La production canadienne de pétrole devrait osciller entre 6 et 7 millions de barils par jour (Mb/j) d’ici 2040, contre 3,87 Mb/j en 2015, selon un rapport officiel publié mercredi avertissant que les émissions de gaz à effet de serre vont nécessairement augmenter.
Cinquième producteur mondial d’hydrocarbures, le Canada a été frappé de plein de fouet par la chute des prix du baril, de 110 dollars américains mi-2014 à moins de 30 dollars ce mois-ci.
Mais selon l’Office national de l’Énergie (ONÉ, une agence fédérale), le prix du brut coté à New York devrait remonter à 80 dollars en 2020 et à 105 dollars en 2040.
«La croissance continue de la demande mondiale et la nécessité de se tourner vers des ressources (non conventionnelles, NDLR) dont les coûts de production sont plus élevés se traduisent par une croissance modérée des prix durant la période de projection», indique ce rapport intitulé «Avenir énergétique du Canada en 2016 - Offre et demande énergétiques à l’horizon 2040».
Avec de telles perspectives, l’ONÉ estime que la production pétrolière canadienne va atteindre 6,1 Mb/j en 2014, voire 6,9 Mb/j «dans le scénario de prix élevés» du brut.
A priori, la production canadienne de pétrole augmentera plus rapidement que la consommation locale et donc «les exportations nettes d’énergie seront en hausse», relève l’agence.
Néanmoins, ces prévisions pourraient être rendues caduques par la demande des États-Unis, premier importateur de brut canadien, et des pays émergents, ainsi que par l’évolution des grands projets miniers prévus au Canada, et dont le «rythme de réalisation (...) demeure incertain».
Le secteur énergétique (environ 10% du PIB) a lourdement pesé sur l’économie canadienne ces derniers mois, entraînant même une récession au cours du premier semestre 2015.
La province d’Alberta, coeur de l’industrie pétrolière du pays, a perdu près de 20.000 emplois en 2015, alors que de nombreuses compagnies suspendaient leurs projets d’agrandissement des sites d’extraction de sables bitumineux.
Une autre inconnue tient dans la récente élection d’un gouvernement libéral qui souhaite réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de manière à limiter la hausse de la température à +1,5 degrés en 2050 par rapport à l’ère pré-industrielle, tel qu’annoncé à la COP21.
«Quelles que soient les projections élaborées, la consommation d’énergie sous forme d’hydrocarbures continue de croître, ce qui est nécessairement à l’origine d’une augmentation des émissions de GES», souligne Peter Watson, président de l’ONÉ.
L’industrie pétrolière réclame de nouveaux oléoducs pour exporter davantage, mais l’administration du Premier ministre Justin Trudeau a prévenu que cela devrait prendre en compte ses objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.
«Si la politique climatique continue d’évoluer ainsi, les incertitudes seront d’autant plus grandes à l’égard de toute projection à long terme sur l’énergie», reconnaît le président de l’ONÉ.