• L’affaire Leonarda et son flot de déclarations inexactes

    En prenant la parole, samedi 19 octobre, François Hollande a souhaité mettre un terme à la polémique née du renvoi de la jeune Leonarda et de sa famille au Kosovo, dix jours plus tôt. Las, loin de tarir le flot des commentaires, les critiques sont reparties de plus belle après l'intervention du chef de l'Etat, charriant leur lot d'affirmations inexactes ou approximatives.

    • Jean-Luc Mélenchon et la légalité d'un éventuel retour

    Ce qu'il a dit : La proposition de François Hollande de "faire rentrer un adolescent mineur sur le territoire sans ses parents (...) n'a aucune base légale". (Emission "Tous politiques", France Inter et France 24, le 20 octobre.)

    Pourquoi c'est faux : Aussi "cruel", "inhumain" et "monstrueux" que ce dilemme entre famille et études proposé par le président à la jeune Leonarda puisse paraître à Jean-Luc Mélenchon, il n'a rien d'illégal.

    Si Leonarda souhaite revenir en France pour terminer ses études, elle pourra bénéficier d'un visa de retour, délivré à titre exceptionnel par le chef de l'Etat pour des raisons humanitaires. "A partir du moment où ses parents en sont d'accord, il est parfaitement envisageable qu'elle revienne en France sans eux", expliquait au Monde Pierre Henry, le directeur général de France terre d'asile, ajoutant : "Elle peut être confiée à l'aide sociale à l'enfance, être placée dans une famille d'accueil ou en internat. C'est juridiquement comme si on envoyait son enfant dans un collège à l'étranger à des fins de séjour linguistique."

    Si elle est légale, cette situation serait, il est vrai, complexe. Il est arrivé que des militants des droits des étrangers parviennent à faire revenir en France des personnes expulsées mais le cas des enfants mineurs sans leurs parents est, lui, exceptionnel.

    >> Lire : Faire revenir Leonarda "seule" : possible mais "aberrant"

    • Jean-François Copé et le regroupement familial

    Ce qu'il a dit : "Si la jeune Leonarda revient en France, elle pourrait alors demander automatiquement le regroupement familial pour l'ensemble de sa famille." (France Inter, le 21 octobre.)

    Pourquoi c'est faux : Si la jeune fille acceptait la proposition du chef de l'Etat, Leonarda n'aurait aucun moyen de faire venir en France sa famille grâce au regroupement familial. D'abord parce qu'elle n'a que 15 ans et qu'il faut, pour y prétendre, être majeur.

    Ensuite parce que, même si elle était majeure, ce dispositif permet à un individu de faire venir en France son conjoint et ses enfants mais pas ses parents ou ses frères et sœurs, comme le fait d'ailleurs remarquer durant l'interview le journaliste Patrick Cohen. Jean-François Copé tente alors de se rattraper en invoquant l'exception de la situation : "et pour cause, puisqu'il n'y a jamais eu de situation comme celle-là".

    Enfin parce que, même si toutes ces conditions étaient remplies, prétendre au regroupement familial requiert de nombreux critères : habiter en France depuis au moins 18 mois de façon légale – il faut donc être titulaire au moment de sa demande d'une carte de séjour ou d'une carte de résident –, avoir des revenus de 1 800 euros minimum (hors prestations sociales), bénéficier d'un logement d'au moins 18 m² pour un couple, 32 m² pour une famille avec un enfant et 5 m² en plus pour chaque enfant supplémentaire.

    En aucun cas Leonarda n'aurait donc pu faire venir sa famille au titre du regroupement familial.

    • L'école sanctuarisée ?

    Ce qu'ils ont dit : Ils sont nombreux, à gauche, à avoir évoqué l'école comme un lieu où la police n'avait pas le droit d'intervenir afin de chercher un étranger en situation irrégulière. "Sanctuarisation de l'école", la formule, d'abord évoquée par Vincent Peillon sur Europe 1, est devenue pour ainsi dire virale : Jean-Marc Ayrault, Najat Vallaud-Belkacem, Cécile Duflot et même Valérie Trierweiler ont tous évoqué ce principe qui n'existe pas vraiment.

    Pourquoi l'école n'est pas un "sanctuaire" : Si les interpellations au sein d'établissements scolaires ont toujours choqué l'opinion, il faut rappeler qu'elles ne sont en rien illégales.

