Aung San Suu Kyi et les nouveaux députés de sa Ligue nationale pour la démocratie (LND), élus triomphalement aux élections partielles du 1er avril, ont refusé de siéger ce lundi à la séance inaugurale du nouveau Parlement birman.
Ils ne voulaient en effet pas prêter le serment de "sauvegarder" la Constitution de 2008, passage obligé pour tout nouveau député avant de pouvoir exercer leur mandat.
Ce texte, conçu par l'ancienne junte et adopté par référendum une semaine après le passage du cyclone Nargis en 2008 (138.000 morts ou disparus), arroge des pouvoirs immenses aux militaires. Or la Prix Nobel de la paix 1991 a fait de son amendement une de ses priorités.
Premier signe de discorde
La décision d'Aung San Suu Kyi et de ses collègues de ne pas se rendre lundi à Naypyidaw, la capitale, est le premier signe de discorde entre l'opposition et le gouvernement depuis le scrutin historique d'avril. Largement salué dans le monde, il a encouragé l'Occident, l'UE en tête, à commencer à lever ses sanctions.
Réunis à Luxembourg, les ministres européens des Affaires étrangères ont ainsi suspendu pour un an leurs sanctions politiques et économiques, à l'exception de l'embargo sur les armes, "afin de saluer et d'encourager le processus de réformes". La LND a salué la suspension des sanctions européennes, jugeant la décision "importante pour l'économie" birmane. Pour maintenir la pression, l'UE pourra d'ailleurs revoir sa position à tout moment.
"Pas de revirement"
Le nouveau gouvernement qui a succédé à la junte en mars 2011 a notamment encouragé le retour d'Aung San Suu Kyi au coeur du jeu politique officiel, libéré des centaines de prisonniers politiques et entamé des discussions avec les groupes rebelles des minorités ethniques.
Et le président Thein Sein, en déplacement au Japon, a assuré lundi que le processus de démocratisation continuerait. Il n'y aura "pas de revirement", a-t-il déclaré aux journalistes, selon l'agence de presse japonaise Kyodo.