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    Le Point.fr - Publié le 06/02/2012 à 00:02

    Le jeune écrivain a provoqué en duel le critique Jean Lorrain qui avait évoqué son homosexualité dans un de ses papiers.

    6 février 1897 : Proust fait le coup de feu dans le bois de Meudon. Quel homme !

     

    C'est également arrivé un 6 février
     
     

    C'est énorme et pourtant, c'est la vraie de vraie vérité : le délicat Proust provoque en duel un triste salopard qui évoque vicieusement son homosexualité. Respectant la tradition, les deux combattants arrivent à l'aube, accompagnés de leurs témoins. Il s'agit de vider une querelle d'homosexuels. Marcel Proust n'a que 26 ans, et son adversaire, c'est le venimeux et féroce Jean Lorrain, 42 ans. Critique, auteur de pièces de théâtre, drogué à l'éther, ce dernier est le plus ardent représentant de l'esprit décadent de cette fin de siècle. Sa plume acerbe, cruelle même, lui a valu plusieurs duels. Dans le cas qui nous occupe, Lorrain a vigoureusement assassiné le premier roman de Proust intitulé Les Plaisirs et les jours, dans "Le Journal". Il insinue qu'Alphonse Daudet préfacera le prochain livre de Proust "parce qu'il ne peut rien refuser à son fils Lucien". À l'époque, l'allusion est claire : elle révèle au grand jour la relation intime qu'entretient le jeune écrivain mondain avec Lucien, un beau et frêle jeune homme, fils donc d'Alphonse Daudet. Lorrain traite également l'oeuvre de surfaite et souligne son prix excessif. L'écrivain est qualifié de "chochotte" et d'"écrivain précieux". Cette agressivité de Lorrain envers Proust cache, en fait, une jalousie d'homosexuels. En effet, le jeune écrivain est un protégé de Robert de Montesquiou, un autre dandy qui n'accordait que mépris à l'endroit de Lorrain.

    Marcel Proust ne pouvait laisser ce torrent d'injures sans réponse. Tel un petit coq blessé, il provoque Lorrain en duel. Donc le 6 février à l'aube, Marcel Proust, la peur au ventre, se rend dans le bois de Meudon, accompagné de ses deux témoins, le peintre Jean Béraud et le maître d'armes Gustave de Borda. Il a été convenu que le duel se ferait au pistolet, car aucun des deux ne sait manier l'épée. Les deux adversaires se préparent, puis se font face. La légende prétend qu'un garçon coiffeur, amant de Proust, se serait précipité vers lui pour le supplier de renoncer à se battre. D'un rapide coup d'oeil, Proust et Lorrain s'accordent pour tirer leur balle dans le sol. On est entre hommes de littérature, pas à OK Corral. Une fois la formalité accomplie, les deux adversaires s'écartent, soulagés. Du moins, en ce qui concerne Proust, qui aurait même désiré serrer la main de son adversaire si ses deux témoins ne l'en avaient pas dissuadé. Toute sa vie, l'écrivain fut fier de ce fait d'arme. Pour une fois qu'il avait été un homme, un vrai...


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