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    Cascade de S pour un Papillon

     

    « Naître avec le printemps, mourir avec les roses ; Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur ; Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses, S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur ; Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes, S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles : Voilà du papillon le destin enchanté. Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose, Et sans se satisfaire, effleurant toute chose, Retourne enfin au ciel chercher la volupté !. »

    Le papillon
    [ Alphonse de Lamartine ]

    La vie est magnifique et la beauté éphémère… chacun de nous est libre de donner un beau contenu à son existence : le fait de nous savoir mortels crée une situation d’urgence pour se réaliser et cueillir tous les fruits de la vie avant que de partir... Il faut apprendre jeune l’exigence, la curiosité, l’envie de vivre pour multiplier les expériences formatrices qui nous rendent plus forts et font de notre vie, un destin ! Découvrir la vie dans tous ses états, jouir de chaque instant, participer à la fête des sens pour ne rien regretter… et partir en son temps, pleinement rassasié, vers d’autres horizons côtoyant l’éternité !

     

    Marialis

     


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    « La pensée n'est qu'un éclair au milieu d'une longue nuit, mais c'est cet éclair qui est tout. »

    La Valeur de la Science , Henri Poincaré, éd. Flammarion, 2003, p. 187 
    [ Henri Poincaré ]


    Au sens large, la pensée est une activité psychique, consciente dans son ensemble, qui recouvre les processus par lesquels sont élaborés, en réponse aux perceptions venues des sens, des images, des sensations, des concepts que l'être humain associe pour apprendre, créer et agir.

    C'est aussi, une représentation psychique, un ensemble d'idées propres à un individu ou à un groupe, une façon de juger, une opinion (façon de penser), un trait de caractère (avoir une pensée rigoureuse), etc.

    Souvent associée au célèbre « cogito ergo sum »de Descartes, la notion de pensée est aussi un héritage de l'Antiquité, philosophie antique grecque et romaine, et traditions judéo-chrétiennes..

    Dans Le Sophiste, Platon définit la pensée comme "discours intérieur que l'âme tient en silence avec elle-même"…

    La pensée est tout le travail intérieur qui nous permet de construire une idée intelligible pour communiquer, échanger, aller vers l’Autre. Mais elle nous aide aussi à nous construire en dessinant les contours de notre personnalité : nos idées, notre ressenti, notre perception du Monde, des autres… Nous la forgeons jour après jour, l’affinons, l’apprivoisons et elle devient nôtre…

    La pensée est l’outil de notre liberté : elle est la base de notre indépendance, le socle de notre libre arbitre qui nous permet de prendre nos décisions …. Un instrument invisible mais indispensable, qui se construit au même rythme que nous !... Le siècle des Lumières a éclairé le Monde !

      

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    étude de Marialis


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  •  Thème de l'OASIS :
     
    « N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde où je hume à longs traits le vin du souvenir? » Les Fleurs du Mal (1857)
    La Femme objet de tous les fantasmes, compagne des poètes, qui lui vouent souvent leur inspiration… Ici, elle est OASIS, d’après le Larousse « Zone fertile dans une étendue de terrains arides » ou « tout lieu, toute situation qui offre une détente, un repos, qui se présente comme une exception au milieu de ce qui est désordre, trouble… » Le corps fait voyager hors du quotidien, rêver de plénitude et rappelle toutes les voluptés : Il est promesse de découverte, d’aventure, de raffinement et rappel des délices déjà consommés…. Cette symbolique féminine se retrouve à la fois dans la poésie, la peinture, la littérature, le cinéma et les pièces de théâtre. Avant le XIXème siècle, l’Eglise l’a marqué du signe de l’infamie, de l’interdit : seules les représentations de la Création nous montrent ces oasis offertes aux hommes que le péché originel va nous enlever. Au XIXème, les artistes s’émancipent, l’univers des paradis artificiels influence leurs créations : les peintres, par exemple, mais les poètes aussi abusent de l’absinthe et s’encanaillent à Montmartre…Leurs oeuvres baignent dans cette ambiance et nous offrent des tableaux et des textes magnifiques :
      lien 
     
