C'est le résultat du vaste coup de filet organisé en région parisienne dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. Le parquet de Paris a requis mardi la mise en examen de quatre individus dans l'enquête sur les complicités dont aurait pu bénéficier Amedy Coulibaly, l'un des trois auteurs des attentats qui ont fait 17 morts début janvier. Le ministère public a ouvert, par ailleurs, une information judiciaire pour assassinats et tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste, transport d'armes et financement du terrorisme, notamment, précise le procureur dans un communiqué.
Les quatre hommes âgés de 22 à 28 ans et placés en garde à vue depuis vendredi matin à l'issue d'un coup de filet qui avait permis l'arrestation de douze personnes, seront présentés dans la journée à des magistrats instructeurs en vue de leur mise en examen. Ils sont soupçonnés d'avoir apporté un «soutien logistique» à Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre juifs, apprend-on de source judiciaire. Le procureur a requis leur mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteintes aux personnes et pour détention d'armes en relation avec une entreprise terroriste pour l'un d'eux. Le parquet a demandé le placement des quatre individus en détention provisoire.
Dès le début de l'enquête, les autorités sont rapidement arrivées à la conclusion qu'Amedy Coulibaly tout comme les frères Kouachi avaient bénéficié de complicités directes ou indirectes. Qui leur a en effet fourni des armes, et avec quel degré de connaissance de leur projet? Lors de la prise d'otage à la Porte de Vincennes, Amedy Coulibaly était muni de deux pistolets Tokarev, de deux Kalachnikov et de bâtons d'explosif. Mais les enquêteurs ont aussi découvert, dans sa possible «planque» à Gentilly (Val-de-Marne) un véritable arsenal: quatre autres pistolets Tokarev, un revolver, des munitions, des téléphones, des bombes lacrymogènes, un gyrophare, un gilet tactique, des jumelles.
De nombreuses autres questions se posent. Qui a mis en ligne une vidéo posthume de Coulibaly où lui sont attribuées ces attaques? Par qui un joggeur a-t-il été grièvement blessé à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) au premier soir des tueries?
ADN et écoutes téléphoniques
Au total, huit hommes et quatre femmes parmi leurs compagnes, âgés de 19 à 47 ans, avaient été interpellés en fin de semaine dernière à Montrouge et Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), Grigny et Fleury-Mérogis (Essonne) ou encore Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Selon le Parquet, les gardes à vue de trois femmes avaient été levées samedi. Cinq autres personnes «ont quant à elles été laissées libres dans la nuit». Vendredi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait évoqué des personnes «connues des services de police pour des faits de droit commun».
Selon une autre source policière, les enquêteurs ont effectué ces derniers jours de nombreuses filatures de personnes repérées à partir d'éléments ADN et d'écoutes téléphoniques dans l'entourage présumé des frères Kouachi et surtout d'Amedy Coulibaly. Des empreintes papillaires ont été retrouvées dans la Mégane qui aurait été utilisée par Coulibaly pour se rendre au supermarché kasher, selon une source proche du dossier. Les clés de ce véhicule avaient été retrouvées sur le corps du tueur, de même que celles d'une moto Suzuki.