• Allocations familiales : les 7 000 associations de l'UNAF, puissant lobby

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    Allocations familiales : les 7 000 associations

    de l'UNAF,

    puissant lobby

    LE MONDE | <time datetime="2013-04-08T11:45:27+02:00" itemprop="datePublished">08.04.2013 à 11h45</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-04-09T14:57:52+02:00" itemprop="dateModified">09.04.2013 à 14h57</time>

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    La mission de Bertrand Fragonard touche à sa fin. Il y a deux mois et demi, le président du Haut Conseil de la famille a été chargé par Jean-Marc Ayrault de formuler des propositions pour combler le déficit de la branche famille. Mardi 9 avril, ce spécialiste des politiques sociales a remis un rapport très attendu, précédé de débats intenses, en particulier avec le principal interlocuteur des pouvoirs publics : l'Union nationale des associations familiales (UNAF). Cette organisation a peu d'équivalents en Europe : elle constitue un puissant groupe d'intérêt et remplit en parallèle des missions de service public.

    Lire notre compte rendu du détonant rapport Fragonard sur les allocations familiales

    "Elle a un pouvoir de prescription fort, témoigne-t-on dans l'entourage d'un ministre. Ce n'est pas un mouvement qui met les gens dans la rue, mais c'est l'association la plus importante, la plus structurée et la plus active. Il faut être attentif aux positions qu'elle exprime, on ne peut pas passer outre."

    Signe que l'UNAF est un interlocuteur de poids, c'est à son président, François Fondard, reçu à l'Elysée le 25 janvier, que François Hollande a annoncé que le gouvernement souhaitait des états généraux sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes. Autre exemple récent de la capacité de persuasion de l'UNAF, celle-ci s'est opposée au projet du gouvernement de raccourcir le congé parental en soulignant le manque de places pour accueillir les enfants : l'idée a finalement été abandonnée.

    <figure class="illustration_haut"> François Fondard, le président de l'Union nationale des associations familiales (UNAF), le 25 janvier à l'Elysée, après une rencontre avec François Hollande. </figure>

    UN RÉSEAU ET DE NOMBREUX SERVICES

    L'UNAF a été créée par une ordonnance du 3 mars 1945. L'objectif était d'organiser le dialogue avec les associations "nées autour de la cause familiale à partir de la fin du XIXe siècle, sous l'influence du christianisme social et de la préoccupation nataliste", explique Jérôme Minonzio, chercheur associé à l'Ifross-Université Lyon III.

    Sur le territoire, l'UNAF a tissé un réseau d'unions départementales (UDAF), qui développent de nombreux services. Elles s'occupent notamment de la tutelle de personnes majeures et de prestations sociales. Les ressources du mouvement proviennent principalement d'une dotation versée par la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF) et par la Mutualité sociale agricole (MSA) – environ 25 millions d'euros par an au total.

    A l'heure actuelle, l'UNAF regroupe un peu plus de 7 000 associations et compte environ 715 000 familles adhérentes, d'après M. Fondard. La loi lui donne un "monopole de représentation des intérêts des familles", observe Michel Chauvière, directeur de recherche au CNRS.

    Au sein de l'UNAF coexistent des associations aux sensibilités diverses – voire antagonistes. Quand elle ne parvient pas à arrêter une position commune sur un sujet donné, son conseil d'administration exprime l'avis partagé par la majorité de ses membres. Exemple : l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels, qu'elle désapprouve.

    OPINIONS CONSERVATRICES

    Sur les questions de société, les opinions conservatrices prennent souvent le dessus. "La gauche et ceux qui sont partisans de l'évolution des mœurs sont sous-représentés", estime Bernard Teper, de l'Union des familles laïques (UFAL) – l'une des composantes de l'UNAF. Cette critique n'est pas nouvelle : dans les années 1950, rappelle M. Minonzio, des organisations progressistes avaient contesté l'UNAF en lui reprochant sa frilosité idéologique (par exemple sur le travail des femmes).

    Depuis plusieurs années, des associations de parents homosexuels souhaiteraient faire leur entrée dans l'union. "Elle est censée représenter toutes les familles de France, plaide Marie-Claude Picardat, présidente de l'Association des parents gays et lesbiens (APGL). Ils reçoivent des subsides que toutes les familles paient." Mais malgré de nombreuses candidatures, l'UNAF a toujours refusé d'intégrer ces associations, pour des motifs juridiques. "C'est de la discrimination, on l'a bien vu à l'occasion du débat sur le mariage, la famille qu'ils défendent, c'est la leur, pas la nôtre", dit Alexandre Urwicz, président de l'Association des familles homoparentales.

    M. Fondard assure cependant que l'UNAF n'a pas d'opposition de principe aux associations de parents homosexuels : si leur statut est conforme à la réglementation, elles pourront rejoindre le mouvement, affirme-t-il.

    LES PRESTATIONS FAMILIALES, "UN FERMENT D'UNITÉ IMPORTANT"

    Il reste que l'UNAF est régulièrement attaquée sur son manque de représentativité. La Cour des comptes, dans un rapport remis en 2005, lui avait fait ce grief, considérant notamment que les zones rurales bénéficiaient d'une place disproportionnée par rapport aux zones urbaines. "C'est un mauvais procès", objecte M. Fondard. Il fait valoir que les associations du mouvement reflètent la diversité sociologique des familles.

    C'est en portant des valeurs fédératrices que l'UNAF, coalition de forces hétéroclites, parvient à les maintenir sous un même toit. L'universalité des prestations familiales, qu'elle défend bec et ongles, "est un ferment d'unité très important", souligne M. Minonzio. Ce principe risque d'être écorné par M. Fragonard : son rapport milite pour une modulation des allocations familiales en fonction des revenus.

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