     
    Charles Baudelaire : Enivrez-vous (Petits poèmes en prose, 1862)
     
    Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour
    ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et
    vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
    Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! de vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. » Read more: http://www.site-magister.com/grouptxt3.htm#ixzz2xa0PWic0
     
    L’Invitation au voyage
    Charles BAUDELAIRE
    Recueil : "Le Spleen de Paris"
    Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu’on pourrait appeler l’Orient de l’Occident, la Chine de l’Europe, tant la chaude et capricieuse fantaisie s’y est donné carrière, tant elle l’a patiemment et opiniâtrement illustré de ses savantes et délicates végétations.
    Un vrai pays de Cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête ; où le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre ; où la vie est grasse et douce à respirer ; d’où le désordre, la turbulence et l’imprévu sont exclus ; où le bonheur est marié au silence ; où la cuisine elle-même est poétique, grasse et excitante à la fois ; où tout vous ressemble, mon cher ange.
    Tu connais cette maladie fiévreuse qui s’empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu’on ignore, cette angoisse de la curiosité ? Il est une contrée qui te ressemble, où tout est beau, riche, tranquille et honnête, où la fantaisie a bâti et décoré une Chine occidentale, où la vie est douce à respirer, où le bonheur est marié au silence. C’est là qu’il faut aller vivre, c’est là qu’il faut aller mourir !
    Oui, c’est là qu’il faut aller respirer, rêver et allonger les heures par l’infini des sensations. Un musicien a écrit l’Invitation à la valse ; quel est celui qui composera l’Invitation au voyage, qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la soeur d’élection ?
    Oui, c’est dans cette atmosphère qu’il ferait bon vivre, — là-bas, où les heures plus lentes contiennent plus de pensées, où les horloges sonnent le bonheur avec une plus profonde et plus significative solennité.
    Sur des panneaux luisants, ou sur des cuirs dorés et d’une richesse sombre, vivent discrètement des peintures béates, calmes et profondes, comme les âmes des artistes qui les créèrent. Les soleils couchants, qui colorent si richement la salle à manger ou le salon, sont tamisés par de belles étoffes ou par ces hautes fenêtres ouvragées que le plomb divise en nombreux compartiments. Les meubles sont vastes, curieux, bizarres, armés de serrures et de secrets comme des âmes raffinées. Les miroirs, les métaux, les étoffes, l’orfévrerie et la faïence y jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse ; et de toutes choses, de
    tous les coins, des fissures des tiroirs et des plis des étoffes s’échappe un parfum singulier, un revenez-y de Sumatra, qui est comme l’âme de l’appartement.
    Un vrai pays de Cocagne, te dis-je, où tout est riche, propre et luisant, comme une belle conscience, comme une magnifique batterie de cuisine, comme une splendide orfévrerie, comme une bijouterie bariolée ! Les trésors du monde y affluent, comme dans la maison d’un homme laborieux et qui a bien mérité du monde entier. Pays singulier, supérieur aux autres, comme l’Art l’est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue.
    Qu’ils cherchent, qu’ils cherchent encore, qu’ils reculent sans cesse les limites de leur bonheur, ces alchimistes de l’horticulture ! Qu’ils proposent des prix de soixante et de cent mille florins pour qui résoudra leurs ambitieux problèmes ! Moi, j’ai trouvé ma tulipe noire et mon dahlia bleu !
    Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, c’est là, n’est-ce pas, dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu’il faudrait aller vivre et fleurir ? Ne serais-tu pas encadrée dans ton analogie, et ne pourrais-tu pas te mirer, pour parler comme les mystiques, dans ta propre correspondance ?
    Des rêves ! toujours des rêves ! et plus l’âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l’éloignent du possible. Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel, incessamment sécrétée et renouvelée, et, de la naissance à la mort, combien comptons-nous d’heures remplies par la jouissance positive, par l’action réussie et décidée ? Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu’a peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble ?
    Ces trésors, ces meubles, ce luxe, cet ordre, ces parfums, ces fleurs miraculeuses, c’est toi. C’est encore toi, ces grands fleuves et ces canaux tranquilles. Ces énormes navires qu’ils charrient, tout chargés de richesses, et d’où montent les chants monotones de la manoeuvre, ce sont mes pensées qui dorment ou qui roulent sur ton sein. Tu les conduis doucement vers la mer qui est l’Infini, tout en réfléchissant les profondeurs du ciel dans la limpidité de ta belle âme ; — et quand, fatigués par la houle et gorgés des produits de l’Orient, ils rentrent au port natal, ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l’infini vers toi.
    http://www.unjourunpoeme.fr/poeme/linvitation-au-voyage
     
