• Stop Harcèlement de rue

    par  le 02. JUIN, 2014 dans LIFE     lien harcelement-de-rue-diglee-1


    harcelement-de-rue-diglee copie
    (c’est quoi le slut shaming? Clique)

    harcelement de rue-diglee-4-bis

    harcelement-de-rue-diglee-3-1

     

    harcelement de rue-diglee-4
    harcelement-de-rue-diglee-5
    harcelement de rue-diglee-6-1 
    harcelement de rue-diglee-6-é
    harcelement de rue-diglee-7

    harcelement de rue-diglee-8

     

     diglee-mad-

    harcelement de rue-diglee-9
    harcelement de rue-diglee-10

     

    L’article que j’ai écrit sur Madmoizelle raconte comment j’ai récemment répondu à différentes agressions

    verbales sexistes et/ou sexuelles (grâce notamment aux conseils du blog « Projet Crocodiles »), et vous

    pouvez le  lire ici

    Voilà.

    Cette (première?) petite mise au point me semblait nécessaire.
    Ceux qui me connaissent dans la vie savent que je suis intransigeante dès qu’il s’agit de l’égalité homme-

    femme. Je pourrais en parler des heuuuuures, toujours plus choquée quand je me confronte à des gens qui

    assènent que l’homme est « biologiquement différent de la femme » (Catherine Vidal -et la NEUROBIOLOGIE-

    ne semblent pas de cet avis…) et se servent de cet argument pour excuser des comportements gravissimes.

    Je ne me sens pas tant « femme » qu’ « individu », et ça me va très bien comme ça.

    Alors quand je subis des situations injustes liées à mon sexe, je suis colère colère COLÈRE. Dans mon

    couple, c’est Pierre qui cuisine et moi qui paie les restaus. Entre autres. Et nous sommes heureux comme

    ça. Tout ça, mes proches le savent. Ma connerie, c’est de ne pas vous le dire, à vous, là, qui me lisez. Ne

    pas débattre avec vous de ce qui me froisse, me débecte, me chiffonne, et de ce pour quoi je m’investis de

    plus en plus chaque jour, c’est con.

    Qu’on soit clair: les hommes, je les aime. Alors m’entendre dire « les hommes ont envie de sexe tout le

    temps, les exciter dans la rue, se faire belle, s’est chercher leur attention », ça me  fait HURLER  froisse

    pour les femmes, mais aussi , putain, pour LES HOMMES! 
    Parce que non non, je vous rassure, les hommes ne sont pas des animaux sans éducation qui ne pensent

    qu’au sexe (et même si c’était le cas, le soucis serait culturel, mais certainement pas biologique: donc pas irréversible).


    Et, non, non plus: les femmes ne sont pas des objets de convoitise n’attendant que la validation masculine

    pour se sentir valorisées.

    AU SECOURS. 

    Alors pitié, vous les hommes, ouvrez-la aussi! Que moi je dise « non, les hommes ne sont pas tous comme

    ça », ça n’a aucun poids. Je le sais, je le vois chaque jour, j’ai bien compris que « l’homme » en soi n’est pas

    le problème. Le problème, c’est la représentation que l’on se fait des sexes et de leurs (soit-disant)

    caractéristiques.

    Je reste persuadée que la meilleure façon de dénoncer une injustice, c’est d’abord de prouver qu’elle existe.

    Et quand je vois la teneur de certains commentaires (que je ne modère pas, parce qu’ils desservent leurs

    auteurs plus qu’il ne leur rendent grâce…), je me dis qu’il y a encore du boulot.

    Je vous invite donc à rendre vos messages de soutien PUBLICS, pour que votre parole, femmes et hommes concernés, soit entendue.

    harcelement de rue-diglee

    Love,
    Maureen

     


    1 commentaire
  • Image of Tote Bag "Ta main"

    lien


    votre commentaire
  • Mon job
    HARCELEMENT MORAL : ZONE DE NON-DROIT
    17 avril 2013 7 h 02     lien
    Par Zora El Hajji
    © nathalie logié-manche

    © nathalie logié-manche

    Calomnie, menaces et tortures mentales sont l’ordinaire des victimes du harcèlement moral au travail. Beaucoup de pays ont légiféré sévèrement sur ce terrorisme psychologique. Le Maroc pas encore.

