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Agressions de femmes à Cologne : le scandale qui secoue l?Allemagne
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</aside><article><header>Agressions de femmes à Cologne : le scandale qui secoue l’Allemagne
L'opinion publique allemande est encore sous le choc des violences du Nouvel An et réclame des comptes aux autorités.
</header>Des policiers à Cologne, le mardi 6 janvier 2015. (Hermann J. Knippertz/AP/SIPA)<aside class="top-outils"></aside><aside class="inside-art" id="js-article-inside-art"></aside></article><aside class="inside-art" id="js-article-inside-art"><section class="obs-article-brelated">
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</section></aside>En Allemagne, le scandale ne retombe pas. Une centaine de femmes ont porté plainte après avoir été victimes de vols et d'agressions sexuelles menées par des centaines d'hommes pendant les fêtes du Nouvel An à Cologne. Ce vendredi 8 janvier, le chef de la police de la ville a été écarté pour tenter de calmer la colère de l'opinion publique. "L'Obs" fait le point.
De combien d’agressions parle-t-on ?
La police de Cologne assure que 121 plaintes ont été déposées, dont un tiers concernant des violences sexuelles.
Dans environ un tiers des cas, il s'agit de délits à caractère sexuel. [...] Dans les autres cas, les enquêtes sont en cours pour des faits de blessures ou de vols", indique-elle
Au-delà des attouchements, décrits par de nombreuses victimes dans les médias, deux femmes auraient été victimes de viols caractérisés.
Le "Spiegel" évoque de son côté environ 200 plaintes, un chiffre qui n’est pas confirmé par la police.
Des cas ont aussi été signalés dans d'autres villes, comme Stuttgart ou Hambourg. "Le Monde" assure ainsi que 50 autres plaintes pour agression sexuelle ont été enregistrées à Stuttgart, Munich, Berlin et Hambourg. D’autres cas ont aussi été signalés dans d’autres pays, en Suisse ou en Finlande par exemple.
# Qui sont les suspects ?
Selon le ministre fédéral de la Justice Heiko Maas, "plus de 1.000 personnes" sont impliquées dans ces agressions. Soit parce qu’ils les ont commises, soit parce qu’ils ont protégé leurs auteurs.
De son côté, selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur, la police fédérale effectue des vérifications sur 31 "suspects" au total, dont 18 demandeurs d'asile, pour des vols et violences survenus le soir de la Saint-Sylvestre. Ce groupe de personnes comprend notamment 9 Algériens, 8 Marocains, 4 Syriens, 5 Iraniens, un Irakien et un Serbe, assure le ministère.
# Une enquête confuse
Une certaine confusion règne sur l'état exact de l'enquête : du côté fédéral, le ministère ne fait pas état de suspect concernant les agressions sexuelles proprement dites, ni ne mentionne d'interpellation.
De son côté, la police de Cologne évoque 16 suspects. "La cellule d'enquête 'Nouvel An'", dans laquelle travaillent 80 policiers, "a identifié 16 jeunes hommes [...] en grande partie originaires d'Afrique du Nord" qui "pourraient" être impliqués dans les faits, indique dans un communiqué la police locale, qui ne parle pas non plus d'interpellations. La police assure qu’elle va procéder à l'examen d'images de vidéosurveillance et de récits de témoins afin de déterminer le degré d'implication de ces hommes.
Faute de communication coordonnée, et en raison à Cologne d'une communication très restrictive et de ce fait controversée des forces de l'ordre, impossible de savoir si certains de ces chiffres se recoupent ou s'ajoutent.
# La question des migrants relancée
Le débat se cristallise justement sur la présence de réfugiés parmi les auteurs des troubles alors que le pays a accueilli en 2015 un nombre record de 1,1 million de demandeurs d'asile.
Il faut réduire sensiblement le nombre, nous ne pourrons pas accueillir chaque année un million de réfugiés", a ainsi estimé vendredi le chef de file des députés du parti social-démocrate, Thomas Oppermann.
Comme l'avaient fait plusieurs responsables dès mardi lors de la découverte des incidents du Nouvel An, l'un des porte-parole de la chancelière, George Streiter, a de son côté appelé à éviter les amalgames. "Il ne s'agit pas en premier lieu [d'un problème] de réfugiés, mais [d'un problème] de criminalité", a-t-il affirmé, rappelant que les populations arrivées dans le pays ont souffert et y sont venues chercher protection.
Sur la même ligne, la maire de Cologne, citée par "Le Monde", a précisé qu’"il n’existait aucune preuve permettant de dire qu’il s’agissait de personnes accueillies à Cologne en tant que réfugiés". "Certains éléments indiquent au contraire qu’il pourrait s’agir de criminalité organisée, active à Cologne depuis plusieurs années", estime la correspondante du quotidien à Berlin.
# Comment de telles agressions ont-elles été possibles ?
Le quotidien allemand "Bild" et l'édition en ligne de l'hebdomadaire "Der Spiegel" font état d'un procès-verbal de police, rédigé le 4 janvier, soit trois jours après les faits, décrivant le "chaos" le soir du Réveillon à Cologne, alors que la police a été accusée d'incurie.
L'auteur du PV, un cadre de police, écrit que "des femmes en pleurs ont rapporté les agressions sexuelles" et que "des victimes et témoins ont été menacés". "Des policiers et des passants ont pu empêcher que des viols" ne soient commis et "des femmes, accompagnées ou pas, ont essuyé un harcèlement nourri indescriptible", poursuit-il.
Les forces d'intervention ne pouvaient pas maîtriser tous les événements, les actes de violence, les infractions, etc., car il se passait trop de choses au même moment."
La soirée a aussi été marquée par des tirs de feux d'artifice sur la foule rassemblée en centre-ville, qui, selon le rapport, auraient pu entraîner "des morts".
# Le chef de la police de Cologne écarté
Sous le feu des critiques depuis plusieurs jours, le chef de la police de Cologne, Wolfgang Albers, a lui été suspendu de ses fonctions ce vendredi. Wolfgang Albers a été mis "en congé provisoire", a précisé le ministre de l'Intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie, Ralf Jäger.
Cette décision vise à "regagner la confiance du public et la capacité d'action de la police de Cologne", notamment "dans l'optique des grands événements à venir", a poursuivi Ralf Jäger, allusion au carnaval de Cologne début février. Le "congé provisoire" est une sanction administrative en Allemagne qui dans les faits équivaut à une mise à l'écart le plus souvent définitive.
Les critiques n'ont cessé de pleuvoir contre le responsable policier de 60 ans, auquel on reproche à la fois l'inaction de ses services le soir des faits et le manque d'informations livrées ensuite sur l'ampleur des violences et le profil des suspects.
Qualifié de "risque pour la sécurité" par le patron du parti libéral FDP Christian Lindner, qui avait réclamé sa tête, Wolfgang Alberts avait jugé vendredi "complètement absurdes" qu'on l'accuse de "dissimulation". Il a assuré à la presse avoir "de nombreuses fois" indiqué que parmi les personnes contrôlées par la police sur les lieux des faits se trouvaient beaucoup de demandeurs d'asile, sans qu'on puisse pour autant leur attribuer les violences commises.
Mais la maire de Cologne, Henriette Reker, a elle aussi regretté d'avoir été si peu tenue au courant par la police de la ville et s'interroge sur les motifs "politiques ou tactiques" de cette rétention d'informations, assure son porte-parole.
Renaud Février
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