    La Belle Dorothée
    Charles BAUDELAIRE
    Recueil : "Le Spleen de Paris"
    Le soleil accable la ville de sa lumière droite et terrible ; le sable est éblouissant et la mer miroite. Le monde stupéfié s’affaisse lâchement et fait la sieste, une sieste qui est une espèce de mort savoureuse où le dormeur, à demi éveillé, goûte les voluptés de son anéantissement.
    Cependant Dorothée, forte et fière comme le soleil, s’avance dans la rue déserte, seule vivante à cette heure sous l’immense azur, et faisant sur la lumière une tache éclatante et noire.
    Elle s’avance, balançant mollement son torse si mince sur ses hanches si larges. Sa robe de soie collante, d’un ton clair et rose, tranche vivement sur les ténèbres de sa peau et moule exactement sa taille longue, son dos creux et sa gorge pointue.
    Son ombrelle rouge, tamisant la lumière, projette sur son visage sombre le fard sanglant de ses reflets.
    Le poids de son énorme chevelure presque bleue tire en arrière sa tête délicate et lui donne un air triomphant et paresseux. De lourdes pendeloques gazouillent secrètement à ses mignonnes oreilles.
    De temps en temps la brise de mer soulève par le coin sa jupe flottante et montre sa jambe luisante et superbe ; et son pied, pareil aux pieds des déesses de marbre que l’Europe enferme dans ses musées, imprime fidèlement sa forme sur le sable fin. Car Dorothée est si prodigieusement coquette, que le plaisir d’être admirée l’emporte chez elle sur l’orgueil de l’affranchie, et, bien qu’elle soit libre, elle marche sans souliers.
    Elle s’avance ainsi, harmonieusement, heureuse de vivre et souriant d’un blanc sourire, comme si elle apercevait au loin dans l’espace un miroir reflétant sa démarche et sa beauté.
    À l’heure où les chiens eux-mêmes gémissent de douleur sous le soleil qui les mord, quel puissant motif fait donc aller ainsi la paresseuse Dorothée, belle et froide comme le bronze ?
    Pourquoi a-t-elle quitté sa petite case si coquettement arrangée, dont les fleurs et les nattes font à si peu de frais un parfait boudoir ; où elle prend tant de plaisir à se peigner, à fumer, à se faire éventer ou à se regarder dans le miroir de ses grands éventails de plumes, pendant que la mer, qui bat la plage à cent pas de là, fait à ses rêveries indécises un puissant et monotone accompagnement, et que la marmite de fer, où cuit un ragoût de crabes au riz et au safran, lui envoie, du fond de la cour, ses parfums excitants ?
    Peut-être a-t-elle un rendez-vous avec quelque jeune officier qui, sur des plages lointaines, a entendu parler par ses camarades de la célèbre Dorothée. Infailliblement elle le priera, la simple créature, de lui décrire le bal de l’Opéra, et lui demandera si on peut y aller pieds nus, comme aux danses du dimanche, où les vieilles Cafrines elles-mêmes deviennent ivres et furieuses de joie ; et puis encore si les belles dames de Paris sont toutes plus belles qu’elle.
    Dorothée est admirée et choyée de tous, et elle serait parfaitement heureuse si elle n’était obligée d’entasser piastre sur piastre pour racheter sa petite soeur qui a bien onze ans, et qui est déjà mûre, et si belle ! Elle réussira sans doute, la bonne Dorothée ; le maître de l’enfant est si avare, trop avare pour comprendre une autre beauté que celle des écus !
    http://www.unjourunpoeme.fr/poeme/la-belle-dorothee
     