     

    « Insultes, dénigrement et coups bas. C’est ce que je reçois en guise de primes », se plaint Nasma, assistante de direction. « Quand ce n’est pas en public, c’est par mail. Toutes les raisons sont bonnes pour m’humilier. Ghadi njef bik lard ! Mon boss me réduit à l’état de serpillière. » La panoplie du harceleur est large. Subtile mise au placard, délicate atteinte à la dignité, perfidies ou rapports de force gratuits, le harcèlement moral est protéiforme et d’autant plus complexe à définir. Peut-être est-ce la raison pour laquelle ce phénomène violent est encore aujourd’hui une réalité trouble dans le droit marocain. Malgré les progrès économiques et sociaux plus ou moins significatifs, l’immobilisme juridique est affligeant. « Le Code pénal, datant du protectorat, reste très silencieux sur le sujet », explique Me Zahia Ammamou, avocate. Ainsi, les articles 40 et 532 du Code du travail énoncent le harcèlement moral sans le définir avec précision.

     

    Face à cette définition gruyère, le harcèlement moral au travail ou mobbing, n’en prospère que mieux, avec l’appui de l’omerta, cette diabolique loi du silence. Les autres voient et se taisent. Le harcelé est seul. « On entend souvent parler du harcèlement moral, mais on ne le comprend que lorsqu’on en est soi-même la victime. On est seul face à un détraqué qui veut vous pourrir la vie », explique Nadia, chef de publicité.

     

    Casser la résistance 

     

    Le harceleur a sans doute les prédispositions du maton ou du bourreau. Mais quels motifs le poussent au harcèlement moral ? Il est exercé pour exclure, casser la résistance, assouvir un plaisir pervers, par jalousie ou bien parce que l’on se sent soi-même menacé. Le harcèlement moral prend plus facilement racine dans un contexte économique propice aux rivalités et à la compétition : pression, management par le changement, course à la performance…

     

    Le harceleur n’est pas nécessairement un homme : le vice est unisexe. Il n’est pas nécessairement non plus le chef hiérarchique. Amina, responsable
    commerciale, parle de sa situation avec « un aliéné de collègue, qui se croit encore au Moyen-âge. Réprimandes quotidiennes, blagues sexistes avec les collègues masculins et mises à l’écart sur des dossiers jugés trop gros pour une femme. Voilà ce à quoi j’ai à faire ». La femme reste néanmoins la plus
    touchée par le fléau, dans une société encore très patriarcale. « Outre le côté machiste du phénomène, la femme est également victime de son éducation de silence et d’encaissement », explique Me Ammamou. Elle se voit comme poussée à subir pour le bien-être de son entourage. Skout, sber, machi mouchkil… Il n’y a pas de problème. Après tout, rien n’est grave. Pas même l’humiliation d’une vie professionnelle ordinaire.

     

    Ne féminisons pas pour autant la maladie. Les hommes n’échappent pas complètement à cette nécrose. « Mon supérieur souffrait d’une flopée de complexes dont je faisais les frais », explique Tarik, attaché commercial. « Plus je prenais d’initiatives, plus il m’opprimait. Il n’acceptait pas qu’un jeune ait une vision différente et une méthode plus progressiste ». Lorsque la hogra se mêle à la hchouma, il est difficile de stopper la gangrène.

