La correspondante en Egypte de France 24 Sonia Dridi a été agressée et victime d'attouchements sexuels vendredi 19 octobre place Tahrir au Caire, a-t-elle indiqué à l'AFP et sur France 24.
Elle raconte avoir été encerclée par une foule composée essentiellement de jeunes hommes, qui ont commencé à la toucher alors qu'elle intervenait en direct sur la chaîne d'information en continu aux alentours de 22 heures.
"J'ai été agrippée de partout. La foule nous a encerclé, plusieurs dizaines d'hommes et les attouchements ont commencé, a-t-elle témoigné sur France 24.
"J'ai réalisé [plus tard], quand quelqu'un a reboutonné ma chemise, qu'elle était ouverte, mais pas déchirée. J'ai évité le pire grâce à la ceinture solide [que je portais]" et l'aide d'un ami, a-t-elle affirmé à l'AFP. Après avoir été "prise dans une sorte de mouvement de foule où des attouchements ont été commis" la journaliste a ajouté avoir trouvé refuge dans un restaurant fast-food de la place Tahrir.
"Elle a été secourue par son collègue Ashraf Khalil, correspondant égyptien pour la chaîne en anglais de France 24 et par d'autres témoins", indique le communiqué de France 24 qui précisent que les journalistes, "extrêmement choqués" vont "déposer plainte contre X". Jusqu'ici lors d'affaires similaires, la police n'est pas parvenue à arrêter les responsables.
PLUSIEURS PRÉCÉDENTS
De nombreuses femmes égyptiennes et étrangères se plaignent en effet du harcèlement dont elles font l'objet dans les rues du Caire.
Les témoignages venant de la place Tahrir faisant état de véritables agressions sexuelles, voire des viols, se sont multipliés ces derniers mois, sans susciter jusqu'ici de réaction des autorités. En juin, un groupe d'hommes avait même attaqué et agressé sexuellement plusieurs manifestantes lors d'une marche visant justement à dénoncer le harcèlement sexuel en Egypte.
Ces agressions ont été particulièrement médiatisées après que la journaliste américaine Lara Logan a raconté avoir été violée sur place Tahrir, le 11 février 2011, jour de la démission du président déchu Hosni Moubarak. En novembre 2011, Caroline Sinz journaliste à France 3 avait également été agressée sexuellement lors d'une manifestation qu'elle couvrait sur cette immense place de la capitale égyptienne. Peu avant elle, une journaliste égypto-américaine avait fait état de violences sexuelles de la part de policiers.
"AGRESSION RÉVOLTANTE"
La ministre de la culture et de la communication Aurélie Filippetti a exprimé dimanche sa "solidarité" ainsi que celle du gouvernement à Sonia Dridi qu'elle a pu joindre au Caire, dénonçant une "agression révoltante".
"La colère qui prévaut face à la difficulté des femmes reporters à pouvoir exercer leur métier librement dans certains pays, va de pair avec une détermination sans faille pour défendre partout la liberté de la presse et ceux et celles qui l'incarnent", indique la ministre dans un communiqué.
"Malheureusement, ajoute la ministre, les attaques sur des femmes journalistes sont aussi un témoignage douloureux de la situation terrible des femmes dans certaines régions du monde. Leur courage pour en parler est aussi le moyen de faire évoluer la situation pour toutes les autres femmes", conclut-elle.