    Gustave Flaubert : Madame Bovary (1857)
    [Double rêverie domestique ]-magister.com/grouptxt3.htm#ixzz2xa12awjr
     
    Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d'être endormie ; et tandis qu'il s'assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en d'autres rêves. Au galop de quatre chevaux, elle était emportée depuis huit jours vers un pays nouveau, d'où ils ne reviendraient plus. Ils allaient, ils allaient, les bras enlacés, sans parler. Souvent, du haut d'une montagne, ils apercevaient tout à coup quelque cité splendide avec des dômes, des ponts, des navires, des forêts de citronniers et des cathédrales de marbre blanc, dont les clochers aigus portaient des nids de cigognes. On marchait au pas à cause des grandes dalles, et il y avait par terre des bouquets de fleurs que vous offraient des femmes habillées en corset rouge. On entendait sonner des cloches, hennir des mulets, avec le murmure des guitares et le bruit des fontaines, dont la vapeur s'envolant rafraîchissait des tas de fruits, disposés en pyramides au pied des statues pâles, qui souriaient sous les jets d'eau. Et puis ils arrivaient, un soir, dans un village de pêcheurs, où des filets bruns séchaient au vent, le long de la falaise et des cabanes. C'est là qu'ils s'arrêtaient pour vivre : ils habiteraient une maison basse à toit plat, ombragée d'un palmier, au fond d'un golfe, au bord de la mer. Ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient en hamac ; et leur existence serait facile et large comme leurs vêtements de soie, toute chaude et étoilée comme les nuits douces qu'ils contempleraient. Read more: http://www.site-magister.com/grouptxt3.htm#ixzz2xa0uw18d
     
    Cythère (poème de Paul Verlaine)
    Un pavillon à claires-voies Abrite doucement nos joies Qu'éventent des rosiers amis;
    L'odeur des roses, faible, grâce Au vent léger d'été qui passe, Se mêle aux parfums qu'elle a mis ;
    Comme ses yeux l'avaient promis, Son courage est grand et sa lèvre Communique une exquise fièvre ;
    Et l'Amour comblant tout, hormis La Faim, sorbets et confitures
    Nous préservent des courbatures.
    http://fr.maieutapedia.org/wiki/Cyth%C3%A8re_%28po%C3%A8me_de_Paul_Verlaine%29#.Uznk2rT3ZRQ
     
    Etude de Marialis

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  • « Les nuages nagent comme des enveloppes géantes,

    Comme des lettres, que s’enverraient les saisons.  »

    de Ismaïl Kadaré [+]

     

    lien 

     

     

     

    La poésie des lettres

    La poésie des lettres échappent à l’heure d’Internet, des e-mails, de twiter et

    de Facebook !

    On  communique de plus en plus vite, dans une forme de plus

     en plus condensée et de plus en plus abrégée.

    Où est l’âme de ces correspondances surannées, sur papier parfumé, accompagnées

    de fleurs séchées, image de  la profondeur des sentiments, de leur pudeur et de

    l’attachement du correspondant ?

     On ne peut que regretter cette évolution trop rapide, bénie pour la technologie mais

    destructrice pour les relations : aucune légèreté, des demandes crues, des descriptions,

    du virtuel parfois glauque et dangereux…. La fin des sentiments, de la légèreté de l’être…

    J’adore cette parabole qui fait des nuages des acteurs- postiers au service des saisons !

