Paris (AFP) - Toutes les fédérations patronales de transport routier ont refusé mercredi de participer à la séance de négociations salariales prévue jeudi matin avec les syndicats, ce que le gouvernement a déploré dans la soirée.
Dans un communiqué publié peu après 22h, le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies a estimé, contrairement aux organisations patronales "que les conditions de la négociation (étaient) réunies" et "déploré" leur refus de renouer le dialogue, interrompu mardi.
Plus tôt, les quatres fédérations patronales du transport routier de marchandises avaient indiqué qu'elles ne se rendraient pas à la réunion convoquée jeudi à 08H30 à la Direction générale du travail, à Paris (XVe arr.).
"Aucun élément nouveau ne permet aujourd'hui de reprendre la négociation dans les meilleures conditions et d'espérer la signature d'un accord", avait argué la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) - principale chambre patronale de la branche -, dans un communiqué commun avec TLF et l'Unostra.
La quatrième fédération présente à ces négociations, l'OTRE, avait ensuite aussi décliné la convocation.
"Nous ne sommes pas en capacité de faire mieux: nos entreprises sont frappées de plein fouet par la crise économique et souffrent d'un grave déficit de compétitivité", expliquent la FNTR, TLF et l'Unostra, en rappelant que les propositions avancées mardi avaient "toutes été rejetées".
Contactés par l'AFP, les syndicats ont fait part de leur stupeur, ce scénario n'ayant visiblement pas été envisagé.
"Les ministères du Travail et du Transport nous avaient assuré qu'ils seraient là" jeudi matin, a réagi Jérôme Vérité pour la CGT Transports.
Dénonçant l'attitude "jusqu'au-boutiste" du patronat, qui fait "pression sur le gouvernement (...) pour aller lui arracher du pognon", le leader cégétiste a demandé à l'exécutif d'intervenir.
"A l'Etat de renverser la situation et d'annoncer la suspension de toutes les aides publiques pour ces entreprises-là", a-t-il lancé.
Sans aller jusque là, le secrétaire d'Etat aux Transports a souligné dans son communiqué que les entreprises du secteur "ont par ailleurs bénéficié d'importantes mesures de soutien à l'emploi".
Avant d'enfoncer un peu plus le clou: "dans cette branche, les salaires conventionnels n'ont pas été augmentés depuis deux ans et certains taux horaires sont inférieurs au SMIC".
- La CFDT menace d'un 'conflit majeur' -
Jeudi matin, les syndicats se rendront à la Direction générale du travail, en espérant que le patronat aura changé d'avis. "On a une convocation de l'Etat, on y va", a indiqué Patrice Clos (FO), imité par Thierry Cordier de la CFDT. "S'ils ne viennent pas, ils prendront leur responsabilité, et nous la nôtre", a précisé le secrétaire général de la CFDT Transport, premier syndicat de la profession.
Plus tôt dans la journée, la CFDT avait menacé d'"entrer dans un conflit majeur" si les organisations patronales ne revenaient pas à la table des négociations "dans les prochaines heures".
Dans un communiqué, la CGT Transports "appelle ses militants à maintenir les actions prévues demain (jeudi) pour que la négociation se passe sous la pression et le contrôle des salariés".
L'intersyndicale, qui mène des opérations de blocage depuis dimanche soir, s'exprimera jeudi matin sur "les suites du mouvement qui prendrait nécessairement une autre tournure face à une telle déclaration de guerre", précise le texte.
La tension est montée d'un cran mardi soir, les négociateurs patronaux ayant refusé de répondre à la "convocation" du président de la commission mixe paritaire - un représentant du ministère du Travail - pour une réunion mardi dans la soirée.
Mercredi matin, le ministère du Travail avait invité les partenaires sociaux à un nouveau round de négociations, jeudi.
Les négociations butent sur l'ampleur de l'augmentation salariale: les syndicats réclament 5%, le patronat ne veut pas aller au-delà de 2%.
En l'absence d'accord entre syndicats et patronat, les minimums conventionnels resteraient ceux en vigueur l'année dernière.
En 2014, un seul des quatre coefficients dans le transport routier - celui des salariés les plus qualifiés - dépassait le Smic, fixé à 9,53 euros bruts par heure. Le salaire minimum a été relevé à 9,61 euros au 1er janvier.