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Attaque du Splendid Hôtel: retour sur une terrible nuit à Ouagadougou
<article> <header class="wrapper">Attaque du Splendid Hôtel:
retour
sur une terrible nuit à Ouagadougou
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© AHMED OUOBA / AFP</figcaption> </figure>L'assaut, donné par les forces spéciales au Splendid Hôtel et au restaurant Le Capuccino attaqués par des hommes armés depuis vendredi soir, est terminé. Une opération de sécurisation est en revanche toujours en cours dans un second hôtel. Le premier bilan fourni par des témoignages recueillis par le directeur du principal hôpital fait pour le moment état d'au moins « une vingtaine de morts ». Les attaques ont été revendiquées par Aqmi.
Le ministère de l’Intérieur a donc annoncé, ce samedi 16 janvier dans la matinée, la fin de l'assaut au Splendid Hôtel, l'un des principaux établissements de Ouagadougou, la capitale burkinabè. Au même moment, l’opération s’est également terminée au café-restaurant Le Cappuccino, situé en face de l'hôtel et lui aussi ciblé par les tireurs. Le président Kaboré s'est déplacé, ce samedi, à l'hôtel Splendid, principal théâtre de l'assaut jihadiste.
C'est sur la terrasse de ce dernier qu'ont été retrouvés une dizaine de corps par les sapeurs-pompiers. Il s'agit là du premier bilan officiel fourni par les autorités burkinabè. Il n'y a pour le moment pas de chiffre concernant l'hôtel, mais selon des témoignages recueillis par le directeur du principal hôpital de Ouagadougou, il y aurait au moins « une vingtaine de morts ».
Des opérations se poursuivent en revanche dans un hôtel voisin, le Yibi, a affirmé le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré.
Pour l'heure, 126 personnes ont été libérées et 33 blessés ont été évacués selon le ministère de l’Intérieur. Il a également confirmé la mort de trois jihadistes, tués au cours des opérations.
Vendredi soir, à 19h30 TU, des tirs multiples et des détonations retentissent. Des véhicules garés devant l'établissement explosent et plusieurs hommes cagoulés, arrivés à bord de 4X4, font irruption dans l'hôtel, situé sur l'avenue Kwame Nkruma.
Le groupe al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l'attaque, selon SITE, le centre américain de surveillance des sites islamistes.
Un Conseil des ministres extraordinaire aura lieu ce samedi matin avec le président Roch Marc Christian Kaboré.
L'assaut a duré plus de sept heures
Les assaillants, dont on ignore toujours le nombre exact - 3 ou 4 selon des témoins - s'étaient retranchés dans l'hôtel avec des otages. « Le quartier est bouclé et les dispositions sont prises pour lancer l'assaut et libérer les otages », expliquait vers 22h TU Alpha Barry, le ministre des Affaires étrangères burkinabè.
L'assaut a finalement été donné aux alentours d'1h30 (heure locale et TU). La nuit et la configuration du quartier, en construction, ont rendu difficile une intervention rapide, les forces de sécurité avançant lentement vers l'hôtel.
<figure class="bd">#Burkina - attaque hotel Ouagadougou. Assaut lancé par forces Burkinabè et forces spéciales françaises venues de Gao au Mali
— Alpha Barry (@AlphaBarry20) 16 Janvier 2016« L'assaut a commencé », avait également indiqué l'ambassadeur de France, Gilles Thibault, sur Twitter. « Les différentes composantes des forces armées et de sécurité se sont réparti les missions », a-t-il affirmé.
Des forces spéciales françaises sont stationnées en banlieue de Ouagadougou dans le cadre de la lutte antijihadiste dans le Sahel. Les Etats-Unis, qui disposent également de 75 militaires dans le pays, ont indiqué apporter un soutien aux forces françaises autour de l'hôtel.
L'ambassade de France a mis en place une cellule de crise pour ses 3 500 ressortissants qui vivent dans le pays. Le président François Hollande a dénoncé une « odieuse et lâche attaque », confirmant par ailleurs le soutien des forces françaises aux forces burkinabè.