    Le printemps serait les premiers émois partagés ; l’été, l’amour brûlant dévorant,

    avoué ; l’automne, les premières lassitudes, l’usure et l’hiver les mots de la rupture,

    la fin de l’histoire….

    Que de lettres, toute une Vie !..

    Marialis


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  • Je vous fais partager ma découverte: ce n'est pas mon texte mais c'est mon choix pour ce défi! J'ai beaucoup aimé, je vous l'offre...

    S’y retrouver parmi tous ces Kozak.s !

    lundi 17 mars 2008 par GT , Robert C http://tarare.konakovo.free.fr/spip/spip.php?article50

    signification du mot :

    en russe : Kazak ; pluriel : Kazaki, en ukrainien : Kozak.

     aventurier ou homme libre

    Origines...

    Une opinion longtemps admise considère les Kozaks comme un ramas d’aventuriers qui se distinguent des autres races slaves par leur esprit d’aventure, et leur langage militaire plein de mots turcs et polonais. Les Kozaks se recrutent en effet parmi les Russes, Polonais, Turcs, Tatars et même Français et Italiens...

    Mais le fonds primitif de la nation Kozak fut une race slave habitant l’Ukraine et qui se répandit sur les bords du Don, de la Volga et de l’Oural

    .

    Léger historique...

    Les Kozaks furent des hommes libres qui vagabondaient dans les steppes de l’Ukraine dépeuplées après l’invasion mongole, formellement sous l’autorité du Grand-Duc de Lituanie. Le plus ancien document connu les mentionnant, les désigne comme sentinelles et gardes des convois contre les hordes tatares.

    Mais ils deviennent également rapidement pillards à l’occasion, attaquant les convois en accord avec les Tatars : des géographes arabes mentionnent avant le 13ème siècle des corsaires russes autour de la mer Noire.

    Les premiers Kozaks s’établissent entre les fleuves Boug et Dniepr sur un territoire appelé "Champs sauvages" sous l’autorité formelle du grand-duc de Lituanie jusqu’en 1569, du roi de Pologne ensuite.

    Par la suite les Kozaks formèrent d’autres groupes plus à l’est au fur et à mesure que les nobles, le plus souvent polonais, colonisaient, à partir du XVIe siècle, avec leurs paysans serfs les régions habitées par les Kozaks.

    Les Kozaks furent aussi des conquérants ( à partir des fleuves ). Le célèbre tabor (leur ’caravane militaire’ ) faisait fuir les populations paniquées... Un exemple : avec leur ataman ( ou hetman ) Yermak, une petite armée de 800 hommes envahit toute la Sibérie en 1580.

    Après l’occupation de l’Ukraine par les souverains de Russie, une partie importante des Kozaks se mit à leur service, n’hésitant pas à exécuter les massacres qu’exigeaient leurs nouveaux maîtres. D’autres essayèrent de garder leur liberté, organisant eux aussi des révoltes contre les tsars. La plus célèbre sera celle de Pougatchev ( tous les visiteurs de la place Rouge se souviennent du lieu de son exécution ).

    .

    On peut toujours essayer de boire la vodka à la Kozak... (po pletcho)

    Considérés comme gendarmes du tsarisme, les Kozaks furent persécutés sous l’Union soviétique. La plupart des Kozaks avaient combattu avec les Blancs durant la guerre civile, mais des Kozaks se distinguèrent aussi dans les rangs des bolcheviks. Sous le régime soviétique, les Kozaks perdirent leur autonomie et furent intégrés dans les nouvelles circonscriptions administratives. Pendant la seconde guerre mondiale, des unités combattirent du côté allemand, sous le commandement suprême du colonel allemand, devenu ataman von Pannwitz. Il fut pendu ( avec d’autres chefs Kozaks de la guerre civile 18/20 ) à Moscou en juin 1947.

