qui n’a connu que les familles d’accueil, s’était plaint d’avoir été père à 19 ans. D’avoir minimisé, aussi, les violences sur son jeune fils et pour lesquelles la cour d’appel de Douai l’avait condamné, a sans doute pesé. Bushra Taher Saleh n’aura, elle non plus, convaincu personne. Menteuse, auto-centrée, elle a été soupçonnée d’avoir toujours fait passer son compagnon en premier. Elle a eu beau crier et pleurer que ce dernier la frappait… Elle a permis le crime, d’après le représentant du ministère public, qui a demandé que l'un et l'autre soient déchus de leur qualité de père et de mère pour leurs deux enfants encore vivants.
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Parties civiles aux côtés de la famille de Bushra Taher Saleh, dont le seul vœu est d’offrir « une vie meilleure » à ce garçon et à cette fillette aujourd’hui placés en famille d’accueil, les associations de protection de l’enfance, évidemment. Par la voix de leurs avocats, elles ont manifesté leur colère, leur indignation et leur incompréhension durant tout le procès. Inaya avait elle-même été confiée à l’Aide sociale à l’enfance à l’âge d’un mois. La petite, qui n’a jamais appelé sa mère « maman » avait été rendue à ses parents un an plus tard. Elle est morte quatre mois après. Et nul ne sait exactement ni quand, ni comment.