     

    La démission comme seul recours

     

    Dépressions, crise de nerfs et foyer familial en ruine sont autant de conséquences du harcèlement moral. « Il m’est arrivé de recevoir des réclamations d’employés qui se plaignaient de l’acharnement de leurs supérieurs. Ces plaintes se soldent souvent par des certificats médicaux et des démissions. Je tente d’intervenir par le biais de dialogues ou d’avertissements lorsque le cas est grave. Mais il faut avouer que le harcèlement moral est aussi difficile à définir qu’à déjouer », explique Aziz B., DRH d’une grande structure dans le secteur privé. Si la loi est floue en regard du mobbing, elle comporte aussi un autre hic : la victime doit apporter la preuve d’un délit.

     

    En clair, le recours est difficile, quand il n’en devient pas impossible. Au Maroc, un recours à la tentative de conciliation préliminaire est possible, mais uniquement en cas de harcèlement sexuel (article 532 du code de travail), reconnu et sanctionné par la loi. De là à provoquer un harcèlement sexuel pour pouvoir faire condamner le harceleur…

     

    « Comment protéger juridiquement les victimes lorsque le problème n’est pas clairement défini dans le Code pénal ou dans le Code du travail ? », s’interroge Me Ammamou. Demeure la conciliation, cas de figure très rare où la victime et le harceleur trouvent un terrain d’entente. La démission reste, hélas, la chute la plus courante des histoires de harcèlement moral. « Il n’y a pas de victoire à tenir bon, à se détruire. Aucun travail ne mérite d’y laisser sa peau », peste Karim, ingénieur réseaux informatique. « Malgré ma situation financière très difficile, j’ai décidé de quitter mon travail. Mon chef me rendait la vie impossible : retrait de voiture de service, de téléphone professionnel, heures supplémentaires diaboliques et bien d’autres méchancetés gratuites. Je suis parti pour m’éviter une dépression nerveuse. »

     

    La démission est souvent conseillée en cas de santé fragile. Certaines choisissent malgré tout de défier frontalement leur harceleur : sortir du silence, parler à un thérapeute, aux proches, se mobiliser dans l’action, trouver des alliés, dénoncer. Enfin se solidariser, sortir de l’isolement, avoir recours aux associations. Zina, cadre de banque, une battante, a refusé d’être victime. Elle offre la force de son témoignage. « Moi j’ai dit stop ! Stop aux insultes, aux dénigrements, aux remarques déplacées d’un supérieur mal dans sa peau. J’ai ouvert grand ma bouche et je lui ai craché au visage tout ce que je pensais de lui. J’ai refusé l’abnégation. Ma réaction a calmé son appétit de prédateur. Si la justice rase les murs, il ne faut pas en faire de même face à son bourreau ».


    3 commentaires
  • « Une ombre » 10/12/2012 à 19h29

    Harcèlement à La Poste : une ex-DRH prend la tête de la fronde

    Elsa Fayner | Journaliste Rue89

    Ancienne de La Poste, Astrid Herbert-Ravel, 42 ans, recueille les témoignages de salariés afin de porter une plainte collective pour « harcèlement institutionnalisé ».


    Astrid Herbert-Ravel chez elle à Paris, en novembre 2012 (Audrey Cerdan/Rue89)

    La première phrase est toujours la même à l’autre bout du fil :

    « Est-ce que vous êtes bien Astrid Herbert-Ravel, l’ancienne DRH qui a porté plainte au pénal ? »

    Dans la salle de jeux de ses enfants, Astrid Herbert-Ravel a installé un bureau. A gauche, sur les étagères, s’accumulent méthodiquement les dossiers, un par coup de fil. A droite, l’élégante quadragénaire a installé un téléphone sans fil, pour pouvoir se déplacer dans son grand appartement parisien du Sentier :

    « Je reçois des dizaines d’appels, souvent le soir ou le week-end. Ça dure une heure, deux heures, parfois plus. Certains veulent faire passer pour du harcèlement ce qui n’en est pas, mais je reconnais les signes, la cassure. Certains ont fait des tentatives de suicide. Certains, je les rattrape par le col. »

    Astrid Herbert-Ravel a porté plainte en avril 2011 contre trois dirigeants de La Poste – dont le président Jean-Paul Bailly – pour harcèlement, discrimination, mise en danger, non-respect des obligations de santé et de sécurité au travail.