    Il fallut attendre l’éclatement de l’URSS pour que la culture Kozak reparaisse. Ainsi que son pouvoir politique : Sergueï Charkhaï, un Kozak du Terek n’a-t-il pas conseillé Boris Eltsine dans l’ascension vers la 1ère guerre en Tchétchénie ?

    Et ne parlons pas de l’Ukraine !

    Dont “le Parlement fonctionne comme une arène où les débats se finissent régulièrement par des échanges de coups de poings, sous les yeux d’une opinion publique de plus en plus lassée. On se croirait au temps de la Sitch, la « république Kozak », l’ancêtre de l’actuelle Ukraine, dé­crite dans Tarass Boulba, le roman de Gogol. Parmi ces paysans-sol­dats, celui qui parlait le plus fort était reconnu chef.”

     

    Une des tribus de la nation Kozak : celle des Zaporogues...

    Les Kozaks Zaporogues ( za = au-delà porog = chutes - du Dniepr ) étaient ethniquement essentiellement des habitants du duché de Kiev, des Biélorusses, des Polonais, et des Moldaves ( sans doute même des Tatars ). S’ajoutent des aventuriers attirés par une vie libre et proche de la nature.

    Au début les réfugiés essayaient de devenir sinon cultivateurs du moins éleveurs, mais, attaqués par les Tatars qui pillaient leurs récoltes et détruisaient leurs biens, ils se sont rapidement organisés en confréries militaires, vivant de chasse, de pêche et de pillage chez les Tatars, lorsqu’ils ne résidaient pas dans leurs camps retranchés.

    Tour à tour alliés ou ennemis de leurs puissants voisins, ils sont les maîtres d’une grande partie des plaines et de la steppe d’Ukraine ( le Zaporoje une ville actuelle en porte le nom ). Ils forment un peuple guerrier, s’organisent en ’république militaire’. Ceux qui possèdent un cheval se nomment ’chevaliers’, comparativement aux ordres de chevalerie d’Europe occidentale.

    Taras Bulba - 300 kg- tuera son propre fils qui a trahi par amour...

    Leur camp retranché, leur ’capitale’, appelée la setch, était un immense campement sur une île de Dniepr. Chaque cabane de bois et de terre ( au maximum 400 ) pouvaient contenir 40 Kozaks... En été, peu de Kozaks y séjournent, mais en hiver, 4000 hommes le gardent. Les autres vivent dans les villages avoisinant ou dans des zimovniki ( habitacles souterrains du mot zimoï : hiver ). La Setch est partagée en 38 koureny ( foyers). Chaque kouren élit son chef ( kourennoï ataman ) et lors d’une assemblée ( Rada ) des koureny ( 2 fois l’an ) on choisit un chef supérieur ( kotchevoï ataman - kotchevat = camper ). Résidant à la Setch, le Kozak est célibataire : aucune femme n’y vit...

    Le Kozak est connu pour son génie militaire : au début, ce sont des fermiers, de piètres cavaliers, mais ils sont de fins stratèges de défense. Ils deviendront d’excellents navigateurs allant jusqu’à Constantinople...

    Jusqu’au 16ème siècle dépendant de la Lituanie, le Zaporoje passe sous domination polonaise. Le roi de Pologne décide de les enregistrer contre un don de propriété de leur terre - qui officiellement appartenait au roi - et contre un service militaire. Les Kozaks non-enregistrés devenaient serfs des starostes ( nobles polonais ). Ce qui donne lieu à de nombreuses révoltes. Par extension, au milieu du 17ème siècle, presque tous les Ukrainiens se diront Kozaks pour participer à la révolte contre le servage polonais.

    Après les Kozaks d’Ukraine, des Kazaks russes : les Kazaks du Don…

    Avec les Kazaks d’Oural et ceux du Terek ( dans les plaines de Tchétchénie ), ils font partie de l’expansion des Kozaks Zaporogues au début du XVIe siècle.

