Nabi Saleh, Cisjordanie – Leurs visages couverts de bandanas, un groupe d’adolescents palestiniens était en tête de la marche depuis le village palestinien de Nabi Saleh en Cisjordanie vers l’implantation juive voisine de Halamish. Derrière eux, il y avait une foule de villageois – certains âgés et certains jeunes – ainsi que des militants et des journalistes. Certains agitaient des drapeaux palestiniens ; certains tenaient des masques à gaz ; beaucoup avaient des caméras.
Sur la route, les soldats israéliens les attendaient, comme ils le font chaque vendredi, pour les empêcher d’atteindre Halamish et la route principale.
Cette manifestation de routine contre la construction d’implantations près de Nabi Saleh a ouvert la voie à un incident qui a été filmé et qui a fait les manchettes dans le monde entier : des femmes et des enfants palestiniens empêchant un soldat de Tsahal d’arrêter Mohammed Tamimi, 12 ans, soupçonné d’avoir lancé des pierres.
L’altercation a laissé le soldat avec des blessures légères, et Israël avec un oeil au beurre noir sur la scène mondiale.
Depuis vendredi, les images et la vidéo de l’incident ont inondé les réseaux sociaux, déclenchant une condamnation du comportement du soldat et insistant sur l’ultime futilité de la présence militaire israélienne en Cisjordanie.
J’y étais avec le groupe de journalistes, pour travailler sur un article pour le Times of Israel consacré au sujet de la dynamique plus large entre les villages palestiniens et les implantations juives voisines. C’était la première fois que je participais à la manifestation hebdomadaire. Pour tout le monde là-bas, c’était une routine. Ils se saluèrent comme des membres d’une équipe de football avant de monter sur le terrain.
Une fois que je suis arrivé au rendez-vous des manifestants, j’ai demandé à quelqu’un à côté de moi ce qu’il fallait attendre de la manifestation imminente.
« Nous allons commencer en marchant sur la route, puis l’armée nous attendra. Une fois arrivés à un certain point, ils vont commencer à lancer des gaz lacrymogènes dans notre direction, alors les enfants vont commencer à jeter des pierres sur eux depuis le haut de la colline », a-t-il répondu. « Et ainsi de suite. »
« Et nous allons prendre beaucoup de photos, » a-t-il ajouté.
À 13h06, la manifestation a sérieusement commencé, lorsque les participants se sont avancés à quelques centaines de mètres sur la route en direction des soldats, lesquels avaient construit une barricade. Je n’ai pas pu dire ce qui est arrivé en premier, les jets de pierres ou les grenades lacrymogènes, mais rapidement il y a eu une cacophonie des deux côtés. Alors que je prenais des photos, une partie du gaz lacrymogène lancé sur la foule est rentrée dans mes yeux.
« Ne les touchez pas, » m’a dit quelqu’un. « La brulûre va passer, il faut juste attendre un peu. »
Pendant ce temps, les enfants ont commencé à courir vers une colline brune pour jeter plus de pierres sur les soldats, certains avec des frondes, certains avec leurs mains.