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Le régime syrien accusé d'avoir délibérément tué
les journalistes occidentaux
LeMonde.fr avec AFP et Reuters | 23.02.12 | 07h45 • Mis à jour le 23.02.12 | 12h38
Au lendemain de la mort de la journaliste américaine Marie Colvin, du Sunday
Times, et du jeune photographe français Rémi Ochlik dans le quartier de Baba
Amro, à Homs, pilonné depuis une vingtaine de jours, les accusations pleuvent
sur le régime de Bachar Al-Assad. Selon le Daily Telegraph, l'interception des
communications syriennes par les services du renseignement libanais
indiquerait que les forces gouvernementales étaient prêtes à tout pour réduire
au silence les journalistes étrangers présents à Homs. Avant le bombardement
, les militaires se seraient interrogés sur la version officielle à donner de la mort
de journalistes étrangers.
Car les circonstances de la mort des deux journalistes posent également des questions. Un
opposant, joint sur Skype, a ainsi dit que les reporters avaient été tués par des bombardements
qui visaient le centre de presse des rebelles dans le quartier de Baba Amro. "Nous sommes sûrs
que le centre a été visé, car il y a onze obus qui sont tombés sur et autour du bâtiment", selon lui. Le
chef de l'OSDH avait affirmé, mercredi, que "des avions de reconnaissance planent tout le temps
au-dessus de Homs" et "ils ont probablement capté des signaux indiquant des communications par
satellite" avant de viser le centre. Selon le ministre de la culture français, Frédéric Mitterrand, les
deux journalistes "ont en plus été poursuivis alors qu'ils essayaient d'échapper aux
bombardements".
Jean-Pierre Perrin, envoyé spécial de Libération, était récemment aux côtés de Marie Colvin
pendant quelques jours à Homs, avant de quitter la Syrie. Sur le site du quotidien, il raconte : "On
nous avait conseillé de quitter la ville de toute urgence, en nous disant : 'S'ils vous trouvent, ils vous
tueront.' Je suis donc parti avec la journaliste du Sunday Times, mais elle, ensuite, a voulu y
retourner quand elle a vu que l'offensive n'avait pas eu lieu." "L'armée syrienne recommande de tuer
tout journaliste qui mettra un pied sur le sol syrien", assure-t-il aussi.
DAMAS REJETTE TOUTE RESPONSABILITÉ
Damas a rejeté, jeudi, toute responsabilité dans la mort des journalistes. "Nous refusons les
déclarations qui font endosser à la Syrie la responsabilité de la mort de journalistes qui se sont
infiltrés sur son territoire sous leur propre responsabilité", a annoncé le ministère des affaires
étrangères, cité par la télévision d'Etat. "Le ministère des affaires étrangères réaffirme la nécessité pour les
journalistes de respecter les règles du travail journalistique en Syrie et d'éviter les infractions en entrant
[clandestinement] en territoire syrien pour accéder à des zones qui connaissent des troubles et qui ne sont pas sûres", poursuit le ministère.
Trois ou quatre autres journalistes étrangers ont également été blessés mercredi. Parmi eux, la
Française Edith Bouvier, reporter au Figaro, a indiqué le quotidien français. On ignorait jeudi où se
trouvaient les corps des deux journalistes et quel était le sort des blessés.
DAMAS "RESPONSABLE ET COMPTABLE"
Mercredi, le ministère des affaires étrangères britannique a convoqué l'ambassadeur syrien à
Londres pour lui faire part de son "horreur" face aux violences dans la ville de Homs. Dans un
communiqué, le Foreign Office a précisé que la discussion avait d'abord porté sur la mort des deux
journalistes.
Paris a aussi fait part de son indignation. "La France tient les autorités syriennes pour responsables et
comptables de la vie de nos ressortissants et de nos blessés", a dit le ministre des affaires étrangères
français, Alain Juppé, dans une déclaration à la presse. "Face à l'urgence de la situation, le régime de
Damas nous doit une réponse, et il sera comptable de ses actes", a affirmé le ministre. "Je demande
solennellement au gouvernement syrien l'arrêt immédiat des attaques et le respect des obligations
humanitaires qui s'imposent à lui, qu'il s'agisse des journalistes, bien sûr, ou de l'ensemble de la
populationcivile syrienne", a souligné le ministre.
Tags : Syrie, mort de journalistes, réponses, diplomatie
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