    Contrairement aux universités, les écoles, collèges et lycées ne bénéficient pas d'exemptions particulières ou d'un statut juridique à part qui les rendraient inaccessibles à la police. Etre scolarisé n'empêche en rien d'être expulsé. Si le gouvernement s'est engagé, en novembre 2012, à régulariser les familles d'enfants scolarisés depuis trois ans en France, il l'a fait par circulaire, et avec des critères restrictifs, notamment cinq ans de présence sur le territoire et des parents parlant français.

    L'autorisation de séjour concerne les parents des mineurs, et non ces derniers. Et la loi interdit de séparer un enfant de ses parents. Si ces derniers sont expulsés, l'enfant l'est donc aussi, même si cela aboutit à le déscolariser.

    Les conclusions du rapport commandé par le ministère de l'intérieur mercredi à l'Inspection générale de l'administration (IGA) pourraient toutefois conduire à une sanctuarisation de l'école en droit et en pratique puisque les inspecteurs demandent à ce que cette interpellation en milieu scolaire demeure "exceptionnelle" :

    "Pour éviter qu'elle se reproduise, les instructions déjà anciennes relatives aux espaces scolaires et aux interventions proches de cet espace mériteraient d'être précisées, de façon à proscrire plus explicitement toute intervention dans les espaces et le temps scolaires et périscolaires."

    Une recommandation dont a immédiatement pris acte Manuel Valls, envoyant aux préfets dès samedi soir une circulaire durcissant l'interdiction faite aux forces de l'ordre d'intervenir "dans le cadre scolaire" lors des expulsions d'étrangers en situation irrégulière. Désormais, la "protection" du cadre scolaire "s'étend au temps périscolaire et aux activités organisées par les structures destinées à l'accueil collectif des mineurs", et "concerne donc l'ensemble des activités placées sous l'autorité de l'institution scolaire", précise la circulaire.

    >> Lire : Léonarda, "sanctuarisation" de l'école et mémoire courte de la gauche

    • Nicolas Dupont-Aignan et l’assistanat

    Ce qu'il a dit : "Ce qui est scandaleux, c'est que ce sont les Français qui ont nourri, logé, cette famille pendant quatre ans." (France Info, le 21 octobre.)

    Pourquoi ce n'est que partiellement vrai :  Si cette déclaration est exagérée, elle est partiellement vraie puisque par "Français", Nicolas Dupont-Aignan  pense aux prestations sociales.

    Or, le rapport de l'IGA est revenu avec précision sur le manque d'une "réelle volonté" d'intégration de la famille Dibrani. Un fait déjà souligné à plusieurs reprises par le préfet du Doubs pour justifier son refus d'admission au séjour à cette famille alors que dans le même temps deux autres familles sans papiers y ont eu droit.

    Le père de Leonarda concentre le gros des critiques : le rapport mentionne qu'il n'a pas recherché activement un emploi et "n'a jamais caché attendre le versement des prestations familiales qui suivraient sa régularisation pour assurer un revenu à sa famille". Il a insulté et menacé plusieurs fonctionnaires des services sociaux et l'ancien maire de sa commune.

    Par ailleurs, la famille Dibrani a laissé se dégrader le logement qui leur avait été prêté et des travaux conséquents pour le remettre en état vont être nécessaires. Concernant Leonarda, si elle avait fait des progrès à l'école et se montrait déterminée, le rapport mentionne que depuis le début de cette année scolaire, elle a manqué vingt et un jours et demi de cours et qu'elle découchait fréquemment de chez elle. Elle et sa sœur ont été prises en charge par les services sociaux après avoir subi des violences de la part de leur père mais elles se sont ensuite rétractées. Le rapport note qu'elles ne sont pas restées dans le foyer qui les a accueillies.

     Camille Bordenet


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  • Des Roms bientôt hébergés dans des logements vacants de Paris

    Le Monde.fr | <time datetime="2013-10-15T13:05:10+02:00" itemprop="datePublished">15.10.2013 à 13h05</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-10-15T13:13:42+02:00" itemprop="dateModified">15.10.2013 à 13h13</time>

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    Selon un vœu adopté au conseil de Paris, aucun arrondissement parisien ne peut se considérer comme "exempté de l'effort" d'accueil des Roms.

