Après quelques tentatives pour le dissimuler et pour le nier, l’aile militaire du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a publié jeudi les noms des « sept héros, des hommes d’Allah » qui ont été tués plus tôt dans la semaine dans l’effondrement d’un tunnel d’attaque dans le quartier de Tufah dans la partie nord-est de la ville de Gaza, à seulement quelques centaines mètres de la frontière israélienne.

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Dans un premier temps, les dirigeants du Hamas ont tenté de cacher le fait qu’aucun de ses membres avaient été tués dans le tunnel. Ensuite, ils ont affirmé que les hommes avaient tout simplement disparu. Enfin, ils ont publié les noms des 7 des 11 hommes qui foraient là au moment de l’effondrement.

 

La déclaration du Hamas disait en partie : « nous marchons sur le chemin de la mort pour l’amour de votre vie ».

Quelques jours plus tôt, Faiz Abu Smala, un journaliste ayant des liens étroits avec le Hamas, a évoqué sur sa page Facebook une réunion qui a eu lieu avec le commandant local de l’aile militaire du Hamas : « Il m’a avoué qu’ils travaillaient encore nuit et jour, 24h sur 24, et que la bataille à laquelle ils vont fait face serait d’une question de la plus haute importance, de vie et de mort et qu’ils n’avaient pas d’autre alternative que de travailler dans toutes les conditions ».

Les sept membres du Hamas qui ont été tués ne sont pas les premières victimes que les tunnels du Hamas ont pris lors de leur construction après la guerre de 2014 et pendant leur reconstruction.

Le mois dernier, l’un des ravisseurs de Gilad Shalit a été tué dans un tunnel qui s’est effondré près de Khan Yunis. Selon des sources à Gaza, 12 autres membres du Hamas ont été tués dans l’effondrement d’un tunnel l’an dernier.

Ban ki-Moon visite un tunnel d'attaque du Hamas - 14 octobre 2014 (Crédit : Flash 90/GPO)

Ban ki-Moon visite un tunnel d’attaque du Hamas – 14 octobre 2014 (Crédit : Flash 90/GPO)

Selon le commandant, le Hamas avait déjà réapprovisionné son stock de roquettes et est prêt pour une nouvelle guerre. Il a également dit que, dans la prochaine série de combats, le Hamas opérerait « à l’intérieur du territoire de 1948 ». C’était un gros indice sur le fait que le Hamas envisage d’engager des attaques terroristes en Israël en utilisant, avec entre autres moyens, ses nouveaux tunnels transfrontaliers.

Certains diraient que ce sont des menaces vides, les sortes de menaces que le Hamas fait tellement souvent. Mais en y regardant de plus près, ce qui se passe en ce moment dans la bande de Gaza donne l’impression contraire : 18 mois après la dernière guerre, quelqu’un dans la bande de Gaza est en train de préparer le terrain au niveau du public, et faire les préparatifs en sous-sol sur le plan militaire, pour une escalade de la violence à grande échelle qui mènerait à un autre conflit avec Israël.

La question est de savoir quand et dans quelles circonstances.

Les faits démontrent la détermination du Hamas à réhabiliter son projet des tunnels, qui a été gravement endommagé lors de l’opération Bordure protectrice : le Hamas a plus de 1 000 personnes qui travaillent 24 sur 24, six jours par semaine, pour creuser de plus en plus tunnels d’attaque sous la frontière et en Israël.

Le mauvais temps n’a pas ralenti le rythme du travail, comme l’incident de Tufah le démontre. Ceci parce que le projet de tunnel est central, dans la mesure où le Hamas croit qu’il peut utiliser les tunnels (entre autres armes) pour procéder à une « frappe d’ouverture » qui donnera l’impression de victoire dans la manche à avenir des combats avec Israël.

Le nombre de tunnels traversant Israël a été estimé à ce jour à quelques tunnels. Mais il pourrait y en avoir plus. Le Hamas utilise le béton sur les parois de ses tunnels, comme il l’a fait dans le passé, et a un accès suffisant à ces matières.

