Le site de l'EPR de Flamanville, construit par Areva, en novembre 2014. CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Le spécialiste du nucléaire Areva a annoncé, mardi 20 octobre, qu’il va supprimer 2 700 postes en France d’ici à 2017, conformément à l’objectif de 3 000 à 4 000 suppressions de postes annoncé en avril, du fait des départs déjà enregistrés depuis le début de l’année.
Quatre syndicats (CFDT, CFE-CGC, FO, Unsa-Spaen) avaient signé, lundi, le projet d’accord encadrant ces suppressions d’emplois déjà annoncées, auxquelles s’ajouteront quelque 2 000 emplois à l’étranger, surtout en Allemagne et aux Etats-Unis.
Ces organisations représentent « plus de 75 % des salariés » , indique la direction, et leur signature ouvre la voie au processus d’ information-consultation des employés dans chaque entreprise. Le plan est ouvert pour deux ans, jusqu’en octobre 2017.
Le dialogue social semble mieux fonctionner chez Areva qu’à Air France, malgré une situation financière bien plus dégradée. Est-ce précisément parce qu’il y a le feu à la maison ? Mais aussi que Philippe Varin et Philippe Knoche, le président et le directeur général du groupe nucléaire, se sont engagés à ce qu’il n’y ait « aucun départ contraint » parmi les 18 000 salariés concernés par ce plan en France, sur un effectif total de 44 000 salariés dans le monde ?
Seule la CGT a décidé de ne pas le parapher, refusant de « cautionner la suppression » de ces postes. Au moment où quatre syndicats signaient, François Hollande ouvrait à Paris la quatrième conférence sociale – boycottée par la CGT – en dénonçant l’attitude globale de la centrale de Philippe Martinez. « Il est commode de ne jamais s’engager à signer le moindre accord en espérant que d’autres le feront à leur place, tout en dénonçant les insuffisances du dialogue social », a souligné le président de la république.
Lire aussi : L’Etat prêt à injecter 3 milliards d’euros dans Areva
Le maintien des compétences « dans la durée »
Négocié entre juillet et septembre, ce plan contribuera pour plus de la moitié au 1 milliard d’euros d’économies d’ici à 2017 inscrites dans le « plan de compétitivité » annoncé le 4 mars, après la publication d’un exercice 2014 marqué par une perte de 4,8 milliards d’euros. Le projet concerne six entreprises du groupe, notamment Areva NP, l’activité réacteurs et services, dont EDF prendra le contrôle à 51 % dans un an.
D’autres activités sont touchées, comme le combustible et le traitement-recyclage (Areva NC), l’enrichissement de l’uranium (Eurodif Production) ou son extraction (Areva Mines). Les détails des suppressions de postes par filiales et par site n’ont pas été communiqués. Des interrogations portent, par exemple, sur Areva NP. Interrogé dimanche au Grand Rendez-vous Europe 1-Le Monde-i-Télé, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a indiqué qu’« EDF va faire en sorte que nous maintenions des compétences dans la durée ».
Cette question de leur maintien était d’ailleurs un des points sensibles de la négociation, pour la direction comme pour les syndicats. Dans son communiqué, Areva affirme que l’accord assure « la protection et le transfert des compétences-clés du groupe » et que « la priorité a été donnée à la production et à la sûreté ». Ce dernier point est particulièrement surveillé par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a invité Areva à ne pas baisser la garde sur la qualité de ses équipements et de ses process industriels.
Un « socle minimum » pour FO
François Nogué, le directeur général adjoint en charge des ressources humaines, s’est félicité de « la qualité du dialogue social » et de « l’esprit de responsabilité des partenaires sociaux ». L’ex-DRH de la SNCF estime que l’accord sécurise les départs et les fins de carrière. Il prévoit, en effet, que les cessations anticipées d’activités sont « conditionnées à la liquidation d’une retraite à taux plein » et qu’Areva veillera à ce que ceux qui restent en activité aient « un projet professionnel validé ».
Pour la CFDT, cet accord « permet une meilleure protection des salariés dans le cadre de départs volontaires en retraite ou pour reclassement externe ». Il offre aussi « des dispositions substantielles en faveur de la mobilité interne, géographique et/ou professionnelle ». La CFE-CGC et FO ont approuvé le dispositif de mobilité interne, qui se fera sans perte de rémunération. Même si, pour FO, il s’agit d’un « socle minimum » dans le cadre de l’application de l’accord entreprise par entreprise et site par site.