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    Selon un vœu présenté par le maire Bertrand Delanoë et adopté à main levée par une majorité d'élus parisiens lundi 14 octobre au conseil de Paris, des logements vacants de la capitale vont être mis à disposition de l'Etat dès cet hiver pour héberger des Roms.

    D'après le texte, une expertise va être menée sur "l'opportunité de créer un village d'insertion dans Paris". En attendant, "des logements vacants et des structures d'hébergement pérennes accueilleront des Roms dès cet hiver". L'ouest parisien, place forte de la droite, "doit également participer à cet effort", souligne également le texte.

    Lire notre décryptage : "Roms : surenchère verbale et idées reçues avant les municipales"

    DES ROMS LOGÉS DANS LE 16e ARRONDISSEMENT ?

    Ce vœu a remplacé celui proposé plus tôt par Ian Brossat, membre du Parti communiste français, qui consistait à la création d'un village d'insertion de Roms dans le 16e arrondissement de Paris. Le jeune communiste est néanmoins satisfait : "C'est un point d'appui, il y a un engagement de l'exécutif", a-t-il déclaré.

    La Ville de Paris a par ailleurs rappelé que toute évacuation de campement devait être précédée d'un diagnostic des besoins sociaux et d'une proposition d'hébergement, et souhaité que "la scolarisation des enfants vivant dans les campements parisiens soit une priorité dans tous les arrondissements de la ville".

    Lire aussi l'article : "Comment les Roms voient la France et leur avenir"


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    Roms : "Des gens me disent 'dégage,

    y'a pas de sous pour vous !'"

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    <time datetime="2013-10-05T09:14:29" itemprop="datePublished">Publié le 05-10-2013 à 09h14</time> - <time datetime="2013-10-05T11:15:53" itemprop="dateModified">Mis à jour à 11h15       </time>
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    Dans l'agglomération lilloise, l'exaspération de la population monte. Dépassés, les élus se renvoient les 3.300 Roms de camp en camp. Reportage à Villeneuve-d'Ascq.

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    Larissa, gilet gris, 8 ans, avec deux amis du camps de roms de l'aire d'accueil tolérée de Villeneuve d'Ascq 4 cantons. (Xavier Pardessus pour le

    Larissa, gilet gris, 8 ans, avec deux amis du camps de roms de l'aire d'accueil tolérée de Villeneuve d'Ascq 4 cantons. (Xavier Pardessus pour le

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    Le sommeil a souvent du bon. Daniel a 7 mois. Emmailloté dans son landau, il dort. Sa maman, elle, se ronge les sangs. Son bébé a de l'asthme, la famille doit désormais s'entasser à quinze dans une seule caravane, il faudra à nouveau bientôt déguerpir, impossible de rester longtemps en bordure de ce terrain de sport herbeux.

    La semaine dernière, des pelleteuses ont croqué son toit de tôle lors du démantèlement de l'immense camp-bidonville de la porte d'Arras, à Lille. "Il y avait des papiers d'identité et des vêtements dedans. On n'a rien récupéré", se lamente Liliana. Alors la jeune Rom de 25 ans est venue s'installer ici, à Villeneuve-d'Ascq, sur le parking P4 du campus universitaire, à deux pas de la station de métro Quatre-Cantons, où étaient déjà agglutinées, en toute illégalité, une bonne trentaine de caravanes.

    3.300 Roms pour 1500 places d'accueil

    Hier Lille, aujourd'hui Villeneuve-d'Ascq. Où Liliana ira-t-elle demain ? "En Roumanie, on n'avait qu'une baraque. Je voudrais juste une chambre pour mon mari, mon bébé et moi." Mais le futur du petit Daniel ressemblera à son présent : des expulsions qui se succèdent. Toujours partir, entasser les couvertures, débloquer les roues du mobil-home, reprendre la route. C'est à ce jeu infernal de chaises musicales que sont contraints de jouer les 3.300 Roms de l'agglomération lilloise, qui ne dispose que de 1.500 places pour les accueillir sur des aires autorisées.

    "Si on ne les expulsait pas, les Roms resteraient toujours au même endroit. Or il faut que toutes les communes prennent leur part, estime Gérard Caudron, le maire divers gauche de Villeneuve-d'Ascq, qui a quitté le PS en 2001. Il n'y a pas de clivage droite-gauche sur la question : la différence se fait entre les maires qui n'en ont pas sur leur commune et les trouvent bien malheureux, et ceux qui en ont et sont favorables aux évacuations."

