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Ayrault propose d'édifier « un nouveau modèle français »
FRANCE
Ayrault propose d'édifier « un nouveau modèle français »
Critiqué depuis fin août, affaibli par son impair du début de la semaine, le Premier ministre a été longuement applaudi ce samedi au congrès du PS à Toulouse. Il a revendiqué sa méthode, lancé la contre-attaque face à la droite, et cherché à calmer les inquiétudes des Français en donnant un objectif à l'action gouvernementale.
A chacune de ses entrées dans la salle du congrès du PS à Toulouse, Jean-Marc Ayrault a été longuement applaudi par les militants. Entre la série de couacs gouvernementaux, la contestation de son autorité et son impair du début de semaine sur l'annulation de la loi Logement, Jean-Marc Ayrault avait besoin du soutien de la base. Et à Toulouse tout a été organisé pour qu'il l'obtienne. Pas un ministre, pas un dirigeant du PS n'a oublié de lui signifier son soutien à la tribune, au risque d'en faire un peu trop.
Jean-Marc Ayrault n'en était que plus attendu. Comme à son habitude, il a « assumé » et « revendiqué » sa méthode malgré les critiques. Mais cette fois, il a su donner « un sens » -« la justice » -et un horizon à l'action gouvernementale : la construction d'un « nouveau modèle français ».
Alors que nombre de socialistes estiment avoir, ces derniers mois, perdu la bataille de communication face à l'opposition, le chef du gouvernement a voulu lancer la contre-attaque. Chiffres à l'appui, il a fustigé le bilan de la droite : « 3 millions de chômeurs », « dette abyssale », « déficit commercial de 70 milliards »... Puis, comme d'autres orateurs avant lui, il s'est appuyé sur « l'aveu accablant » de François Fillon, jeudi sur France 2, selon lequel le gouvernement précédent a « volontairement retardé le plan social de PSA » : « Quel cynisme, quel mépris du peuple et du monde du travail », a-t-il lancé sous les applaudissements.
Il a également cherché à réhabiliter aux yeux des Français, les décisions prises dans la cadre du budget 2013, « un budget de combat contre le crise ». Conscient que « l'effort demandé aux Français est considérable », il a voulu convaincre qu'il est « équitablement réparti ».Et surtout que cet effort « est indispensable pour préserver notre souveraineté ». « Si nous laissons encore filer la dette alors ce seront les agences de notation et les marchés financiers qui dicteront notre politique. Je ne le veux pas pour mon pays », a-t-il lancé. Le message s'adressait à l'aile gauche du PS et, au-delà, à tous les socialistes qui doutent ouvertement de l'opportunité de maintenir l'objectif de réduction des déficits à 3% du PIB.
Alors que les impatiences sont grandes sur le rythme des réformes, le chef du gouvernement s'est attaché à prouver que son choix de laisser du temps au dialogue social peut porter ses fruits. « J'assume qu'il ait fallu plusieurs mois pour parvenir à un accord historique sur les dépassements d'honoraire ! J'assume le fait d'avoir pris le temps de la négociation pour le contrat de génération et je me félicite qu'elle vienne de se conclure », a-t-il souligné. Et d'expliciter encore : « les réformes structurelles que nous allons engager ne peuvent se faire à la hache (...). L'heure est trop grave pour que nous ne cherchions pas en permanence la solidarité dans l'effort ».
Parce que l'effort passe mieux quand on lui donne un but, Jean-Marc Ayrault a donc tenté de « réenchanter » la politique de son gouvernement en se fixant pour objectif « l'édification d'un nouveau modèle français », qui « allie la solidarité et la performance », qui « permette de pérenniser ce que nous avons réussi et d'améliorer ce qui ne fonctionne plus ». Le contenu de ce nouveau modèle est, sans surprise, le programme présidentiel de François Hollande.
A part la confirmation que des « décisions seront prises » sur la compétitivité le 6 novembre prochain, le Premier ministre n'a pas fait d'annonce à Toulouse. Les socialistes attendaient surtout de lui un cap et un discours offensif. « C'est l'élément qui, manquait entre le programme gouvernemental et l'idéal du « rêve français » (promu par François Hollande pendant la campagne, ndlr) », s'est félicité le député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi.
Au passage, Jean-Marc Ayrault a consacré un paragraphe de son discours à un plaidoyer pro domo : « Je viens de cette France, la vôtre, cette France des territoires, cette France qui entreprend, cette France qui réalise, cette France qui parle peu mais qui travaille. Cette France qui ne se vante pas, mais qui a su s'imaginer un avenir ». Manière de se poser en représentant de la province victime des critiques d'une élite parisienne, façon de se dessiner un profil certes besogneux mais efficace.
Décidés à prouver qu'ils font bloc derrière le Premier ministre, les ténors du PS en ont fait des tonnes. « Je suis fier d'être ministre de Jean-Marc Ayrault ! Et il n'y aura pas de réussite individuelle sans réussite collective du gouvernement de Jean-Marc Ayrault », a lancé Manuel Valls, le ministre le plus populaire du gouvernement. « Les moralistes du XVIIIè siècle auraient qualifié Jean-Marc Ayrault d'honnête homme. « C'est un homme de gauche et il est droit », a commencé Martine Aubry, avant d'ajouter, comme emportée par sa tirade : « En politique, être de gauche et être droit, c'est pas souvent que cela arrive... ». Pas sur que tous les socialistes aient apprécié.
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