    La démarche est alors inédite, et médiatisée. Les « postiers » – c’est ainsi qu’on appelle les employés de La Poste dans la maison – se mettent à chercher le numéro d’Astrid dans l’annuaire. Les voix racontent les humiliations, les mises au placard, les intimidations, la désillusion.

    Astrid écoute, note, retranscrit, s’imprègne, absorbe. A chaque histoire, elle revit la sienne. A chaque histoire, elle conjure la sienne.

    A les voir défiler, et tellement se ressembler, il lui est même venu une idée avec quelques collègues postiers : porter plainte contre La Poste pour harcèlement collectif.


    Astrid Herbert-Ravel dans son bureau (Audrey Cerdan/Rue89)

    La DRH de 35 000 postiers

    Astrid Herbert-Ravel a toujours été « postière ». Après une école de commerce à Reims et un cursus d’administrateur des PTT, elle rejoint le service de ressources humaines du siège. Jusqu’à devenir la responsable RH de 35 000 personnes.

    Elle est ambitieuse. On lui propose, en 2001, d’intégrer « un vivier pour se préparer à devenir cadre stratégique », raconte celle qui est aujourd’hui en arrêt longue maladie. « Mais tout a été stoppé net ! » Astrid se met à parler sans plus reprendre son souffle :

    « Fin 2001, l’un de mes directeurs change. Rapidement, son remplaçant se montre méprisant, me casse devant les autres, me disant que je n’ai aucun avenir, que La Poste n’est pas une auberge espagnole. Il cherche à me déstabiliser. Il est capable de m’appeler à 11h55 pour me demander d’aller le représenter à midi en salle de réunion. Je découvre alors qu’on m’attend pour exposer la stratégie du métier devant 200 personnes, sans filet.

    Il souffle le froid et le chaud : il m’encense sur des dossiers où je me trouve moyenne, mais me lamine là où je suis excellente. Il peut tout aussi bien me demander de faire des choses très difficiles qui ne relèvent pas de mon niveau, que me demander de servir le café.

     

    Petit à petit, il se met à me fixer des objectifs sans concertation et sans moyens, en décrétant au moment de les rédiger que, de toute manière, je ne les atteindrai pas. Il veut par exemple que j’organise des séminaires dans des grands hôtels mais sans budget. Je n’ai qu’à “me débrouiller”. »

    Au bout de quelques mois, Astrid prévient sa hiérarchie qu’elle souhaite changer de poste :

    « La hiérarchie se dit “consciente du problème” – le nouveau directeur a un passif lourd – mais, contrainte par le siège, elle ne peut “pas faire de miracle”. »

    La jeune femme trouve finalement une place, à la direction des centres financiers. Elle doit négocier son départ avec le directeur qu’elle fuit.


    Des dossiers dans le bureau d’Astrid (Audrey Cerdan/Rue89)

    « Vous m’appartenez ! »

    L’entretien a lieu le 13 Juin 2002 :

    « Vers 18 heures, j’entre dans son bureau. Je lui dit que visiblement mon travail ne lui apporte pas toute satisfaction et que les relations de travail que nous avons dans son contexte ne me conviennent pas non plus. Dans ces circonstances, il vaut mieux prévoir une évolution professionnelle et je suis venue discuter avec lui des modalités de mon départ, à moyen terme.

    Il ne me laisse pas aller plus loin, il se met en colère de suite. Il me pousse contre le mur, lève la main et met son genou entre mes jambes. Il me hurle au visage : “Vous n’aviez pas à parler de ce qui se passe entre vous et moi ici. Vous êtes à moi, vous n’irez nulle part, vous m’appartenez !”

    Je me débats, je réussis à ouvrir la porte de son assistante pour quitter le bureau. Il hurle : “La Poste est petite. Si je vous retrouve, je vous règlerai votre compte.” »

    Son mari la retrouve prostrée dans un coin de l’appartement. Elle est placée le soir même en arrêt maladie.

