Arrivé vendredi après midi à l’hôtel de ville de Moirans, Manuel Valls a rencontré longuement les élus et une quinzaine de citoyens victimes de la destruction de leur voiture ou de dégradations le 20 octobre dernier. Valls avait un message simple à leur transmettre : les violences survenues à Moirans sont «intolérables» et «ne resteront pas impunies […] La justice a fait et fait son travail, ceux qui se sont livré à ces actes seront interpellés et poursuivis». Il a également insisté sur la nécessité de mettre en œuvre rapidement les indemnisations pour les victimes.

Sur la place de la mairie, au cœur du petit bourg de Moirans, une petite centaine de personne attendent au soleil la sortie du Premier ministre, smartphones en main, bien plus curieux et amusés que porteurs d’un message de révolte ou de colère… Si quelques jeunes sifflent à la sortie de Manuel Valls, suscitant un court moment de trouble, c’est plus par esprit de provocation que pour dénoncer une inefficacité de l’Etat lors des violences du 20 octobre… Le maire de Moirans l’a déclaré, les habitants présents le confirment, les Moirannais estiment que «les forces de l’ordre ont bien travaillé». Manuel Valls apprécie visiblement, serre quelques mains et quitte la place.

Indépendance de la justice et démagogie

Après un transfert en convoi vers la préfecture de Grenoble, le Premier ministre prononce devant un parterre de gendarmes, policiers et sapeurs-pompiers un court discours entièrement consacré à «la restauration de l’autorité de l’Etat». Il a tout d’abord tenu a saluer la réaction «des forces de l’ordre qui ont réagi comme il fallait» face aux violences – «Le bilan aurait pu être bien plus lourd, l’Etat a affirmé son autorité» – avant de saluer la justice «qui fait son travail sans céder aux pressions».

Il a fustigé ceux qui multiplient «les déclarations à l’emporte pièce, la critique de la justice et une remise en question de son indépendance» , dénonçant «une démagogie coupable qui affaiblit l’Etat» . Egrenant les émeutes et violences urbaines qui ont marqué le pays depuis une décennie, il a affirmé son credo : «Quand on défie l’Etat, on s’expose à des réponses de la plus grande fermeté», tout en insistant sur le temps nécéssaire à la poursuite des fauteurs de troubles, en prenant notamment pour exemple le double homicide de Kevin et Sofiane, à Echirolles. «Faire croire qu’on peut boucler en trois jours une enquête est irresponsable», a-t-il ajouté.

Après avoir défendu le bilan de son action gouvernementale sur le plan de la sécurité, de la police et de la justice, il a conclu son discours en appelant à l’unité et au «rassemblement autour de l’autorité de l’Etat», terminant par une pique à «un autre discours prononcé à Grenoble », celui de Nicolas Sarkozy bien sûr : «Il ne s’agit pas de diviser, de stigmatiser. Le droit est le même pour tous, la République est généreuse avec tous les citoyens et sera intraitable face à ceux qui veulent la faire plier…»

François Carrel correspondant à Grenoble