De notre envoyée spéciale à Venise
Très émue, n'arrivant pas à sourire mais parevnant encore très bien à raisonner, Camille Henrot, 34 ans et une blondeur toute médievale, a recu samedi son Lion d'argent pour la meilleure jeune artiste de la 55e Biennale de Venise comme une «intense surprise». Dans sa tunique de soie arlequin (hommage a Venise?), la Française a associé à sa recompense Joachim Bouaziz qui a conçu la bande-son irresistible de sa formidable vidéo qui met l'histoire du monde en pop-up et en loop. Son oeuvre s'appelle Grosse fatigue et joue de l'écran qui s'ouvre fenêtre après fenêtre pour raconter comment le monde fut créé du néant, puis peuplé d'une multitude multicolore, puis habité par l'homme observateur et admiratif. Puis enfin, menacé.
De jolies mains manucurées aux ongles verts, violets, rayés, depareillés, de plus en plus pop au gré de la folie du monde, ouvrent pour le spectateur ce livre virtuel de la Genèse contemporaine. Une voix met en musique lancinante et urbaine des dizaines de faits scientifiques. Le montage, hyper rythmé, puise en derviche tourneur dans les tiroirs des espèces embaumées du Natural History Museum de Washington (ce travail est le fruit d'un programme de recherches artistiques du Smithonian).
«Raconter l'evolution de l'univers en 13 minutes, ce fut très difficile. J'ai tendance à croire que la beauté des choses vient naturellement, facilement. Là, j'ai appris qu'elle peut également venir douloureusement, lentement», confie au Figaro la jeune Parisienne portée par la Galerie Kamel Mennour. Cette jeune est un mélange de cérébral et d'hypersensibilité qui a été exposée très tôt par l'Espace Culturel Louis Vuitton et confirmée lors de la Triennale au Palais de Tokyo. Elisa Larriere, la jeune productrice de Silex Films qui est derrière ce coup de coeur vénitien, est aussi une Parisienne du 12e arrondissement. Vive la France!
La Biennale de Venise (Giardini et Arsenal) se tient jusqu'au 24 novembrewww.labiennale.org