     

    Un gros camp a poussé comme un champignon

    Le problème rom, ce "vallsiste" convaincu le connaît de près. Les premières expulsions de la métropole validées par la gauche ont commencé dans sa ville, au cœur de l'été 2012. A l'époque, 800 Roms s'arriment aux recoins de la ville nouvelle. Un gros camp a poussé comme un champignon, avec son lot de désagréments - fumée âcre des pneus qui brûlent, musique lancinante le soir. La situation s'enlise, jusqu'à ce que des tirs de voisins excédés décident l'Etat à sévir. Par ici, la sortie ! Les Roms se dispersent comme une volée de moineaux... pour se poser un peu plus loin. Et tant pis si les enfants scolarisés, comme Sorin, 10 ans, se retrouvent à une heure de leur école... "Je ne sais pas si je retournerai au CE1 à la rentrée", confiait alors l'enfant. Au programme, ce sera la manche au feu rouge plutôt que les dictées.

    Un an plus tard, les Roms sont toujours là. C'est tout le village tzigane de Bacesti qui s'est transplanté de la Roumanie à Villeneuve-d'Ascq. Ils sont environ 200, répartis sur deux espaces, de part et d'autre d'une route que les petits traversent sans bien regarder. Hier, une voiture a heurté une fillette. "Elle avait du sang sur le visage", glisse Dimitro, 38 ans, qui vient de remplir sa camionnette d'un fatras de métaux dont il espère tirer "50 à 60 euros". Larissa, 8 ans, cheveux noirs en bataille, caracole jambes nues, sans chaussures dans le froid matinal. "J'avais donné des pompes à une gamine, elle les a jetées 300 mètres plus loin. Elle ne les supportait pas !", confie Milan, militant associatif qui vient en aide aux Roms de la métropole depuis trente ans.

    Roms à Villeneuve d'Ascq
    Camps de Roms sur l'aire d'accueil tolérée de Villeneuve-d'Ascq Quatre-Cantons. (Xavier Pardessus pour "le Nouvel Observateur")

    Le plus surprenant, c'est que selon l'emplacement de leur caravane, le sort de ces villageois ne sera pas le même. D'un côté de la ruelle - une chance - le campement est toléré et même aménagé. Il y a des toilettes de chantier et un point d'eau avec quatre robinets argentés, que la rieuse Gabi, 14 ans, montre avec fierté. Plus la peine d'aller remplir les bidons à la bouche d'incendie !

    De l'autre côté de la rue, un camp interdit

    Secret, 23 ans, un fin visage d'Indien, est venu en voisin partager le repas, du mouton caoutchouteux. Pas de chance, lui réside depuis trois ans sur le parking P4, de l'autre côté de la rue, dans sa micro-caravane à l'intérieur tapissé, avec sa femme Caroline, qui attend un bébé, leur fillette de 2 ans et la belle-mère, qui vient d'arriver de l'étranger. "Je répare des ordinateurs. Je voudrais étudier l'informatique à l'université d'à côté", explique ce pentecôtiste dans un mauvais français. Secret a beau réfuter la rumeur d'expulsion, cette partie du camp devrait être levée de force à la mi-octobre.

    Caroline, qui se prépare à partir mendier, a bien senti le vent tourner. Les habitants en ont soupé de cohabiter. "Avant, tout le monde était gentil. Maintenant, quand je fais la manche, des gens me disent : 'Dégage ! Y a pas de sous pour vous !' Ils en ont marre. Je les comprends : ils sont partout, les Roumains", dit-elle en tirant sur sa cigarette. En quelques heures, la jeune femme grappillera seulement "5 à 10 euros". Elle touche bien les 100 euros d'aide par mois pour la petite, mais, "entre le manger et les couches", ils sont vite consumés.

    Roms à Villeneuve d'Ascq
    Dans le camps de Roms sur l'aire d'accueil tolérée de Villeneuve-d'Ascq Quatre-Cantons. (Xavier Pardessus pour "le Nouvel Observateur")

    Un "campus déchetterie"

    Les Villeneuvois sont décontenancés par ces mômes hauts comme trois pommes qui prennent le métro tout seuls, tendent la main en suppliant, fouillent parfois les poches. "Les 10-18 ans, eux, sont agressifs, dénonce Delphine, 35 ans, qui travaille au restaurant de la fac. Ils vous collent, vous poussent. Dans certaines stations, il devient impossible de s'acheter des tickets."

