• Amandine, premier bébé éprouvette en France, fête ses 30 ans

    Amandine, premier bébé éprouvette en France, fête ses 30 ans

    Créé le 20-02-2012 à 12h41 - Mis à jour à 17h22      

     

    René Frydman, ancien chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Antoine Béclère à Clamart (Hauts-de-Seine), à l'origine d'une série de "premières" en France, se souvient de ce moment de "bonheur" et du chemin qui a conduit à sa conception.
(c) Afp

    René Frydman, ancien chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Antoine Béclère à Clamart (Hauts-de-Seine), à l'origine d'une série de "premières" en France, se souvient de ce moment de "bonheur" et du chemin qui a conduit à sa conception. (c) Afp

    Le 24 février 1982, naissait Amandine, premier bébé-éprouvette français, moins de quatre ans après Louise Brown, premier bébé au monde né grâce à la fécondation in vitro, une technique qui a bénéficié depuis à environ 20.000 Françaises.

    René Frydman, ancien chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Antoine Béclère à Clamart (Hauts-de-Seine), à l'origine d'une série de "premières" en France, se souvient de ce moment de "bonheur" et du chemin qui a conduit à sa conception.

    Une aventure qu'il a menée avec le biologiste Jacques Testart venu rejoindre l'équipe de Clamart.

    Quand "vous voyiez les premiers embryons au microscope, c'était formidable. A chaque étape, il y avait quelque chose qui vous tenait en haleine, chaque étape était une victoire", dit-il. C'était artisanal à l'époque. "Il nous a fallu deux ans pour voir l'ovocyte, et quatre pour réussir". "La naissance d'Amandine s'est faite en cycle naturel sans traitement de stimulation hormonale de la mère, comme on continue à la faire parfois", poursuit-il.

    "A l'heure actuelle, si on devait refaire Amandine, on ne pourrait pas à cause du carcan administratif", s'exclame Violaine Kerbrat, sage-femme, une des quatre personnes présentes à l'accouchement d'Annie, la mère d'Amandine.

    Face à la frénésie médiatique - photographes sur les toits, intrusion de journalistes "déguisés en personnel hospitalier" -, une stratégie avait été élaborée pour protéger l'anonymat de la mère. "J'avais inscrit sur le tableau : Madame X, césarienne le 28 février, pour brouiller les pistes", se rappelle le Pr Frydman. "La mère était censée être ma cousine. Donc, quoi de plus normal que la chef sage-femme et le Pr Frydman passent la voir" en salle des naissances, raconte Mme Kerbrat. "Je ne pouvais pas faire venir Testart à l'accouchement, sinon tout le monde aurait su", indique Frydman.

    La naissance, finalement sans césarienne, s'est passée dans la "douceur"; "il y avait un aspect magique", reconnaît Mme Kerbrat.

    "On a rusé pour la sortie incognito d'Amandine et sa maman. Je portais le bébé, et, avec sa mère en robe de chambre, nous avons rejoint l'ambulance par des couloirs du sous-sol, sans que personne s'en aperçoive", se rappelle-t-elle.

    A 68 ans, le Pr Frydman ne décroche pas. "Je vais continuer - faire de la recherche", lance ce médecin engagé dans la cause des femmes, qui déplore la situation en France sur la recherche sur l'embryon, interdite sauf dans certains cas par dérogation. Il dénonce le "maquis de précautions sur le plan législatif qui contribue au retard français". Pour lui, il ne s'agit pas de faire n'importe quoi, mais il reste tant de choses à explorer, pour savoir par exemple pourquoi un embryon humain se développe normalement ou pas. D'où un projet de Fondation.

    On doit à son équipe les premières naissances après congélation d'embryon en 1986, après diagnostic préimplantatoire (DPI) en 2000, après maturation in vitro en 2003, après congélation d'ovules en 2010. Le Pr Frydman regrettait alors d'avoir dû recourir à une technique moins performante que la congélation ultra rapide (la vitrification) utilisée à l'étranger "au prétexte que toute innovation est assimilée à de la recherche sur l'embryon".

    Enfin en janvier 2011, naissait à Clamart pour la première fois en France un "bébé du double espoir", dont le sang du cordon ombilical a permis de faire une greffe de moelle à sa soeur malade.

    Amandine, elle, est tout ce qu'il y a de plus normal : "j'ai les mêmes défauts, qualités, questionnements que chacun. tout va bien. Ca a forcément influencé mes parents, ça leur a rendu service, mais moi ca n'aura aucunement influencé ma vie", a-t-elle confié à France2.


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