    « Sûre de moi, je suis devenue une ombre »

    L’ancienne DRH raconte son histoire comme elle raconte celle des autres postiers abîmés.

    « C’est l’histoire de Jérémie, à Rennes, qui s’est défenestré devant les clients. »

    « C’est ce postier que son supérieur a forcé à témoigner contre sa collègue, pour la faire passer pour folle. »

    « C’est le cas de Fabiola, à qui on fait commettre des erreurs, pour les lui reprocher. Elle finit licenciée, et détruite moralement. »

    Des dates, des phrases maintes fois répétées on dirait. Elle parle haut et nerveux, comme pour éloigner les faits, les faire résonner à bout de bras sous le haut plafond qui l’abrite. Elle parle au présent, comme pour convoquer le passé à volonté, reprendre le contrôle.

    Astrid n’a qu’une peur, qu’on ne comprenne pas. Comment quelques secondes, quelques mots, quelques gestes ont-ils fait basculer sa vie ?

    « J’étais sûre de moi, je suis devenue une ombre. Dans le harcèlement, il y a un avant et un après. C’est une attaque contre les fondations, l’identité. La personne que l’on était ne reviendra jamais. »

    Depuis dix ans, Astrid fait des cauchemars. Elle rêve d’un couloir : derrière chaque porte, son ancien responsable. Elle rêve d’une benne à ordures, pleine de cartons : on l’y jette, elle n’arrive pas à en sortir.

    Pourquoi n’a-t-elle pas quitté La Poste ?

    « Il fallait au minimum quinze ans de service pour avoir une retraite à l’âge requis, sinon toutes les cotisations étaient perdues. »

    Enfermée « dans une logique sans issue »

    Astrid s’entête. La jeune femme s’est enfermée « dans une logique kafkaïenne sans issue possible », dans une « vaste toile d’araignée dont elle ne pourrait sortir », comprend le Dr Marie Pezé, qu’Astrid consulte hors de l’entreprise. Les rapports de la spécialiste de la souffrance au travail sont envoyés à La Poste, sans suite.


    Astrid chez elle à Paris en novembre 2012 (Audrey Cerdan/Rue89)

    Astrid a pourtant activé le « protocole harcèlement moral » prévu dans l’entreprise. En réponse, la direction constate, en 2004, un problème organisationnel et une « incompatibilité de fonctionnement et de caractère », à la source d’une « situation de souffrance au travail vécue comme du harcèlement moral ».

    Des actions doivent être mises en œuvre : Astrid ne reprendra pas le travail dans les mêmes locaux, son rythme et ses horaires seront définis en fonction des préconisations du médecin de prévention, etc. Mais aucune n’a été suivie, constate l’ancienne DRH :

    « On pousse le vice jusqu’à me faire reprendre le travail en 2005 sur le même lieu que mon harceleur.

    Après des mois d’inactivité à la maison, et des missions bidons, je suis mutée au service logement de La Poste en 2008, que j’ai contribué à créer dix ans plus tôt. Mais cette fois-ci, je reviens par la petite porte : je dois m’installer dans un petit bureau isolé, à l’entresol dans l’escalier de secours à l’extérieur du service. J’y reste des mois sans boulot. »

    Fin 2006, Astrid tente de se suicider.

    Contactée à plusieurs reprises, La Poste n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien sur le parcours de l’ancienne DRH.

    « Des méthodes hors-la-loi »

    En dix ans, Astrid a eu deux enfants. Elle a aussi peint, beaucoup, les murs de son appartement, transformé l’ancien atelier de couture décrépi en musée. Chaque objet rapporté – elle a vécu en Polynésie française et beaucoup voyagé, plus jeune, avec son mari – a sa place sur une table basse, une étagère, un coffre.