<figure class="bd">Attaque terroriste avenue N'Krumah. Évitez ce périmètre. Cellule de crise de l'Ambassade : 25 49 66 20 #Burkina
— Gilles Thibault (@G_Thibault_Fr) 15 Janvier 2016J'ai vu trois ou quatre individus cagoulés et armés qui se sont introduits dans l'hôtel et après ça s'est mis à tirer, et les gens ont commencé à crier et à fuirTémoignageFréquenté par des Occidentaux
Concernant le déroulé de l'attaque, selon un journaliste joint sur place par RFI, deux véhicules ont explosé devant l'hôtel, à 19h30 TU. Il dit avoir vu deux pick-up prendre feu. Ces deux explosions ont ensuite enflammé une dizaine d'autres véhicules, selon l'AFP.
Le Splendid Hôtel est l'un des principaux hôtels du centre de Ouagadougou, prisé par les Occidentaux et le personnel des agences onusiennes. L'aéroport est tout proche. Des séminaires y ont régulièrement lieu.
On ne sait pas combien de clients et de membres du personnels se trouvaient à l'intérieur au moment de l'attaque.
Qui sont les assaillants ?
Selon les premières informations, trois ou quatre hommes armés et encagoulés se sont ensuite engoufrés dans l'établissement.
Le groupe jihadiste al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l'attaque, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes. Selon SITE, Aqmi a posté un message sur la messagerie Telegram, attribuant l'attaque au groupe islamiste al-Mourabitoune qui a récemment rejoint ses rangs.
Alpha Barryrécemment rejoint ses rangs.
Le restaurant Cappuccino également visé
Outre le Splendid Hôtel, un café-restaurant situé juste en face et également fréquenté par une clientèle étrangère, le Cappuccino, a également été la cible des tireurs. Un employé du restaurant, cité par l'AFP, évoque « plusieurs morts ». Le ministre burkinabè de l'Intérieur fait état d'une dizaine de corps retrouvés sur la terrasse du restaurant.
<figure class="bd"> <figcaption>Caché derrière un mur, un soldat burkinabè inspecte les environs de l'hôtel attaqué par un commando jihadiste le vendredi 15 janvier à Ouagadougou. © REUTERS/Stringer</figcaption> </figure>Le Burkina jusque là épargné
Cette attaque est inédite dans la capitale burkinabè, même si le pays, membre du G5 Sahel consacré notamment à la lutte antiterroriste et « point d'appui permanent » de l'opération française Barkhane, a déjà été la cible d'opérations jihadistes.
Elle survient plus de deux mois après un assaut de jihadistes contre l'hôtel Radisson de Bamako, le 20 novembre, au Mali. La prise d'otage avait fait au moins 21 morts, dont deux assaillants. Elle avait été revendiquée par deux groupes jihadistes : al-Mourabitoune de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar et le Front de Libération du Macina. Pendant plusieurs heures, les assaillants avaient retenu en otage quelque 150 clients et employés. Les forces maliennes, appuyées par des forces spéciales françaises et américaines et des agents de l'ONU avaient réussi à exfiltrer 133 personnes.
Cette attaque survient dans un contexte que certains habitants décrivent comme étant pourtant calme. Depuis la mise en place du nouveau gouvernement, la vie reprenait son cours, comme l'explique cette résidente française.
Tout le monde reprenait son train de vie quotidien, on recommençait à apprécier les lieux de vie nocturnes, que ce soit les maquis, les restaurants, les salles de spectacle, les théâtres etc. Et c'est vrai que là je suis meurtrie dans mon corps.Témoignage d'une résidente française à OuagadougouUne attaque à la frontière malienne
Par ailleurs, un communiqué de l'armée burkinabè a indiqué qu'une attaque contre un convoi de gendarmerie avait fait deux morts plus tôt vendredi après-midi, dans le nord à la frontière avec le Mali.
<figure class="bd"> <figcaption>Le Splendid Hôtel à Ouagadougou est fréquenté par les Occidentaux et les personnels onusiens. </figcaption></figure><figure class="bd"><figcaption></figcaption><figcaption>© By Zenman via Wikimedia Commons</figcaption> </figure>
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