• À Cannes, un palmarès tricolore

    Avec trois prix, la Palme d’or pour « Dheepan » de Jacques Audiard et les prix d’interprétation à Emmanuelle Bercot pour « Mon Roi » et Vincent Lindon pour « La loi du marché », le 7e art français a brillé au Festival de Cannes.

    24/5/15 - 21 H 40  lien

    Emmanuelle Bercot (à gauche), Jacques Audiard (au centre) et Vincent Lindon posent avec leurs pri...

    ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP

    Emmanuelle Bercot (à gauche), Jacques Audiard (au centre) et Vincent Lindon posent avec leurs prix respectifs, dimanche 24 mai, à Cannes.
    Avec cet article

    La Palme d’or du Festival de Cannes a été attribuée dimanche 24 mai au cinéaste français Jacques Audiard pour Dheepan, film qui suit le parcours en France de réfugiés sri-lankais fuyant la guerre mais confrontés à la violence dans une cité de la banlieue parisienne.

     > Lire la critique de Dheepan 

    « Recevoir un prix de la part des frères Coen c’est quelque chose d’assez exceptionnel », a-t-il dit aux deux coprésidents américains du jury.

    Pensée pour Michel Audiard et Michael Haneke

    « Je pense à mon père », a déclaré très ému Jacques Audiard, 63 ans, en recevant la récompense suprême du festival. Il est le fils du scénariste et dialoguiste Michel Audiard.

    « Je remercie Michael Haneke de ne pas avoir tourné cette année », a-t-il plaisanté. Il faisait allusion aux éditions cannoises de 2009 et 2012, au terme desquelles le cinéaste autrichien a remporté la Palme d’or (Le ruban blanc puis Amour), alors que Jacques Audiard recevait le Grand prix du jury pour Un prophète en 2009 et était bredouille en 2012.

    Le réalisateur français a par ailleurs été récompensé à Cannes par le Prix du scénario pour Un Héros très discret en 1996.

    « Tout le monde dans le jury avait une forme d’enthousiasme pour Dheepan », a confié Ethan Coen, co-président du jury, lors de la conférence de presse qui a suivi la cérémonie de clôture.

    Vincent Lindon, premier prix d’interprétation !

    Autre récompense pour le cinéma français, l’acteur Vincent Lindon, 55 ans, a reçu le prix d’interprétation pour La loi du marché de Stéphane Brizé, film cinglant sur la brutalité du monde du travail, dans lequel il interprète un chômeur de longue durée qui se bat pour retrouver un emploi.

     > Lire aussi :  Stéphane Brizé, en compétition à Cannes : « Je crée des émotions pour parler de notre monde »

    La voix brisée par l’émotion, l’acteur, qui a été ovationné par la salle, a chaleureusement remercié le réalisateur et dédié son prix « aux citoyens laissés pour compte », estimant que ce prix était « un acte politique ».

    « C’est la première fois que je reçois un prix d’interprétation », a-t-il souligné. « C’est l’un des trois plus beaux jours de ma vie ». L’acteur n’a jamais été récompensé d’un César malgré ses cinq nominations, mais a obtenu le prix Jean-Gabin en 1989.

    Bercot et Mara ex aequo

    L’actrice Emmanuelle Bercot, 47 ans, a reçu de son côté le prix d’interprétation féminine pour Mon roi de Maïwenn, ex aequo avec l’actrice américaine Rooney Mara dans Carol de l’Américain Todd Haynes, romance entre deux femmes dans les années 1950 avec Cate Blanchett et Rooney Mara.

     > Lire aussi : « Carol » et « Mon roi », gouffres de la passion

    Ce prix récompense « l’audace, le sens aigu de la liberté » de Maïwenn, a déclaré l’actrice, qui interprète dans ce film une avocate qui se souvient de la passion destructrice qu’elle a vécue pendant dix ans avec Georgio (Vincent Cassel), un séducteur et beau parleur.

    Rooney Mara, qui n’était pas présente à la cérémonie, campe dans Carol le personnage d’une toute jeune vendeuse qui va se laisser séduire par une femme bourgeoise à la beauté fatale (Cate Blanchett).

