• Biberons et oxyde d'éthylène : la fin d'un scandale

    Biberons et oxyde d'éthylène : la fin d'un scandale

    Créé le 13-04-2012 à 17h58 - Mis à jour à 18h03      Réagir

    La Direction générale de la santé (DGS) a tranché : la stérilisation à l'oxyde d'éthylène des biberons à usage unique appartient au passé. Ou presque.

     

    Les biberons, nourettes et tétines stérilisés à l’oxyde d’éthylène, massivement distribués dans les établissements de santé pendant des décennies, ne pourrons plus être utilisés pour les nouveaux-nés nés à terme et ne souffrant d’aucune pathologie. Soit l’écrasante majorité. (PATRICK KOVARIK / AFP)

    Les biberons, nourettes et tétines stérilisés à l’oxyde d’éthylène, massivement distribués dans les établissements de santé pendant des décennies, ne pourrons plus être utilisés pour les nouveaux-nés nés à terme et ne souffrant d’aucune pathologie. Soit l’écrasante majorité. (PATRICK KOVARIK / AFP)


    A la suite des révélations du "Nouvel Observateur" en novembre dernier, la Direction générale de la santé (DGS) a tranché : les biberons, nourettes et tétines stérilisés à l’oxyde d’éthylène, massivement distribués dans les établissements de santé pendant des décennies, ne pourront plus être utilisés pour les nouveaux-nés nés à terme et ne souffrant d’aucune pathologie. Soit l’écrasante majorité.

    Une victoire, quand on sait que l’oxyde d’éthylène (OE) est une substance classée CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique), faisant partie du groupe 1 dans la classification du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

    Exception pour les prématurés et les immunodéprimés

    Ce mode de stérilisation reste toutefois, faute de mieux, utilisable pour les nouveau-nés pris en charge dans les services de néonatologie ainsi que pour les nourrissons "souffrant de pathologies graves avec un risque accru d’infection". La DGS estime en effet dans ses conclusions qu’il n’existe pas de processus de stérilisation alternatif suffisamment efficace. Elle explique :

    L’oxyde d’éthylène est la seule méthode de stérilisation actuellement disponible pour les matériaux utilisés pour la fabrication de biberons à usage unique, et pour obtenir des biberons dont l’asepsie soit suffisante pour des individus particulièrement fragiles vis à vis des risques infectieux"

    Encadrer très strictement l’utilisation de l’oxyde d’éthylène

    Cette utilisation est toutefois soumise à une condition : la mise en place avec les industriels de normes de désorption et de valeurs limites en quantité résiduelles d’oxyde d’éthylène, avant la libération et la livraison des lots aux établissements de santé.

    L’analyse de 85 ensembles "biberons et tétines" prélevés chez le fabricant et dans les établissements de santé ont en effet montré que les taux résiduels d’OE sont d’autant plus faibles que l’on s’éloigne de la date de stérilisation, c’est-à-dire d’une augmentation de la durée de désorption. Elles ont mis en évidence un écart notable entre les valeurs résiduelles en OE présentes dans les ensembles prélevés dans les établissements de santé, "indétectables" (à l’exception d’une tétine), et ceux prélevés chez les fabricants, "supérieurs aux normes (…) avant ou en sortie de chambre de désorption", indique l’Anses.

    Des conclusions prématurées ?

    "Les conclusions et mesures" de la DGS ont été rendues le vendredi 13 avril, à partir des rapports complémentaires du Haut conseil de santé publique (HSCP), de l’Agence française de sécurité sanitaire (Afssaps) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Elles ne visent en aucun cas à établir des responsabilités dans l’utilisation abusive, et reconnue comme telle, de la stérilisation à l’oxyde d’éthylène.

    La question des responsabilités est dévolue à la mission de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), dont le rapport devrait sortir dans une quinzaine de jours. On peut d’ailleurs s’étonner que la DGS n’ait pas choisi d’attendre cette publication pour dévoiler ses conclusions.

    Morgane Bertrand

     

    Par Morgane Bertrand
    Journaliste Société Planète

     

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