Ces tunnels ne sont pas les tunnels archaïques qui ont été construits le long de la route de Philadelphie au début de la dernière décennie ; ceux qui ont été creusés par des amateurs avec une profondeur moyenne de 7 à 8 mètres. Ces nouveaux tunnels sont creusés sur 30 mètres de profondeur, avec un équipement d’ingénierie sophistiqué et le soutien technologique plus avancé, y compris les plans des ingénieurs.

Le Hamas ne veut probablement pas d’une escalade de la violence ou d’un autre conflit maintenant, comme l’ancien Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh l’a laissé entendre dans son dernier discours. Mais pas tout le monde au sein du Hamas se raccroche à chaque mot de Haniyeh.

Pour l’aile militaire, il est crucial de restaurer l’image du Hamas, qui a pris un sérieux coup dans la dernière guerre. Voilà pourquoi une « frappe d’ouverture » est presque obligatoire, certainement à la lumière de la situation dans la bande de Gaza, où la popularité du Hamas est en baisse constante en raison de la situation économique, entre autres raisons.

D’autres responsables de haut rang du Hamas, comme Yahya Sinwar de l’aile militaire, préfèrent une approche urgente à celle plus patiente de celle de Haniyeh.

À leur avis, le maintien du statu quo est intenable à Gaza, où la hausse des taux de chômage et de pauvreté, la fermeture des frontières, et l’alimentation électrique erratique pourrait endommager la capacité du Hamas à survivre, en particulier à la lumière de l’embargo égyptien et le retrait de l’appui de L’Iran.

Gaza ne cesse de nous surprendre. Chaque fois, il semble que la situation n’a jamais été pire, il plonge encore plus loin. Un exemple est la tempête de cette semaine, qui a établi un nouveau record de consommation d’électricité en Israël. Dans la bande de Gaza, il a causé une panne de courant particulièrement longue. Au lieu de huit heures d’électricité suivie de 16 heures sans, les gens là-bas ont eu quatre heures d’électricité et 20 heures sans.

Des Palestiniens près d'une route inondée d'eau de pluie suite aux fortes pluies, à Khan Yunis dans le sud de Gaza le 24 janvier 2016 (Crédit : Abed Rahim Khatib / Flash90)

Des Palestiniens près d’une route inondée d’eau de pluie suite aux fortes pluies, à Khan Yunis dans le sud de Gaza le 24 janvier 2016 (Crédit : Abed Rahim Khatib / Flash90)

Le froid était particulièrement intense à Shajaiya, Beit Hanoun et plusieurs autres quartiers, où des milliers de personnes dont les maisons ont été détruites pendant la dernière guerre vivent dans des maisons mobiles préfabriquées sans une bonne isolation.

Beaucoup de maisons ont été inondées à Khan Yunis, Hizaa et plusieurs autres endroits qui avaient déjà été réduits en cendres pendant la dernière guerre avec Israël. Presque partout dans la bande de Gaza, des groupes de personnes pouvaient être en train de se blottir des barils en feu, en essayant de se réchauffer dans un froid glacial.

« Les animaux dans votre safari à Ramat Gan sont mieux que les gens d’ici », a déclaré Hisham, un résident de la ville de Gaza, qui a visité le parc animalier près de Tel Aviv dans les années 1990.

Gaza n’a jamais été dans une si mauvaise situation humanitaire, les habitants disent que la situation est beaucoup plus difficile qu’elle ne l’était à la veille de la dernière guerre.

« Personne ne travaille, il n’y a pas de matériaux de construction sur le marché et il n’y a pas d’argent, car il n’y a pas de salaires », a déclaré H., également un résident de la ville de Gaza.

« Les responsables du Hamas ne reçoivent pas de salaire de base ; plutôt, ils reçoivent 1 000 à 1 200 shekels tous les 50 jours. Les membres du Jihad islamique n’ont pas d’argent non plus ».

« Cela va conduire à une explosion », a déclaré H. « Ce serait un miracle si 2016 se terminait sans une guerre. Cela n’en tient plus qu’au Hamas ou à Israël maintenant ».