    Depuis son lancement en mars, près de 2.300 étudiants - sur les 20.000 que compte l'université - ont paraphé la pétition "Retrouver une vie saine et sécurisante sur Lille 1", initiée par un étudiant, qui dénonce l'état d'un "campus déchetterie". Castel, accroupi devant sa caravane, fait éclater à coups de marteau des composants d'ordinateur pour récupérer les bobines de cuivre qu'ils renferment. Les Roms vivent de ferrailles récupérées à droite à gauche et du désossage des encombrants.

    "On n'a rien, donc on vole !"

    Mais, dans les villages qui jouxtent Villeneuve-d'Ascq, on leur impute surtout nombre de menus larcins. Il y a quelques mois, dans un cimetière, des ornements en cuivre ont disparu des vieilles tombes. "Ils ont cassé un pied en bronze du columbarium où repose mon grand-père", raconte Dorik. Pour lui, c'est signé. Michel, retraité villeneuvois, a, lui, fait la une des médias quand sa caravane s'est volatilisée. "Je l'ai retrouvée dans le camp lillois de la porte d'Arras. Une jeune Rom s'est justifiée en disant : 'On n'a rien, donc on vole !'"

    Dans son quartier du Triolo, à un kilomètre à vol d'oiseau des campements sauvages, la colère gronde entre les petites maisons proprettes, habitées par des foyers modestes. "Il y a eu trente cambriolages entre janvier et mai, dont seize rien qu'en avril, du jamais-vu ! explique Philippe Dourcy, président du conseil de quartier. Dès qu'on quitte sa maison dix minutes, il faut fermer les volets. Deux enfants de 10 et 11 ans ont même été pris en flagrant délit !"

    Des affichettes "Individus recherchés", avec des photos floues de deux voleurs présumés, ont même été apposées dans les ruelles. "Wanted" au cœur de la banlieue lilloise ? En août, des habitants d'un quartier voisin ont rossé un Rom bulgare qu'ils soupçonnaient de vol ; il a fini à l'hôpital. "Il n'y avait jamais eu de liste FN aux municipales. Cette fois je pense qu'ils trouveront les 49 personnes pour la composer", pronostique le maire.

    Aux Quatre-Cantons, il y a aussi une aire paisible dont les contours sont proprement délimités par des monticules plantés d'arbres : le terrain des gens du voyage, qui disposent de sanitaires et paient pour leur emplacement, le ramassage des ordures et l'électricité. "Vous pouvez manger par terre", dit-on à la mairie. Il y a vingt-cinq ans, c'était un campement sauvage contre lequel tout le monde pestait.

    > Lire aussi "Dans la tête de Manuel Valls" et "Ces vérités qui dérangent" dans "le Nouvel Observateur" du 3 octobre.


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  • Lampedusa : Ayrault souhaite "vite"

    une réunion avec les pays européens
    Publié le 05-10-2013 à 14h09 - Mis à jour à 15h17
    Le Nouvel Observateur avec AFP
    Par Le Nouvel Observateur avec AFP
    Après la mort d'environ 300 migrants, le Premier ministre considère que "la compassion ne suffit pas". De son côté, Jean-François Copé souhaite "réformer Schengen".
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    Un bateau de migrants a fait naufrage près de Lampedusa, le 3 octobre 2013. Ci-dessus, des corps de victimes sont rassemblés dans le port de cette île italienne. (Nino Randazzo/AP/SIPA)
    Un bateau de migrants a fait naufrage près de Lampedusa, le 3 octobre 2013. Ci-dessus, des corps de victimes sont rassemblés dans le port de cette île italienne. (Nino Randazzo/AP/SIPA)
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    Jean-Marc Ayrault a estimé samedi 5 octobre que les pays européens devaient "vite" se réunir pour évoquer la gestion des frontières maritimes après le dramatique naufrage d'une embarcation de clandestins à Lampedusa, dans le sud de l'Italie.
    Au-delà du drame, de la tragédie, il est important que les responsables politiques européens en parlent, et vite, ensemble", a déclaré le Premier ministre, en marge d'une visite à Metz.

