«Dès que j’ai su que j’étais condamné à 20 ans, ma décision de partir a été immédiate .» Pascal Fauret raconte, dans un entretien à l’AFP, «sa perte totale de confiance dans la justice dominicaine », estimant que sa fuite en France était «l’unique solution».

Visage rond, épaules larges, cheveux grisonnants, le pilote français de 55 ans, exfiltré de ce petit pays des Caraïbes , se montre énigmatique sur son retour rocambolesque en France le week-end dernier.

«Des gens se sont impliqués pour nous aider. Le voyage a été éprouvant», consent-il à dire, évoquant «plusieurs jours de traversée ». C’est par bateau puis par avion , via l’ île de Saint-Martin , que Pascal Fauret et son copilote Bruno Odos , 56 ans, ont fui pour regagner la France, selon une source proche du dossier.

«Il n’y avait rien dans le dossier. On attendait la décision du tribunal comme une délivrance », confie-t-il. Mais le 14 août 2015 , ils sont condamnés à 20 ans de prison, laissés en liberté surveillée dans l’attente de leur appel . «C’est tombé comme un coup de massue», relève l’ancien pilote de l’ aéronavale reconverti dans l’aviation d’ affaires.

«A partir de là, j’ai compris que tout avait été joué d’ avance. Aujourd’hui , je ne suis pas en fuite. Je souhaite juste pouvoir m’exprimer en toute sérénité devant la justice française», ajoute-t-il, «soulagé d’avoir quitté ce cauchemar».

Dans la nuit du 19 au 20 mars 2013, la police dominicaine, renseignée notamment par les États-Unis , saisit 26 valises contenant 680 kilos de cocaïne à bord d’un Falcon 50 sur le tarmac de l’ aéroport de Punta Cana (est de la République dominicaine ). Parmi les personnes arrêtées, quatre Français, dont Pascal Fauret. «L’assaut sur l’avion n’a pas duré longtemps. On a basculé en quelques instants dans quelque chose de totalement surréaliste», raconte-t-il.

 

- «Pas un vol de copains» -

 

Et d’évoquer, «les 15 jours de cachot, entassés dans une cellule de 25 mètres carrés , pratiquement sans lumière, avec une quarantaine de détenus ramassés dans la rue pour trafic de drogue». «Bruno Odos tenait un journal de bord ; pour moi les journées étaient complètement vides. Je lisais beaucoup , mais j’avais l’ impression de m’enfoncer de jour en jour dans un marécage».

Après quinze mois de détention provisoire, les Français seront relâchés dans l’attente de leur procès. Une fois condamnés, ils ont interdiction de quitter l’île.

«L’opération (d’exfiltration, ndlr) a été menée pour nous deux . Nous n’étions pas en contact avec les deux autres Français», Nicolas Pisapia et Alain Castany, deux passagers de l’avion toujours en République dominicaine, explique Pascal Fauret.

De toutes façons, «nous n’étions pas mariés , ce n’était pas un vol de copains. A un moment donné, chacun suit sa route , j’ai géré ma vie à moi», estime-t-il. Des voix se sont élevées, jugeant que la fuite des deux pilotes pourrait gravement nuire à l’ avenir judiciaire de Nicolas Pisapia et Alain Castany.

Désormais, Pascal Fauret souhaite que cette affaire «qui a pris toute (sa) vie» se termine. «Il reste encore beaucoup d’ épreuves à venir », conclut-il, espérant être entendu prochainement par le juge d’instruction marseillais chargé de l’ enquête française.

AFP