La maison mère de Google, Alphabet, n’a pas commis de faute pour ses premiers résultats annuels sous cette nouvelle dénomination. Le groupe a publié, lundi 1er février, des résultats largement supérieurs aux attentes des analystes, ce qui a fait bondir son action de plus de 6 %, à 796 dollars (730 euros), au cours des échanges après Bourse. Une progression qui permet à l’entreprise de Mountain View (Californie) de devenir la première capitalisation mondiale devant Apple , une première depuis 2007. Lundi soir, Alphabet, dont le titre a gagné plus de 45 % en un an, valait 555 milliards de dollars, contre 534 milliards pour le fabricant de l’iPhone, dont les ventes commencent à plafonner.
<figure class="illustration_haut " style="width: 534px"></figure>
Cette publication était très attendue dans la mesure où, pour la première fois, la société communiquait de façon séparée sur les résultats de ses activités principales (son moteur de recherche, le site de vidéos YouTube et le système d’exploitation pour téléphone mobile Android) et ceux de sa galaxie de filiales qui investissent sur les technologies du futur. Une initiative censée donner une vision plus claire à la fois de la rentabilité de son métier historique, focalisé sur la publicité sur Internet, et du poids des investissements consacrés à des activités qui vont de la santé (Calico) à la voiture autonome sans chauffeur (Google X), en passant par la domotique (Nest) ou le capital-risque (Google Ventures), regroupés en interne sous l’intitulé « Autres paris ».
Le chiffre d’affaires des activités principales réalisé en 2015 est en hausse de 13,5 %, à 74,54 milliards de dollars, pour un bénéfice opérationnel en hausse de 23 %, à 23,4 milliards. Ces résultats, dopés par un quatrième trimestre très dynamique, montrent que le groupe arrive à accélérer sur son métier historique, ce qui permet de compenser les coûts engendrés par ses autres activités.
Ainsi les « paid to click » , les clics rémunérés, c’est-à-dire le nombre de fois où les gens cliquent sur des annonces publiées sur les sites utilisant la technologie Google, ont bondi de 31 % en 2015. Le défi, maintenant, consiste à améliorer la rentabilité sur téléphone mobile. Pour le moment, le groupe n’a pas encore réussi à amener les annonceurs à payer les mêmes tarifs que sur ordinateur, ceux-ci considérant que les messages diffusés sur de plus petits écrans ont moins de valeur.
C’est l’une des raisons qui expliquent que le « coût par clic » est en baisse depuis quatre ans. Au quatrième trimestre, celui-ci a encore chuté de 13 % par rapport à la même période de 2014. Mais, comme l’a souligné la nouvelle directrice financière du groupe, Ruth Porat, au cours d’une conférence téléphonique, ce recul est largement compensé par la croissance exponentielle des recherches sur téléphone mobile. Cela explique les 18 % de progression du chiffre d’affaires entre octobre et décembre 2015. Le groupe espère que l’accélération de cette mutation va tôt ou tard convaincre ses clients annonceurs de consentir à payer plus sur mobile.
Lire aussi : Tout ce qu’il faut savoir sur Alphabet, la nouvelle maison mère de Google
Rentabilité astronomique
Dans le même temps, Gmail a dépassé au quatrième trimestre le milliard d’utilisateurs. Après Android, Chrome (le navigateur sur Internet), YouTube ou encore Google Play (la boutique en ligne), la messagerie de Google est ainsi le septième service à avoir franchi ce seuil psychologique.
Le fait de séparer la publication des différentes activités permet de cerner la rentabilité astronomique dégagée par Google, qui, au quatrième trimestre, a publié une marge opérationnelle de 25 %, sur les talons d’Apple, dont les 32 % de profitabilité restent la référence à Wall Street.
En marge de ces activités, très rémunératrices, Alphabet mise sur le futur pour prendre peu à peu leur relais. La division « Autres paris » a ainsi dégagé un chiffre d’affaires en forte hausse, de 37 %, en 2015, mais, dans le même temps, les pertes se sont creusées, à 3,57 milliards de dollars, contre 1,94 milliard l’année précédente. Rien que sur le quatrième trimestre, la perte s’élève à 1,2 milliard.
Ces chiffres ont réclamé un peu de pédagogie auprès des investisseurs, qui, pour la première fois, ont pu jauger la consommation de capital exigée par ces activités. C’est le rôle qui incombe désormais à Mme Porat, une ancienne de Morgan Stanley, débauchée à prix d’or pour donner plus de lisibilité à ce maquis d’investissements prometteurs. Elle a souligné que l’objectif était d’optimiser les ressources de ce portefeuille, dont le chiffre d’affaires a été essentiellement porté par Nest, Google Fiber (fibre) et Verily, une filiale spécialisée dans les sciences de la vie. « Nous effectuons un périple et c’est encore le début », a prévenu Mme Porat.
A ceux qui s’inquiéteraient de l’envolée des dépenses de cette division, le patron de Google, Sundar Pichai, a expliqué que le succès de son moteur de recherche a été aussi le fruit de lourds investissements. Il a notamment vanté les progrès faits par le groupe dans le domaine de l’intelligence artificielle, rappelant qu’une de ses machines avait réussi à battre pour la première fois un maître du jeu de go. C’est aussi une sorte de jeu de stratégie dans lequel Google est engagé avec les marchés financiers. Son but est d’entretenir leur patience vis-à-vis des projets futuristes, en continuant à dégager une solide rentabilité dans son métier historique.