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    Dernière modification : 24/02/2012 

    - César - Cinéma - Cinéma français


    César : "The Artist" sera-t-il prophète en son pays ?

     

    Après avoir glané de nombreux prix dans le monde, l’équipe de "The Artist" peut légitimement espérer remporter ce vendredi soir le César du meilleur film. À moins que l'Académie ne porte son choix sur une œuvre moins "internationale"...

    Par Susana Ferreira (vidéo)
    Guillaume GUGUEN (texte)
     

     

    Podcast "24 Images secondes" : César, Oscars, les favoris, les oubliés
     

     

    Après un tour du monde triomphal, "The Artist" revient jouer à domicile. Le plus célèbre des films français-muets-en-noir-et-blanc-avec-Jean-Dujardin se frotte aux votes des professionnels du cinéma hexagonal à l'occasion de la cérémonie des César organisée au théâtre du Châtelet, à Paris, ce vendredi.

     

    Avec trois Golden Globes (États-Unis), sept Baftas (Royaume-Uni), un Goya (Espagne) et de sérieux espoirs de remporter, dimanche, plusieurs Oscars dont celui du "meilleur film", les mésaventures aphones de Jean Dujardin, alias George Valentin, qui concourent dans 10 catégories aux César, ont toutes les chances de décrocher au moins une récompense lors de la grand-messe du 7e art français. À moins que…

    Comme l’affirme en effet Lisa Nesselson, critique de cinéma américaine basée à Paris et chroniqueuse pour FRANCE 24, "les Français entretiennent des rapports d’amour-haine avec les grands succès".

    Quelques pronostics subjectifs à quelques heures du verdict…

    L’effet Kechiche ?

    L’aura dont jouit "The Artist" à l’international sera sans doute insuffisante pour décrocher la couronne du meilleur film sur ses terres. Selon certains observateurs, les quelque 4 000 membres que compte l’Académie des César pourraient, en effet, être plus enclins à récompenser un film ayant bénéficié d’un succès moindre. "Les votants pourront considérer que ‘The Artist ‘ a déjà gagné suffisamment de prix et qu’il peut, ce soir-là, en laisser aux autres", analyse Lisa Nesselson.

    Les César sont coutumiers du fait. En 2005, par exemple, c’est "L’Esquive" d’Abdellatif Kechiche qui avait remporté le prix au nez et à la barbe de mastodontes tels que "Les Choristes" et "Un long dimanche de fiançailles". Un coup réitéré par les Sages en 2007 avec "Lady Chatterley", de Pascale Ferran, et en 2008 avec "La Graine et le mulet" du même Kechiche.

    Cannes en force

    La partie s'annonce d'autant plus incertaine pour "The Artist" que le niveau de cette 37e édition est particulièrement relevé. Parmi les six films qui pourraient lui faire de l'ombre, trois furent ses concurrents en sélection officielle du dernier Festival de Cannes : "Polisse" de Maïwenn, "Le Havre" d’Aki Kaurismaki et "Pater" d’Alain Cavalier. Après avoir remporté le Prix du Jury à Cannes, le premier fait figure de prétendant crédible contrairement aux deux autres œuvres : des exercices de style pour le moins singuliers dont l'indéniable audace et la prestigieuse signature ne suffiront peut-être pas pour  rassembler le plus grand nombre de suffrages.

    Aux antipodes de ces styles cinématographiques  se trouve la comédie sociale "Intouchables", du duo Éric Toledano-Olivier Nakache, qui, sans vouloir fâcher, doit davantage sa nomination à ses exploits au box-office (près de 19 millions d’entrées). Et lorsqu’on sait la défiance avec laquelle les votants considèrent les succès commerciaux, il est permis d’affirmer que la distinction lui échappera.

    Rivaux plus sérieux, "La Guerre est déclarée", de Valérie Donzelli, et "L’Exercice de l’État" de Pierre Schoeller ont bénéficié, à leur sortie, d’un accueil critique dithyrambique. C’est d’ailleurs au second, murmure-t-on dans les milieux autorisés, que l’Académie pourrait réserver ses lauriers. Un choix qui serait loin d'être un déshonneur pour le cinéma français.

    Les "Bien-oubliés"

    On regrettera que "The Artist" n’ait pas eu à affronter d’autres rivaux qui méritaient de prétendre à la plus convoitée des récompenses. Citons, par ordre de préférence, le délicat et sensible "Tomboy", de Céline Sciamma, l’envoûtant et exigeant "L’Apollonide", de Bertrand Bonello, et l’ambitieuse fresque amoureuse "Les Biens-aimés", de Christophe Honoré - à qui n’a été accordée qu’une seule nomination.

    Nouvelle coqueluche d’Hollywood, Jean Dujardin peut en tout cas se féliciter des critères quelque peu étranges, sinon absurdes, retenus parfois par l'Académie. Auteur d’une épatante prestation dans "Polisse", JoeyStarr est ainsi relégué au rang d’acteur de second rôle alors que ses consœurs Marina Foïs et Karine Viard, qui partagent le même temps de jeu dans le film, figurent dans la catégorie "meilleure actrice". Pour beaucoup, l’ancien co-leader du groupe de rap NTM aurait pourtant mérité d'être parmi les comédiens de premier plan.

    "The Artist", meilleur film… étranger ?

    Peut-être sont-ce les mêmes grincheux qui affirment que le film devrait concourir dans la catégorie "meilleur film étranger". En effet, certains reprochent aux producteurs et aux distributeurs de "The Artist" d'avoir tenté d'en dissimuler les origines françaises pour s'attirer les faveurs de l'Académie des Oscars.

    Déclaration d’amour sincère mais un peu trop engoncée dans son concept, le long-métrage signé Michel Hazanavicius aurait-il fait le poids face au haletant thriller social de l’Iranien Asghar Farhadi ("Une séparation"), à l’œuvre magistrale et apocalyptique du turbulent Danois Lars Von Trier ("Melancholia") ou au polar hypnotisant de son compatriote Nicolas Winding Refn ("Drive") ? Rien n'est moins sûr...


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