    Le statut de Kazak lui reconnaît une nationalité à part entière, un système politique, une culture, également une langue propres.

    En tant qu’hommes libres, les Kazaks du Don avaient la réputation d’être incontrôlables : ils n’obéissent qu’à leur ataman : une solide réputation de soldats ( traversée des Alpes pendant la guerre contre Napoléon, sauvagerie contre les Prussiens...).

    Les Kazaks russes ont joué un rôle important pendant l’expansion de la Russie en Sibérie, au Caucase et en Asie centrale du XVIe au XIXe siècles. Parmi les fameux conquérants : Pojarkov dans l’île de Sakhaline, Dejnev en Tchoukotka et Atlassov en Kamtchtka, tout ceci au 17ème siècle.

    Ils étaient aussi des guides appréciés pour la plupart des expéditions russes de géographes, de commerçants, d’explorateurs et d’arpenteurs civils.

    ( sources : Wikipedia, Gogol (Taras Bulba) et, entre autres, un site joliment illustré :

    Kazaks-emchane.skynetblogs.be )

     paysans et conquérants

    Nation en ’différentes colonies’ :

    Libres et gardiens de la Russie des Tsars profondément orthodoxes ( opposés aux Tatars ou aux Caucasiens musulmans ) rebelles et sanguinaires tout ça, c’est de l’histoire...

     ajoutons une inquiétude contemporaine :

    A Petersburg, le chef de la police, le général Viktor Vlasov, envisage de créer des patrouilles de Kazaks dans l’ancienne capitale russe. Il table sur la réputation de férocité de ces cavaliers émérites pour nettoyer parcs et rues des délinquants et des mafieux. Ces gardes seront payés par la police mais devront fournir leur propre monture. Armés de la nagaika, leur fouet légendaire, ils sont déjà à l’œuvre dans l’un des plus grands marchés de la ville. Les défenseurs des droits de l’homme s’inquiètent. Ils rappellent les "tendances racistes et autocratiques" des Kazaks, utilisés par les tsars pour mater des peuples comme les Tchétchènes et les Tatars.

    Mais retournons au folklore...

    ...nos Kazaks à nous se contenteront de chanter (et pourquoi pas danser le Kasatchok ?

    Pour les initiés :

    En attendant, on peut relire ( ou entendre Léo Ferré dans ) l’extrait d’Apollinaire (la chanson du mal aimé) :

    Je suis fidèle comme un dogue

    Au maître, le lierre au tronc

    Et les Kozaks Zaporogues

    Ivrognes pieux et larrons

    Aux steppes et au décalogue.

    Portez comme un joug le Croissant

    Qu’interrogent les astrologues,

    Je suis le Sultan tout-puissant

    Ô mes Kozaks Zaporogues

    Votre Seigneur éblouissant.

    Devenez mes sujets fidèles

    Leur avait écrit le Sultan

    Ils rirent à cette nouvelle

    Et répondirent à l’instant

    À la lueur d’une chandelle.

     

     RÉPONSE DES KOZAKS ZAPOROGUES AU SULTAN DE CONSTANTINOPLE :

    .

    Plus criminel que Barrabas

    Cornu comme les mauvais anges

    Quel Belzébuth es-tu là-bas

    Nourri d’immondice et de fange…

    Nous n’irons pas à tes sabbats.

     

    Poisson pourri de Salonique

    Long collier des sommeils affreux

    D’yeux arrachés à coup de pique,

    Ta mère fit un pet foireux

    Et tu naquis de sa colique.

    Bourreau de Podolie, Amant

    Des plaies, des ulcères, des croûtes

    Groin de cochon, cul de jument,

    Tes richesses garde-les toutes

    Pour payer tes médicaments…..

     

    GT

    Articles de cet auteur

    Robert C

    J'espère que vous aurez pris autant de plaisir que moi, une partie de l'histoire de l'Ukraine, d'actualité aujourd'hui....


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