    "C'est à eux de se réunir pour trouver la bonne réponse, mais la compassion ne suffit pas", a ajouté Jean-Marc Ayrault.
    "Qui peut rester insensible? J'ai été profondément touché, ému par les images que j'ai vues", a-t-il dit.

    Selon le chef du gouvernement, "c'est un drame terrible, qui ne peut que soulever notre compassion, notre solidarité mais au-delà des mots, je crois qu'il est important que l'Europe se préoccupe de cette situation particulièrement dramatique".
    "La question de Schengen"

    Par ailleurs, Jean-François Copé a affirmé samedi qu'après "la tragédie épouvantable de Lampedusa", "réformer Schengen" était "une priorité absolue".

    "Ayons le courage de mettre sur la table la question de Schengen", a affirmé le président de l'UMP, lors d'une réunion des cadres de son parti à Paris, selon plusieurs participants.

    Le naufrage jeudi d'un bateau transportant des migrants de la Corne de l'Afrique à Lampedusa (sud de l'Italie), est une "tragédie" et "une catastrophe humanitaire épouvantable", a affirmé Jean-François Copé.
    Aucun contrôle

    Ces migrants sont "pris en main par des filières mafieuses" et partent "dans des bateaux de fortune dont on n'assume même pas le départ du continent africain, pour arriver à quelques kilomètres des côtes italiennes, sur lesquelles il n'y a aucun contrôle", a-t-il dénoncé.

    Alors, "quand j'entends la réaction du Parti socialiste dire que cette catastrophe est arrivée parce que l'Europe est une forteresse, les bras m'en tombent!", s'est-il exclamé, faisant allusion à un communiqué du PS, publié vendredi, dans lequel le parti majoritaire affirme que l'Union européenne "doit s'interroger sur la gestion de ses frontières maritimes qui la transforment parfois en forteresse".

    Selon lui, "tant que nous laisserons croire à des millions d'hommes et de femmes à travers le monde que l'Europe est un continent ouvert à tous les flux, que nos frontières sont des passoires, alors il y aura des mafieux pour les exploiter, il y aura des réfugiés prêts à tenter le tout pour le tout pour arriver sur notre sol".
    "Une priorité absolue"

    "Au lendemain de Lampedusa, réformer Schengen est une priorité absolue de la part des dirigeants européens. Réformer Schengen est vital", a-t-il affirmé.

    "Nous devons sanctionner et même exclure les pays qui ne contrôlent pas les frontières extérieures de l'Europe, en dépit de leurs engagements. Certains pays, comme la Grèce, ne se sentent pas concernés parce qu'ils savent que les gens qui arrivent en Grèce n'y resteront pas", a-t-il ajouté. "Les conséquences ne sont jamais dans les beaux quartiers", a-t-il également observé.

    Le président du principal parti de l'opposition soutient qu'"on doit mettre en place un vrai corps de garde-frontières européens", et que pour se faire entendre par le reste de l'Europe, si c'était "la seule solution", alors il fallait "menacer de la chaise vide au Conseil européen".
    Il faut "une immigration choisie, pas une immigration subie, au service d'une intégration réussie", a-t-il dit.
    "Politique européenne de l'immigration"

    Parallèlement, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a estimé samedi que cette tragédie soulignait "tragiquement la nécessité d'une politique européenne de l'immigration globale", dont le contrôle des frontières externes n'était que l'un des éléments.

    "Les événements de Lampedusa ont une dimension européenne", a déclaré Didier Reynders, en exprimant "sa profonde tristesse" après le drame.

    "Ils soulignent tragiquement la nécessité d'une politique européenne de l'immigration globale, solidaire et équilibrée. Le contrôle des frontières extérieures ne constitue qu'un des éléments de cette politique", a-t-il ajouté dans un communiqué.

    "L'Union doit prévenir la répétition de tels drames, notamment en luttant plus fermement contre les réseaux criminels qui exploitent la détresse des migrants, en développant des programmes permettant d'améliorer les conditions de vie dans les régions d'origine, et en renforçant son dialogue et sa coopération avec les pays d'origine et de transit", a souligné le ministre belge.

    Parti des côtes libyennes, un bateau clandestin chargé de 450 à 500 migrants en majorité érythréens a coulé après un incendie accidentel jeudi à l'aube, non loin des côtes de Lampedusa.

    Les secouristes n'ont réussi à sauver que 155 personnes, ce qui ferait de ce naufrage le pire drame de l'immigration des dernières années.
     


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