    Grand Prix pour un film choc sur la Shoah

    Le Grand prix a été décerné à Son of Saul (Le fils de Saul) du Hongrois Laszlo Nemes, film choc sur la Shoah.

    Cette oeuvre, qui raconte l’histoire d’un déporté juif forcé de travailler dans les chambres à gaz à Auschwitz, a impressionné par sa mise en scène radicale. Il restitue l’horreur de la Shoah sans presque jamais montrer les victimes, par le hors-champ et les bruits.

    « Ce continent est encore hanté par le sujet », a commenté le réalisateur en recevant son prix.

     > Lire la critique du Fils de Saul 

    Le prix du Jury a été attribué au Grec Yorgos Lanthimos pour The Lobster, fable grinçante et dérangeante sur la solitude, le couple et l’amour.

    Le prix de la mise en scène est revenu au cinéaste taïwanais Hou Hsiao-Hsien pour The Assassin, histoire d’une justicière dans la Chine du IXe siècle, à l’esthétique ciselée.

     > Lire la critique de The Assassin  

    Le réalisateur mexicain Michel Franco a reçu de son côté le prix du scénario pour Chronic, portrait tout en retenue d’un infirmier, interprété par Tim Roth, totalement dévoué à l’accompagnement de patients en fin de vie.

     > Lire la critique de Chronic  

    La cinéaste Agnès Varda, émue aux larmes à l’évocation de son ex-compagnon Jacques Demy, a reçu quant à elle une Palme d’honneur, une récompense seulement décernée à ce jour à Woody Allen, Clint Eastwood et Bernardo Bertolucci.

    ***

     Palmarès du Festival de Cannes 2015

    Palme d’or : Dheepan du Français Jacques Audiard.

    Grand Prix : Le Fils de Saul du Hongrois Laszlo Nemes.

    Prix de la mise en scène : The Assassin du Taïwanais Hou Hsiao-Hsien.

    Prix du jury : The Lobster du Grec Yorgos Lanthimos.

    Prix du scénario : le Mexicain Michel Franco pour Chronic.

    Prix d’interprétation féminine ex aequo : la Française Emmanuelle Bercot dans Mon Roi (de la Française Maïwenn) et l’Américaine Rooney Mara dans Carol (de l’Américain Todd Haynes).

    Prix d’interprétation masculine : le Français Vincent Lindon dans La Loi du Marché (du Français Stéphane Brizé).

    Caméra d’or du premier film : La Tierra y la sombra du Colombien César Augusto Acevedo.

    Palme d’or du court-métrage : Waves’98 du Libanais Ely Dagher.


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    Cannes 2015. Six favoris, des outsiders,

    mais une seule Palme d'or !

     

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    Après le dernier film de la compétition projeté samedi, le suspense est total : pas moins de 6 films sur 19 font figure de favoris pour la Palme d'or.

    Carol de l'américain Todd Haynes, My Mother de l'Italien Nanni Moretti, Son of Saul du Hongrois Laszlo Nemes, The Lobster du Grec Yorgos Lanthimos, The Assassin du Taïwanais Hou Hsiao-Hsien et Youth de l'Italien Paolo Sorrentino : pas moins de 6 films sur 19 font figure de favoris pour la Palme d'or, sans véritable consensus... Le suspense est total !

    Parmi les outsiders, Sicario du Canadian Denis Villeneuve, Chronic du Mexicain Michel Franco avec Tim Roth, Macbeth de l'Australien Justin Kurzel, La Loi du marché du Français Stéphane Brizé avec Vincent Lindon.


    Cannes: fin des projections, l'heure des... par OuestFranceAFP

    Jury au secret

    Téléphones confisqués, villa hollywoodienne dans un endroit secret et protégé par la police: le jury entrera dimanche matin en conclave pour décider du palmarès. Il ne réapparaîtra qu'en début de soirée pour le dévoiler.

    Coprésidents, Joel et Ethan Coen ont demandé une voix chacun, « avec l'intention de se disputer si nécessaire », selon Thierry Frémaux, le sélectionneur et délégué général du festival. Pour chaque prix, le scrutin secret est à la majorité absolue: au moins 5 voix sur 9.


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