    Amusée de constater un tel ordonnancement, Astrid pose la voix, reprend un débit fluide :

    « Je suis encore plus maniaque depuis cette histoire, comme si c’était trop le foutoir dans ma tête. »


    Dossiers dans le bureau d’Astrid (Audrey Cerdan/Rue89)

    Quelques feuilles traînent sur son petit bureau, elle s’excuse encore de ne pas avoir eu le temps de tout ranger. Astrid replonge en ce moment dans les témoignages qu’elle a recueillis pour y mettre de l’ordre. Elle veut les faire sortir de son sage classement :

    « Il y a trop de parallèles entre toutes ces histoires de harcèlement. Ce sont des gens compétents. Un jour encensés, puis leur situation dérape d’un coup. Ils gênent, ont le malheur de ne pas s’entendre avec leur supérieur, sont délégués syndicaux… On les isole, on les surcharge de travail, on les sanctionne abusivement…

    Sans plan social, La Poste aura perdu 80 000 postes en dix ans et la moitié de ses effectifs d’ici à 2015, c’est de la magie  ! Je ne remets pas en cause la nécessité d’évoluer de l’entreprise. Mais ses méthodes indignes, hors-la-loi et contraires aux valeurs de la République. »

    Parallèlement à sa plainte au pénal – qui passe au tribunal en janvier 2013 –, Astrid Herbert-Ravel travaille, avec d’autres « postiers » et des syndicats, pour porter une plainte collective pour « harcèlement institutionnalisé » contre les dirigeants de La Poste.

    Une telle procédure a abouti en juillet 2012 à la mise en examen de trois anciens dirigeants de France Télécom, suite aux suicides dans l’entreprise.


    Le téléphone sur lequel Astrid reçoit ses appels (Audrey Cerdan/Rue89)


    votre commentaire
  • Politique
    Jaume Torramadé, dans les turbulences de la vindicte populaire    lien

    Harcèlement sexuel : le président de la Députation de Girona se retire

    Lundi 10.12.2012. 22:45h Sous la pression sociale et médiatique consécutives d'une accusation de harcèlement sexuel, le président démocrate chrétien de la Députation de Girona, Jaume Torramadé, se met en retrait. Cette personnalité très respectée dans la province de Girona fait face à une plainte pour attouchements sexuels présumés déposée par l'une de ses secrétaires.

    La Députation de Girona, institution au service des 221 communes de la province du même nom, n'a plus vraiment de président depuis le 10 décembre. Dans la soirée, Jaume Torramadé, sous le coup d'un dépôt de plainte pour harcèlement sexuel, a en effet annoncé son retrait temporaire. En fonctions depuis juin 2011, ce démocrate chrétien membre de la formation Union Démocratique de Catalogne (UDC), partenaire de la coalition CiU au pouvoir en Catalogne, conserve son poste de maire de la ville de Salt, dans l'agglomération de Girona. Mais il souhaite garder une "distance avec la gestion quotidienne en tant que président" de la Députation du territoire, décision choisie "pour le bien de l'institution" et de son "parti". Le maire de la ville de Banyoles, Miquel Noguer, est en charge de suppléer ce retrait, qui n'implique pas de démission, mais la gêne et la "pression médiatique" sont bien réelles, dans le cadre d'une affaire de harcèlement présumé défendue par une secrétaire de la vénérable administration aux compétences proches de celles d'un Conseil général français.

    50.000 euros contre un silence sur les faits présumés

    En novembre, l'accusatrice, Minerva Amador, qui préside la section locale d'UDC de Salt, a déposé une plainte contre le maire et président, qui l'a à son tour assignée en justice pour extorsion. Les faits reprochés auraient consisté en des attouchements, lors de la soirée électorale du 25 novembre, envers Mme Amador. Cette dernière aurait exigé une somme de 50.000 euros contre son silence, avant de porter plaine pour harcèlement au tribunal de Girona. M. Torramadé, qui abandonne son titre de président de l'Assemblée inter-régionale d'UDC, se déclare "tranquille", car convaincu de son innocence, malgré une "chasse de premier ordre" à son encontre, dans ce qu'il juge être une lutte de pouvoirs.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique