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Alep, Bosra, Palmyre : le patrimoine culturel syrien en danger
Dernière modification : 25/07/2012- Armée syrienne libre - Bachar al-Assad - Syrie
Alep, Bosra, Palmyre : le patrimoine culturel syrien en danger
Alors que la Syrie n’en finit plus de compter ses morts, la situation du riche patrimoine archéologique du pays suscite de vives inquiétudes. La vieille ville d’Alep, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, est ainsi particulièrement menacée.
Par Amara MAKHOUL-YATIM (texte)La Syrie n’a de cesse de compter ses morts, dont le nombre s’accroît dramatiquement chaque jour. Mais au-delà des pertes humaines, le patrimoine historique exceptionnel du pays, menacé par le conflit, suscite également des inquiétudes. Car en Syrie, se trouvent les fameuses ruines de Palmyre, une prestigieuse cité antique où vécut la reine Zénobie au troisième siècle, ou encore Bosra, ancienne capitale de la province romaine d’Arabie, célèbre pour son théâtre remarquablement conservé. Ces lieux chargés d'histoire attiraient les touristes du monde entier. Ils sont aujourd'hui en proie à des combats.
Des voix se sont élevées dès le début du conflit pour dénoncer les risques pesant sur ces sites d’une grande valeur historique et sur la nécessité de les protéger. En mars dernier, la dégradation de la situation forçait la directrice générale de l’Unesco Irina Bokova à exprimer son inquiétude dans un communiqué, dans lequel elle appelait à la préservation du patrimoine syrien.
En tout, le pays compte six sites parmi les 745 inscrits à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Parmi eux, la vieille ville d’Alep, dédales de rues étroites et pavées ornées ça et là de gravures et inscription d’époques, où des combats font rage depuis mardi. Joint mercredi par FRANCE 24, un habitant de la ville ayant requis l’anonymat a fait état du bombardement par des hélicoptères des portes de cette vieille ville.
Des sites lourdement endommagésOutre Alep, trois sites ont déjà essuyé des tirs ou des bombardements, selon un rapport publié par le Global Heritage Fund en mai dernier. Il s’agit des villages antiques du nord de la Syrie, de l’ancienne ville romaine de Bosra située dans la région montagneuse du Djebel, dans le sud, ainsi que du célèbre Crac des Chevaliers, forteresse médiévale de la province de Homs.
Archéologue, chercheuse au CNRS et à l’Institut français du Proche-Orient, Mathilde Gelin suit de près l’état de ces sites. Elle a elle-même travaillé à la restauration de la citadelle de Madiq située, près des ruines antiques d’Apamée dans la province de Hama, aujourd’hui gravement endommagée. Elle évoque "une situation catastrophique dans certains endroits".
La chercheuse distingue deux situations différentes : les sites archéologiques entourée de villages habités, comme les villages du nord de la Syrie et la citadelle de Madiq, "où les habitants peuvent être visés par des tirs et des bombardements", et les sites non habités comme Palmyre, site le plus visité de Syrie, ou le Crac des Chevaliers, forteresse héritée des Croisades.
Palmyre aurait été le théâtre de tirs. Quant au Crac des Chevaliers, il serait, selon des témoins, occupé par des rebelles. "Les opposants s’y sont réfugiés peut-être dans un premier temps pour rechercher la sécurité pensant l’armée ne viserait pas de tels lieux, avance Mathilde Gelin. Puis ils ont remarqué qu’ils pourraient jouir là-bas d’une attention internationale".
C’est ainsi que, sur les remparts du Crac ou encore d’un temple à Bosra, pendent des draps ornés de slogans favorables à la rébellion (voir la photo en tête de l’article).
Face aux pillages et aux destructions, quelle solution ?En plus des destructions dues aux combats, les organisations de défense de l’héritage culturel syrien craignent les pillages d’œuvres d’art, comme ce fut le cas en Irak en 2003 ou en Egypte l’année dernière. Plusieurs musées ont d’ores et déjà rapporté des vols, à Homs notamment où la situation est particulièrement chaotique depuis plusieurs mois. L’organisation internationale de police Interpol a par ailleurs été informée du vol d’une mosaïque antique de grande valeur au musée qui jouxte les ruines d’Apamée, dans le nord-ouest.
Aujourd’hui sur les sites archéologiques, l’heure est moins à la prévention qu’à l’anticipation des mesures de restauration à prendre à la fin du conflit. "Tout dépend des dégâts et du matériau de construction, explique Mathilde Guelin. Une fois détruits, certains artefacts construits en terre cuite - comme c’est beaucoup le cas en Syrie - ou les fresques sont à jamais perdues", déplore-t-elle. Les édifices en pierre pourraient, en revanche, éventuellement être reconstruits. "Encore faut-il que les pierres tombée des vieilles villes ou des citadelles ne soient pas déblayées comme des gravats", explique-t-elle.La restauration, si elle s’avère possible, prendra des années.
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