• Alain Juppé fait profil bas en Égypte

    Alain Juppé fait profil bas en Égypte

    Alain Juppé s'est rendu dimanche sur la place Tahrir, au Caire, lieu symboliquede la révolution égyptienne.
    Alain Juppé s'est rendu dimanche sur la place Tahrir, au Caire, lieu symboliquede la révolution égyptienne. Crédits photo : KHALED DESOUKI/AFP

    Le ministre des Affaires étrangères s'est entretenu au Caire avec des Frères musulmans. Il assure que la France n'a pas à s'ingérer dans la transition post-Moubarak.

    Une dizaine de jeunes de la Coordination de la révolution du 25 janvier, laïcs et islamistes, qui exposent leurs attentes et leurs espoirs; un ministre qui écoute et promet de «poursuivre le dialogue politique, notamment avec l'islam». Alain Juppé s'est livré à un exercice de style inhabituel et délicat, dimanche, dans un café près de la place Tahrir, symbole de la révolution égyptienne. Première mission pour le chef de la diplomatie française: tourner la page des relations «privilégiées» entre la France et l'Égypte de Hosni Moubarak, illustrées, par exemple, par la coprésidence de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Ces relations, les jeunes n'ont pas manqué de les stigmatiser. D'autant que Michèle Alliot-Marie saluait encore, trois jours avant la révolution, les «caractéristiques de démocratie et de tolérance» de l'État égyptien…

    Aujourd'hui, la France fait donc profil bas. «C'est aux seuls Égyptiens de définir les contours du système démocratique qu'ils souhaitent. La France n'a pas l'intention de s'y immiscer», a insisté Alain Juppé. «Le message qu'on fait passer, c'est ni ingérence ni indifférence», résume-t-on dans l'entourage du ministre.

    Dans la délégation de jeunes révolutionnaires, quatre membres des Frères musulmans. La c

    Le ministre des Affaires étrangères s'est entretenu au Caire avec des Frères musulmans. Il assure que la France n'a pas à s'ingérer dans la transition post-Moubarak.

    onfrérie islamiste interdite espère se constituer en parti politique. Brandie comme un épouvantail par le régime Moubarak, elle se dit prête à jouer le jeu de la démocratie. «Tout ce qu'on demande à la France, c'est de ne plus être stigmatisés et présentés comme des terroristes», souligne Islam Lotfy. «Plusieurs de ces jeunes (Frères musulmans) m'ont fait part de leur vision d'un islam libéral et respectueux des règles démocratiques», a commenté Alain Juppé, estimant que «la présentation qui est parfois faite de ce mouvement mérite sans doute d'être révisée». Avant d'ajouter: «Nous nous sommes peut-être laissé intoxiquer quand on nous disait ces dernières années: “Les régimes autoritaires sont le seul rempart contre l'extrémisme.”» Mais la France est aussi «l'objet de menaces de la part de mouvements islamistes radicaux… Qu'est-ce que le concept de laïcité, et comment fonctionne-t-il avec l'islam? Ce sont des problèmes pour la société française.»

     

    Aide économique

    Le chef de la diplomatie française en a eu une piqûre de rappel au cours d'une brève mais symbolique visite sur la place Tahrir. Il y a été accueilli aux cris de «Allahou akbar» par un groupe de salafistes. «Nous n'avons pas une vision idyllique», précise un de ses conseillers. «Nous faisons le pari de la démocratie, mais nous savons qu'il peut en sortir le meilleur comme le pire.» Pour faire en sorte que ce soit le meilleur, Alain Juppé a promis de soutenir la nouvelle Égypte «dans cette phase difficile de son histoire», notamment pour «contribuer à sa stabilité économique (…), seule façon de maîtriser les flux migratoires». Une piste est de faire passer l'enveloppe de l'Agence française de développement de 150 à 250 millions d'euros par an pour aider les petites et moyennes entreprises. Une autre, chère à Nicolas Sarkozy, de «refonder» l'Union pour la Méditerranée (UPM).

    Après sa rencontre avec les jeunes, Alain Juppé s'est entretenu avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et avec le maréchal Mohammed Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées au pouvoir. Deux hommes avec lesquels il a aussi évoqué le dossier libyen. «C'est notre principal sujet de préoccupation», a reconnu le chef de la diplomatie, appelant une nouvelle fois au départ d'un «régime discrédité».


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